Ce record-là, on aurait voulu s'en passer. En ce mercredi 25 novembre, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la plateforme Stop Feminizid comptabilise 28 féminicides en 2025. Des femmes, filles, sœurs et amies tuées par des hommes de leur entourage.
Cela fait déjà depuis mi-septembre que le nombre atteint en 2024 est dépassé. Le collectif, qui tient un décompte depuis 2020 à partir de coupures de presse, n'en a jamais repéré autant. Le collectif Grève féministe Vaud, qui appelle à une large manifestation ce soir à Lausanne, parle d'un «triste record depuis de nombreuses années».
En Suisse romande, plusieurs de ces crimes ont marqué l'opinion publique et la presse. Ces neuf femmes et filles tuées doivent être plus que des nombres. Afin de les garder en mémoire, retour sur les 9 cas listés par Stop Feminizid – qui qualifie l'ensemble de ces morts de féminicides, quand bien même ce mot manque d'une portée juridique.
Vouvry (Valais), un 14 janvier
La mort considérée comme le «premier féminicide de l'année» a eu lieu un 14 janvier en Valais, dans la commune de Vouvry. Une femme de 30 ans est inconsciente à la suite d'une blessure à la tête. Son compagnon appelle les secours, mais elle décède à l'hôpital de Sion durant la nuit.
Le Ministère public ouvre une enquête et les soupçons se dirigent vers son petit ami, qui aujourd'hui encore est en détention provisoire. Sa mise en préventive a été confirmée fin octobre par un arrêt du Tribunal fédéral (TF), après un recours de l'homme, qui plaide son innocence malgré les «forts soupçons» qui pèsent sur lui. La décision du TF valide celle du Tribunal cantonal valaisan, qui voit un sérieux risque de fuite chez le prévenu, d'origine étrangère.
Les auditions de proches par la police révèlent que la jeune femme a rapporté plusieurs épisodes graves de violences conjugales à son encontre, notamment des coups à la tête. La justice estime donc qu'il y a des «raisons plausibles de soupçonner le recourant de s'en être pris, le 13 ou le 14 janvier 2025, à l'intégrité corporelle de la victime».
Bienne (Berne), un 16 janvier
Deux jours plus tard, un nouveau cas défraye la chronique. Une Suissesse de 32 ans est retrouvée morte dans son appartement de Bienne (BE). Elle «aurait été victime d'un homicide», selon la police bernoise. Elle ne répondait plus depuis deux jours.
Des militantes féministes se rassemblent quelques jours plus tard, sans connaître les circonstances exactes. «A notre sœur assassinée, nous nous battons pour toi», dit une pancarte. «A chaque fois, on nous dit: 'Ah, mais vous êtes sûres, c'est peut-être pas un féminicide', déplore une militante pour TeleBielingue quelques jours plus tard. Même quand on sait qu'elle a été tuée par son compagnon.»
L'enquête doit toujours clarifier le «déroulement des faits, l’auteur et les motifs de l’acte», relate alors le Ministère public régional du Jura bernois-Seeland. Plus aucune information à ce sujet n'est parue.
Epagny (Fribourg), un 10 avril
Entre janvier et avril, Stop Feminizid décompte dix féminicides ayant eu lieu en Suisse alémanique et au Tessin. Le 10 avril, un incendie éclate dans une maison du village d'Epagny (FR), près de Gruyères.
Une femme de 39 ans et un homme de 41 ans – tous deux d'origine kosovare et en procédure de divorce – sont retrouvés morts dans les décombres. Elle faisait le ménage chez les anciens patrons de son mari et a succombé à des tirs, dont l'auteur est son époux, a confirmé l'enquête de police.
Le déroulé des évènements est troublant. Incarcéré après une plainte de son épouse pour agressions physiques et sexuelles, l'homme venait de sortir de détention avec interdiction d'approcher son ex-compagne. Cet évènement soulève une colère légitime envers les autorités fribourgeoises, qui promettent de prendre des mesures.
Martigny-Croix (Valais), un 14 juin
Le 14 juin dernier, jour de grève féministe, une Suissesse de 50 ans est retrouvée morte à son domicile de Martigny-Croix. Son mari, lui, est grièvement blessé et un proche a alerté la police.
Le Ministère public ouvre une enquête pour déterminer les circonstances exactes de ce décès, mais ne donne pas plus d'informations. «La présomption d’innocence est rappelée jusqu’à ce qu’une condamnation définitive soit prononcée», communique la police cantonale.
«Tant qu’il n’est pas prouvé qu’il ne s’agissait pas d’un féminicide, nous partons du principe qu’il s’agissait d’un féminicide», commente le Réseau contre les féminicides à propos de ce cas, qu'il considère comme le 16e féminicide de Suisse de l'année. Ce renversement de la présomption s'ajoute à deux arguments qui montreraient, selon les militantes féministes, qu'il est possible de le considérer comme tel. «Un féminicide n’est pas toujours lié à une relation (passée)» et «il ne s'agit pas d'un cas au hasard», affirme le réseau.
Givisiez (Fribourg), un 5 juillet
Un nouveau féminicide, encore dans le canton de Fribourg. Le samedi 5 juillet, police et secours découvrent les corps sans vie de deux victimes: une femme macédonienne de 30 ans et son bébé de 6 semaines.
Le mari et père, un Bulgare de 43 ans, est l'auteur des faits, qu'il reconnait. Il est établi lors de l'enquête qu'il a asséné plusieurs coups de couteau à son épouse. Le Ministère public a ouvert une instruction pour meurtre, éventuellement assassinat.
Cette fois, le couple n'était pas connu pour des cas de violences domestiques. Lors de manifestations, le collectif Crève féministe Fribourg demande des mesures de lutte nationale contre les violences.
Corcelles (Neuchâtel), un 19 août
Tous les féminicides sont inacceptables, mais ce bain de sang est peut-être le plus choquant de l'année 2025. Le 19 août à Corcelles-Cormondrèche, sur le Littoral neuchâtelois, une femme de 47 ans et ses deux enfants de 3 et 10 ans sont retrouvés morts à leur domicile. Le conjoint, qui s'en est pris à la police dans l'appartement, les a tués.
Le couple était connu pour des conflits conjugaux survenus entre 2020 et 2022. La justice neuchâteloise fait état de plaintes réciproques, déposées pour dommages à la propriété de faible gravité. Selon le procureur Pierre Aubert, malheureusement, il était «objectivement impossible de prévoir une issue aussi dramatique, ce d’autant plus que l’auteur n’avait plus fait parler de lui depuis trois ans».
Prévenu pour assassinat, l'ex-conjoint finit par reconnaître sa culpabilité lors d'une audition, une semaine après les faits. A la suite de cet acte, qui soulève un mouvement de condamnation, le canton de Neuchâtel envisage la surveillance électronique des auteurs de violences sexistes et sexuelles.
Lausanne (Vaud), un 8 novembre
Le cas le plus récent présente une systématique dénoncée à de nombreuses reprises dans les milieux féministes. A Lausanne, le 8 novembre dernier, le corps d'un homme est retrouvé sans vie au Flon, sous le bâtiment de Bel-Air.
Dans leur appartement duquel il a probablement chuté, sa femme est décédée. Il s'agit d'un féminicide doublé d'un suicide. Le mari a tué son épouse à l'aide d'un objet contondant, avant de se donner la mort, révèle «24 heures».
«Nous connaissons trop bien ce scénario», souligne Stop Feminizid sur Instagram, en déplorant «que les autorités ne se prononcent pas». Le collectif reproche aux médias de chercher à comprendre «ce qui n'allait pas» et risqueraient «de détourner le regard de la violence elle-même».
Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.
En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.
Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.
- Solidarité Femmes Bienne
032 322 03 44
9-12h et 14-20h
Mercredi: 14-20h
Samedi: 10-12h
Dimanche: 17-20h - Solidarité Femmes et Centre LAVI Fribourg
info@sf-lavi.ch
026 322 22 02 9-12h et 14h-18h
Ligne de nuit 19h-7h
Weekends et jours fériés: 11–17h - AVVEC Genève
info@avvec.ch
022 797 10 10 - Au cœur des Grottes, Genève
022 338 24 80
Lu-Ve 8h30-12h - Ligne d’écoute en matière de violence domestiques Genève
0840 11 01 10 - Centre d’accueil Malley Prairie, Lausanne
021 620 76 76
Non—stop - Maison de Neuchâtel SAVI
savi.ne@ne.ch
032 889 66 49 - SAVI La Chaux-de-Fonds
savi.cdf@ne.ch
032 889 66 52 - Unité de médecine des violences (UMV)
Consultation médico-légale - Bureau fédéral de l’égalité
- LAVI. Aide aux victimes d’infractions
- Fédération solidarité femmes Suisse
- Brava – ehemals TERRE DES FEMMES Schweiz
076 725 91 21
Lundi à Mercredi 14h-16h
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