Un Etat palestinien?
Le plan secret (et surprenant) de Donald Trump pour Gaza dévoilé

Donald Trump mise sur un «accord historique» au Moyen-Orient. Son plan, promet cessez-le-feu, libération d’otages et aide à Gaza, mais reste flou et risque de se heurter au refus d’Israël.
Publié: 06:11 heures
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Dernière mise à jour: il y a 11 minutes
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Donald Trump est enthousiasmé quant à la suite du conflit entre Israël et le Hamas. Il dit être proche «d'accomplir une grande chose».
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Donald Trump a exprimé son enthousiasme sur Truth Social ce dimanche 28 septembre, un jour avant sa rencontre avec Benjamin Netanyahu: «Nous avons une réelle chance de réussir au Moyen-Orient. Nous sommes tous prêts à accomplir une grande chose, une première. Nous y parviendrons!» Vendredi encore, il affirmait «être très proche» d’un accord sur Gaza qui «mettra fin à la guerre». Mais le président américain, ne donnait pas plus de détails.

Le «Washington Post» a réussi à mettre la main sur une copie vérifiée du plan américain. Cette proposition, d’un peu plus de trois pages, compte 21 points et ne ferme pas la porte à un Etat palestinien. Toutefois, plusieurs aspects restent encore flous et Israël pourrait rechigner face à certaines propositions. Mais Donald Trump devrait mettre la pression sur Benjamin Netanyahu pour l’accepter.

Le cessez-le-feu

Mais alors que contient ce fameux plan américain? L’administration Trump évoque tout d’abord une cessation immédiate de toutes les opérations militaires, le gel «des lignes de bataille», la libération dans les 48 heures des 20 otages israéliens encore en vie et les dépouilles de ceux présumés morts.

En contrepartie, «Israël libérera 250 prisonniers condamnés à perpétuité, ainsi que 1700 Gazaouis détenus après le 7 octobre. […] Pour chaque otage israélien dont les dépouilles sont libérées, Israël libérera les dépouilles de 15 Gazaouis décédés», précise le document. Tout l’armement du Hamas serait détruit et ses membres pourraient bénéficier d’une amnistie s’ils «s’engagent à une coexistence pacifique». Et pour ceux qui souhaitent quitter Gaza, des points sécurisés vers les autres pays seraient facilités.

Reconstruire Gaza

La proposition américaine stipule également que «dès l’acceptation de cet accord, une aide complète sera immédiatement envoyée dans la bande de Gaza… incluant la réhabilitation des infrastructures (eau, électricité, assainissement), la réhabilitation des hôpitaux et des boulangeries, [et] l’entrée du matériel nécessaire pour déblayer les décombres et ouvrir les routes.» Rien n’indique qui mènera ses travaux d’envergure.

Quant à l’entrée et à la distribution de l’aide, elles devraient se faire sous l’égide d’agence des Nations unies (ONU) «ainsi que d’autres institutions internationales non liées d’une quelconque manière à l’une ou l’autre des parties». Pour l’heure, on ignore si la controversée Fondation humanitaire pour Gaza, soutenue par les Etats-Unis et Israël, en fera partie.

La gouvernance à Gaza

Le plan prévoit également une «gouvernance transitoire temporaire», composée de «Palestiniens qualifiés et d’experts internationaux» pour gérer les services publics quotidiens à Gaza. Cet organe directeur serait toutefois «soutenu et supervisé» par un «nouvel organisme international» créé par les Etats-Unis en consultation avec d’autres acteurs.

L’Autorité palestinienne devrait entreprendre une importante réforme interne, jusqu’à ce qu’elle soit jugée capable de reprendre le contrôle de la bande de Gaza. Les Etats-Unis devraient travailler en parallèle avec leurs «partenaires arabes et internationaux pour mettre en place une force internationale de stabilisation temporaire, qui sera immédiatement déployée et supervisera la sécurité à Gaza».

Il est demandé à Israël de restituer «progressivement le territoire de Gaza qu’elle occupe». A terme, l’Etat hébreu devrait totalement se retirer, à l’exception d’une «présence périphérique» non définie dans le document.

Un Etat palestinien?

Le document ne parle pas concrètement d’un futur Etat palestinien. Cependant, il ne ferme pas totalement la porte à cet avenir: une fois que tous les développements et les réformes politiques misent en place «les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers un Etat palestinien, auquel nous reconnaissons l’aspiration du peuple palestinien». Le document stipule que les Etats-Unis «établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens afin de convenir d’un horizon politique pour une coexistence pacifique et prospère».

Mais le gouvernement Trump est très prudent sur cet aspect-là. Ces deux derniers points semblent avoir été intégrés pour satisfaire les plus de 150 pays ayant reconnu l’Etat de la Palestine et les gouvernements arabes. Ces derniers ont insisté sur le fait qu’ils n’accepteraient pas l’accord de paix sans une référence à un éventuel Etat.

Les défis

Pour l’heure, ni Israël, ni le Hamas, n’ont accepté le plan américain. Des responsables américains auraient présenté leur proposition aux gouvernements régionaux et alliés la semaine dernière lors de réunions à l’ONU. «Rien n’est définitif… ce ne sont que des grandes lignes», a déclaré un responsable américain. «Il reste encore des points à régler.»

Et en effet, plusieurs zones d’ombre importantes persistent. Au-delà du cessez-le-feu initial, de la libération des otages et de l’augmentation de l’aide humanitaire, aucune précision n’est apportée sur comment et dans quel ordre ses 21 points seraient traités. De plus, le plan n’indique rien sur le lieu où les Gazaouis devraient se rendre durant la mise en œuvre du «plan de développement économique de Trump visant à reconstruire et dynamiser» l’enclave. Le plan précise cependant que les Gazaouis ne seront pas forcés de partir et que toute personne qui part aurait le droit de revenir.

La position d’Israël

Le gouvernement israélien doit encore examiner le plan avant la réunion ce lundi entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu. Un haut responsable israélien a déclaré au «Washington Post» que certains éléments du plan devraient poser problème comme le processus de désarmement. Toutefois, il a souligné qu’Israël était d’accord «avec le principe» selon lequel un gouvernement provisoire devrait être dirigé par les Palestiniens «et d’autres».

Vendredi, lors d’un discours tonitruant à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, Benjamin Netanyahu a martelé qu’Israël ne permettrait pas aux gouvernements occidentaux de leur «imposer un Etat terroriste». Il avait également affirmé que l’Etat hébreu n’autoriserait ni la création d’un Etat palestinien, ni la gouvernance d’une autorité palestinienne à Gaza.

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