Donald Trump est un argument électoral de poids sur le continent européen. Tout au long de sa campagne électorale pour les législatives à la tête de son parti ANO («OUI»), le milliardaire tchèque Andrej Babis a répété le mantra des MAGA, le mouvement «Make America Great Again».
Moins d’argent pour aider l’Ukraine, et beaucoup plus de soutien budgétaire pour la population tchèque. Une formule nationale populiste qui s’est avérée fatale au Premier ministre sortant de centre droit Petr Fiala. Avec plus de 90% des suffrages décomptés, ANO remporterait un peu moins de 100 sièges sur les 200 du Parlement tchèque.
La Russie dans le viseur
Pour ce milliardaire de l’agroalimentaire et des médias, accusé d’avoir mis ses journaux et ses chaînes de télévision au service de son parti, pas question d’apparaître comme anti-OTAN et anti-Union européenne. Au contraire. Déjà chef du gouvernement entre 2017 et 2021, Andrej Babis a promis que la République tchèque honorerait ses alliances et ses promesses. Sauf que ses interlocuteurs, pour constituer un gouvernement de coalition, seront deux petits partis, dont le SPD d’extrême droite, résolument critiques sur l’aide à l’Ukraine en guerre, et partisans d’une normalisation des relations avec la Russie.
La plateforme d’ANO, centrée autour du rejet de l’immigration, fait écho à la victoire en Slovaquie voisine de l’actuel Premier ministre pro-russe Robert Fico, et à la politique du chef de gouvernement hongrois Viktor Orbán. Lequel a encore affirmé au récent sommet informel de Copenhague, mercredi 1er octobre, qu’il ne laissera jamais entrer l’Ukraine dans l’UE.
Après le nouveau président polonais…
La victoire la plus significative est toutefois engrangée indirectement par Donald Trump. Ce dernier avait déjà eu des raisons de se réjouir lorsque son candidat Karol Nawrocki, avait été élu en juin président de la République en Pologne. Andrej Babis va donc compléter la garde rapprochée des partis trumpistes en Europe. Babis souhaitait autrefois rejoindre l’euro, mais il est depuis devenu eurosceptique et partisan du président américain Donald Trump, distribuant des casquettes de baseball «Strong Czechia» inspirées du slogan MAGA de Trump.
Son parti siège au sein du groupe Patriotes pour l’Europe au Parlement européen afin de contester l’orientation dominante des politiques européennes, notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique et de transition vers une économie verte. Le milliardaire continue ainsi de défendre l’extraction et l’utilisation du charbon, alors que son groupe agroalimentaire est accusé d’avoir pollué l’environnement.
Même s’il se défend d’être pro-Poutine, Andrej Babis a aussi toujours regretté l’interruption des importations de gaz et de pétrole russe, dans son pays très dépendant sur le plan énergétique. Point important: les partis pro-russes marginaux ont obtenu des résultats moins bons que prévu dans les résultats partiels, le SPD obtenant 7,8% des voix et le parti d’extrême gauche Stacilo!, construit autour du Parti communiste, restant en dessous du seuil des 5% requis pour entrer au parlement.