Le mannequin Manuela Frey avec la CRS au Guatemala
Nouvel espoir – et un rire bienfaisant pour le père de famille Carlos

Père de famille, Carlos Ical Calel a tout risqué pour un avenir meilleur aux Etats-Unis. Avant d’être expulsé. Manuela Frey, mannequin et ambassadrice de la Croix-Rouge suisse en visite au Guatemala, découvre comment il reconstruit sa vie.
Publié: 00:55 heures
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Dernière mise à jour: 06:55 heures
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Une brique après l’autre, Carlos construit une maison pour sa famille. La mannequin suisse lui prête mainforte: «Ce n’est vraiment pas facile, surtout par ces températures.»
Photo: Bernard van Dierendonck
Article rémunéré, présenté par la Croix-Rouge suisse et rédigé par Vanessa Nyfeler.

Le hamac est accroché à un mur de béton. Manuela Frey, 29 ans, tente prudemment de s’y glisser. Avec son 1m81, la mannequin rentre tout juste dedans: ses longues jambes se balancent tandis que le tissu tangue. «Ouah, je ne pourrais jamais dormir comme ça!», s’exclame-t-elle. Mildred, 12 ans, Christin Marisol, 9 ans, et Sandy, 5 ans, la regardent avec curiosité. Issues du peuple autochtone maya, elles parlent le poqomchi’, l’une des quelque 23 langues mayas. Mais le comique de la scène transcende les barrières linguistiques: tout le monde rit de bon cœur.

Carlos Bernardino Ical Calel, 31 ans, fait le tour du propriétaire avec Manuela. La maison se trouve dans le village de Nuevo Quejá, dans les montagnes du Guatemala. Elle n’est pas terminée: Carlos achète des briques lorsqu’il en a les moyens.

La maison compte une table, une armoire, un lavabo et deux lits que lui et sa femme Everilda Cac Suc, 31 ans et enceinte, ont reçus de la Croix-Rouge locale. 

Avant, la famille vivait ailleurs. Mais un glissement de terrain a emporté leurs champs et détruit leurs cultures. Sans revenu et criblé de dettes, Carlos s’est résolu à partir travailler aux Etats-Unis.

Rançon et expulsion

Le rêve a tourné au cauchemar. Au Mexique, Carlos a été enlevé et retenu prisonnier pendant 20 jours. Sa famille a dû réunir une rançon de 125 000 pesos mexicains, soit environ 5500 francs. Lorsqu’il a finalement été libéré, il a réussi à franchir la frontière américaine. Mais il a aussitôt été arrêté par les autorités et renvoyé au Guatemala, menotté. Loin d’avoir pu envoyer de l’argent à sa famille, il est rentré avec de nouvelles dettes, tiraillé entre le soulagement d’avoir échappé à la mort et la tristesse d’avoir vu s’évanouir l’espoir d’une vie meilleure.

De nombreux rapatriés

Son histoire n’est pas un cas isolé. Chaque mois, entre 6000 et 8000 Guatémaltèques sont expulsés des Etats-Unis et du Mexique. Ils sont forcés de retourner dans un pays en proie à la pauvreté et à la violence, et malmené par les catastrophes naturelles. Les ouragans détruisent les champs, tandis que le changement climatique et l’érosion des sols privent la population de ses moyens de subsistance. A cela s’ajoutent le chômage, de profondes inégalités sociales et l’absence de perspectives. 

La situation politique aux Etats-Unis n’arrange rien: les expulsions ne diminuent pas, et les programmes humanitaires ont été restreints. Pour des personnes comme Carlos, cela signifie que même en parvenant à franchir la frontière au bout d’un périlleux voyage, les chances de pouvoir rester sont minimes. 

Avec le soutien financier et technique de la Croix-Rouge suisse, la Croix-Rouge guatémaltèque accompagne les rapatriés. Ces derniers sont souvent mal considérés dans leur village. Carlos, lui, est épargné. «Même ma famille ne m’a pas fait ressentir sa déception. C’est un poids que je porte seul», dit-il à voix basse. La Croix-Rouge apporte bien plus qu’une aide à court terme: elle propose également des bons d’achat de nourriture, des poules pondeuses dont les œufs peuvent être vendus, ou encore des conseils sur la manière de cumuler de petits revenus.

Le contact facile

Manuela Frey en est déjà à son troisième déplacement à l’étranger en tant qu’ambassadrice de la Croix-Rouge suisse, après deux voyages sur le continent africain. «A chaque fois, on se rend immédiatement compte à quel point nous sommes privilégiés en Suisse», déclare-t-elle. «On se compare souvent aux autres pour savoir qui a la plus grosse voiture ou le plus bel appartement. Ici, les gens doivent se débrouiller avec presque rien.»

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L’Argovienne n’a pas peur du contact. Elle chatouille les enfants, fait des gestes pour se faire comprendre. «Cela me touche beaucoup de les voir mener une vie si digne malgré les dettes et le manque de perspectives.»

Le rêve de Carlos? «Je veux offrir une vie meilleure à ma femme et à mes enfants.» C’est aussi ce que souhaite Manuela Frey: «J’espère que Carlos pourra bientôt terminer sa maison, et qu’Everilda mettra au monde un quatrième enfant en bonne santé.»

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