Plan de paix pour Gaza
Donald Trump et Tony Blair veulent faire payer les pays Arabes

Le Président des Etats-Unis et l'ancien Premier ministre britannique partagent le même objectif: faire payer la reconstruction de Gaza par les riches pays arabes, deux ans après le 7 octobre 2023. Une obsession qui est aussi leur grande fragilité.
Publié: 10:02 heures
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Donald Trump a dévoilé lundi 29 septembre à Washington les 20 points de son plan de paix pour Gaza.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Richard WerlyJournaliste Blick

Mettre la main sur la manne financière des pays arabes. Et forcer ces derniers à assumer la reconstruction de la bande de Gaza dévastée. Tel est le but avoué du plan de paix pour l’enclave palestinienne présenté à Washington lundi 29 septembre par Donald Trump, dont le bras droit pour cette opération à hauts risques sera Tony Blair.

«Un plan de développement économique visant à reconstruire et à dynamiser Gaza sera élaboré par un groupe d’experts qui ont contribué à la naissance de certaines des villes modernes florissantes du Moyen-Orient. De nombreuses propositions d’investissement réfléchies et des idées de développement passionnantes ont été élaborées par des groupes internationaux bien intentionnés et seront prises en considération» prévoit le plan parrainé par le président des Etats-Unis.

Comment? En puisant dans les réserves financières d’Arabie saoudite et du Qatar en particulier, deux pays du Golfe dont les fonds souverains disposent respectivement de 925 milliards et de 600 milliards de dollars, résultat de leurs immenses gisements de pétrole et de gaz. Telle était déjà, en 2020, la logique des accords d’Abraham proposés par les Etats-Unis, que ces deux pays (contrairement à Bahreïn et aux Emirats arabes Unis) refusèrent de rejoindre pour conclure alors la paix avec Israël.

Après le 7 octobre 2023

Selon l’Egypte, pays voisin de la bande de Gaza qui a toujours refusé d’ouvrir sa frontière pour accueillir les deux millions de Palestiniens coincés sous les frappes israéliennes depuis l’assaut terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, le déploiement puis la reconstruction de l’enclave de 365 km2 coûtera au bas mot 53 milliards de dollars. La transformation de Gaza en «Riviera», comme l’avait autrefois proposé Donald Trump, pourrait, elle, coûter le double. Il faudrait donc mobiliser 100 milliards de dollars pour assumer, aussi, le déploiement d’une nouvelle autorité palestinienne débarrassée du Hamas, et celui d’une possible force internationale.

Où trouver les fonds? Dans les coffres-forts du Golfe que Trump, en plein «shutdown» budgétaire aux Etats-Unis, veut voir ouvrir. En mai 2025, le locataire de la Maison-Blanche a obtenu la promesse de 600 milliards de dollars d’investissements saoudiens dans son pays lors de sa visite à Riyad. Puis il a obtenu 243,5 milliards de dollars lors de son escale au Qatar, cet Emirat qui lui a offert un nouvel «Air Force One», un avion présidentiel pour remplacer l’actuel, entré en service en 1990.

Blair et le Quartet

Or sur ce point financier, Tony Blair en connaît un rayon. Ancien envoyé spécial du Quartet pour le Moyen-Orient (ONU, Etats-Unis, Union européenne, Russie) entre 2007 et 2015, l’ancien Premier ministre travailliste britannique est plusieurs fois intervenu dans des «deals» financiers pour le compte du Qatar. En 2012, l’ex-locataire du 10 Downing Street avait notamment servi d’intermédiaire entre l’Emirat gazier et le géant suisse du négoce des matières premières Glencore, pour un investissement à hauteur de 36 milliards de dollars. Autre connexion moyen-orientale très lucrative pour Tony Blair: celle qu’il entretient avec l’International Petroleum Investment Company, propriété des Emirats Arabes Unis. Des millions de dollars de commissions auraient été versés par ce pays à la firme de consultants Tony Blair Associates, crée en 2009, deux ans après son arrivée à la tête du Quartet.

L’argent du Golfe

Trump-Blair: les deux hommes sont convaincus que l’argent des pays du Golfe, jusque-là insensibles au sort des Palestiniens, peut transformer le paysage géopolitique régional. Et ce, malgré la réputation controversée de l’ancien chef du gouvernement britannique, qui fit le choix d’engager son pays dans l’intervention militaire américaine en Irak en 2003-2004. Preuve de cet appétit financier, la création d’une future autorité chargée de la promotion des investissements et du développement économique à Gaza, impliquera des «partenariats public privé et des instruments financiers mixtes» visant à offrir des «rendements commercialement viables» aux investisseurs. Un «deal» possible, alors que des pays cruciaux pour la réussite de ce plan, comme l’Egypte et la Jordanie sont financièrement aux abois et dépendants de l’aide américaine massive?

Pour l’heure, le Hamas, dont le plan Trump exige le désarmement et le départ de Gaza, n’a toujours pas réagi…

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