Journée cruciale à l'ONU
Reconnaître la Palestine, ça va changer quoi à l'horreur de Gaza?

Emmanuel Macron et le prince héritier d'Arabie saoudite coprésident ce lundi 22 septembre à l'ONU une conférence sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Celle-ci peut-elle convaincre l'armée israélienne de cesser sa destruction systématique de Gaza? Peu probable.
Publié: 17:59 heures
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Dernière mise à jour: il y a 4 minutes
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La ville de Gaza, au centre de l'enclave palestinienne, est soumise depuis bientôt deux ans aux assauts de l'armée israélienne.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Richard WerlyJournaliste Blick

Un Etat Palestinien désormais reconnu par 157 pays dans le monde, dont deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Tel sera le résultat de la conférence franco saoudienne organisée ce lundi 22 septembre en marge de l’assemblée générale de l’ONU par Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Après les annonces du Portugal, de l’Australie et du Royaume-Uni ce dimanche, cinq pays vont à leur tour reconnaître l’Etat de Palestine: la France, la Belgique, Malte, le Luxembourg et Saint-Marin.

Cette reconnaissance est une incontestable victoire diplomatique pour l’autorité palestinienne (AP), alors que l’armée israélienne procède à une destruction systématique de Gaza et à la déportation de sa population vers le sud de l’enclave. Mais quels changements cela va-t-il apporter? On sait déjà que le président de l’AP, Mahmoud Abbas, n’a pas pu se rendre à New York pour ce moment historique, faute de visa américain, en violation flagrante des règles de l’ONU. Il s’exprimera par vidéo.

Pour l’heure, trois conséquences majeures sont à attendre pour les deux millions de Palestiniens de Gaza, plus que jamais sous les bombes et sous les obus de Tsahal, lancée dans une traque finale au Hamas que le premier ministre Benjamin Netanyahu a promis d’éradiquer «jusqu’à la racine».

A Gaza, la rage israélienne

C’est le triste résultat de cette reconnaissance de l’Etat palestinien dénoncée par Benjamin Netanyahu et son gouvernement dominé par l’extrême droite. Pour les autorités de l’Etat hébreu, la date du 22 septembre est en plus insupportable puisqu’elle marque aussi «Roch Hachana», le début de l’année sainte. Pas question donc d’accepter de regarder cette initiative diplomatique, dans le cadre d’une assemblée générale de l’ONU fixée chaque année à la même période, comme une main tendue à une paix future et à la constitution d'un Etat palestinien enfin débarrassé du Hamas. Ce que répètent Emmanuel Macron et le prince Mohammed Ben Salmane.

Pour Netanyahu, il s’agit d’un outrage et d’une concession mortelle faite au groupe terroriste responsable de l’assaut du 7 octobre 2023. Lequel détient encore une cinquantaine d’otages israéliens, dont 27 seraient vivants. Sa réponse? Frapper Gaza encore plus fort pour atteindre l’objectif qu’il s’est officiellement assigné: empêcher la création d’un Etat palestinien et chasser la population de Gaza en dehors de l’enclave.

En Cisjordanie, une colonisation accélérée

Même constat du côté des colons de Cisjordanie. Plus de 800'000 Israéliens sont désormais illégalement installés sur ces terres normalement sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Or là aussi, la reconnaissance de l’Etat de Palestine par des pays aussi influents que la France ou le Royaume-Uni va, à coup sûr, entraîner une accélération des violences et des tentatives pour couper en deux ce territoire.

«Y a-t-il encore la place pour un Etat palestinien?» interrogeait, à la fin août, une note de l’Institut Français des Relations internationales. L’Elysée a pour sa part fait savoir que «l’annexion de la Cisjordanie occupée par Israël est une ligne rouge claire». Mais comment l’empêcher, au vu du rapport de force sur le terrain?

En Europe, la plaie des divisions

En réponse à la tragédie de Gaza, la Commission européenne a proposé le 17 septembre aux 27 Etats membres de «suspendre certaines dispositions de l’accord d’association entre l’UE et Israël liées au commerce» et de prendre des mesures à l’encontre du Hamas, des ministres extrémistes et des colons violents. L’exécutif communautaire propose aussi de suspendre son soutien bilatéral à Israël, à l’exception du soutien à la société civile et à Yad Vashem.

Problème: plusieurs pays européens ne veulent pas entendre parler de telles sanctions, et la reconnaissance de l’Etat de Palestine va encore plus compliquer la donne. L’Allemagne, pour des raisons historiques évidentes, mais aussi l’Italie, font face à la France. La plaie des divisions resurgit, exploitée par Donald Trump et Benjamin Netanyahu, unis dans leur projet d’en finir coûte que coûte avec le Hamas, donc avec Gaza.

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