Succès de Babis en Tchéquie
Pourquoi les clones de Trump séduisent les électeurs européens?

Le milliardaire tchèque Andrej Babis est de retour au pouvoir à Prague. Tout au long de sa campagne, il a repris les slogans de Donald Trump. La preuve d'une vague MAGA inarrétable en Europe?
Publié: 17:58 heures
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Dernière mise à jour: 18:00 heures
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Donald Trump est le modèle vanté désormais par les partis nationaux-populistes européens.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il ne manque plus que son nom sur les bulletins de vote. Donald Trump est désormais le point de ralliement et le modèle cité par tous les dirigeants nationaux populistes en campagne. Le milliardaire tchèque Andrej Babis l’a bien compris: tous ses arguments électoraux ont été calqués sur ceux du mouvement MAGA (Make America Great Again). Résultat: une très nette victoire aux élections législatives, qui va lui permettre de redevenir Premier ministre, poste qu’il avait déjà occupé de 2017 à 2021.

Mais pourquoi Trump, qui dénonce régulièrement la mollesse des Européens et les normes de l’Union européenne, est-il à ce point populaire dans les urnes? Au moins pour ces 5 raisons, à l’œuvre en République tchèque ces dernières semaines.

Trump est un «winner»

Donald Trump est un «winner», un gagnant. Son dernier succès en date, l’accord de paix pour Gaza qui sera discuté au Caire à partir de ce lundi 6 octobre entre Israël et le Hamas, le place, une fois encore, en position de décideur en chef. Se présenter comme l’allié européen de Trump, dans des pays comme la République tchèque très dépendante du soutien américain en matière de défense, revient donc à être du bon côté. C’est ce qu’a compris le milliardaire Andrej Babis qui, comme Trump aux Etats-Unis, est accusé de nombreux conflits d’intérêts. Qu’importe: le vent politique trumpiste est favorable. Pourquoi voter pour des candidats qui, une fois au pouvoir, se retrouveront face au «Bulldozer» Trump? Autant être l’allié de l’homme le plus puissant du monde.

Trump a raison sur l’Ukraine

C’est un élément important, voire décisif dans les pays d’Europe centrale, moins passionnément convaincus de la nécessité de défendre l’Ukraine coûte que coûte que les trois pays Baltes. Pour une grande partie de l’opinion en République tchèque, mais aussi Pologne, en Roumanie, en Slovaquie ou encore plus en Hongrie, la guerre en Ukraine coûte trop cher, et elle est avant tout pilotée par les pays d’Europe occidentale.

Les Tchèques, par exemple, sont très hostiles à la Russie qui mit leur pays au pas en 1968, avec l’intervention des troupes soviétiques à Prague. Mais beaucoup redoutent à terme l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, à laquelle le Premier ministre hongrois Viktor Orbán s’oppose déjà vertement. Ils ont peur de la concurrence future industrielle de l’Ukraine. Ils redoutent de voir les aides européennes converger vers Kiev. Seule manière selon eux de contrebalancer cela: miser sur Trump.

Trump est une cash machine

Andrej Babis, le milliardaire tchèque vainqueur des législatives, a tenu un seul langage durant sa campagne: celui de l’argent. Il a promis à ses concitoyens que son gouvernement leur accordera davantage d’aides, et que les politiques économiques mises en place seront d’abord à leur profit. Cette rhétorique est celle de Trump. Lequel a répété, durant sa campagne présidentielle de 2024, qu’il enrichirait ses électeurs MAGA grâce aux tarifs commerciaux, et aux promesses d’investissements arrachées à travers le monde.

Ce discours a-t-il un sens dans un pays comme la Tchéquie, dépourvu de ressources énergétiques (à part le charbon) et dont les industries profitent à plein du grand marché unique européen? Non. Mais il passe dans l’opinion. D’autant que la République tchèque a un avantage sur ses concurrents de la zone euro: la couronne, sa monnaie nationale, peut être dévaluée pour favoriser les exportations.

Trump est le commandant en chef

L’exemple du sommet européen informel qui vient de se tenir à Copenhague le 1er octobre est un bon exemple. Les survols de drones sur les aéroports norvégiens et danois, ainsi que les soupçons à propos des intentions hostiles de la flotte «fantôme» de pétroliers russes (d’où opéreraient les dronistes), ont obligé les dirigeants des 27 à parler de leur défense commune, et de leur industrie de l’armement. Or pour l’heure, seule une feuille de route à l’horizon 2023 existe. Le projet de bouclier européen anti-drones est évoqué, mais il ne se concrétise pas. La défense antiaérienne du continent repose très largement sur les batteries de missiles Patriot «made in USA». Tout le monde sait que la garantie américaine version Trump est aléatoire. Mais il n’y a pas d’alternative.

Trump parle de nation

Andrej Babis se distingue de Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, ou de Robert Fico, le chef du gouvernement slovaque. Il n’a jamais pris la défense de Vladimir Poutine, même si la Russie voit d’un très bon œil son retour au pouvoir. En revanche, Babis a copié l’agenda nationaliste de Trump. D’abord la Tchéquie, puis l’Europe. Le milliardaire a cofondé en juin 2024, au Parlement européen de Strasbourg, le groupe des «Patriotes pour l’Europe» présidé par le Français Jordan Bardella. Tous les partis qui en sont membres, dont le Fidesz de Viktor Orbán, prônent un démantèlement partiel de l’Union européenne. On y retrouve le FPÖ autrichien, le Vlaams Belang belge, le Parti populaire danois, le Rassemblement national, la Ligue italienne et le PVV néerlandais de Geert Wilders.

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