Législatives en Tchèquie
A Prague, Trump et Poutine votent pour ce milliardaire

Le milliardaire Andrej Babis espère sortir vainqueur des urnes lors des législatives qui s'achèvent ce samedi en République tchèque. Ancien Premier ministre, il se positionne comme un candidat pro-Trump capable de se ménager les faveurs de Vladimir Poutine.
Publié: 10:30 heures
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Andrej Babis, leader du mouvement ANO, vote dans un bureau de vote lors des élections législatives à Ostrava, en République tchèque, le 3 octobre 2025.
Photo: IMAGO/Anadolu Agency
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il est le candidat préféré de Donald Trump et de Vladimir Poutine. Le milliardaire tchèque Andrej Babis, 71 ans, est l’homme sur lequel misent, pour des raisons différentes, les présidents américain et russe. Logique: cet ancien Premier ministre peut, s’il revient au pouvoir à l’issue des élections législatives tchèques des 3 et 4 octobre, faire encore plus pencher la balance européenne en leur faveur. Avant l’ouverture des urnes vendredi, Babis devançait de près de dix points dans les sondages le Premier ministre sortant Petr Fiala et sa coalition de centre droit. Les résultats électoraux seront connus ce samedi soir.

Andrej Babis a dirigé le gouvernement tchèque de 2017 à 2021, après avoir fait fortune à la tête de son conglomérat agroalimentaire Agrofert. Il n’a pas, lors de cette expérience gouvernementale, mis en place une politique prorusse, alors qu’il a ouvertement courtisé Trump durant le premier mandat de celui-ci, comparant leurs situations de milliardaires désireux de transformer économiquement leur pays.

La guerre en Ukraine est passée par là

Mais depuis, la guerre en Ukraine est passée par là et Babis, suivant le modèle de Viktor Orbán en Hongrie et de Robert Fico en Slovaquie, a pris ses distances avec la politique européenne de soutien coûte que coûte à l’Ukraine. La République tchèque faisait, avant l’assaut de la Russie sur l’Ukraine, partie des pays très dépendants des hydrocarbures russes pour son approvisionnement énergétique. Une dépendance réduite presque à zéro sous par l’actuel gouvernement de centre droit.

Ses importations de pétrole passent désormais par l’oléoduc transalpin TAL, auquel le pays est connecté depuis 1996, avec une conséquence: une augmentation du coût de l’énergie, comme dans les autres pays européens.

Pour le milliardaire tchèque, magnat des médias, la question est d’abord économique et financière. Andrej Babis estime que l’Ukraine, avec sa puissance industrielle, est un concurrent potentiel très sérieux pour la métallurgie tchèque. Il est surtout, pour le Kremlin, le rival déclaré de l’actuel Chef de l’Etat, l’ancien Général Petr Pavel qui l’avait battu en 2023 à la présidentielle. Pavel est un ancien commandant en chef adjoint de l’OTAN, l’Alliance atlantique.

Il a toujours dénoncé le pouvoir croissant des oligarques, dont Babis est selon lui l’archétype. A l’inverse, ce dernier, leader du parti d’opposition de droite ANO (Action des citoyens mécontents) a promis que s’il remportait les élections, il cessera d’envoyer de l’aide militaire à l’Ukraine, insistant sur le fait que les fonds doivent être réaffectés au soutien des citoyens tchèques.

D’autres partis pro-russes

L’autre intérêt de Vladimir Poutine est de voir ces élections en République tchèque (10,8 millions d’habitants) déboucher sur un Parlement fractionné, qui imposera au parti ANO d’Andrej Babis l’obligation de faire alliance avec des partis radicaux, comme le parti d’extrême droite Liberté et démocratie directe (SPD) et la coalition d’extrême gauche Stacilo!. Or ces deux formations ont des positions pro-russes beaucoup assumées.

A lire pour mieux comprendre la République tchèque: Tchéquie – La nostalgie n’est jamais légère de Renata Libal (Ed Nevicata) 

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