Lorsqu’il descendra de son avion Air Force One à Londres, ce mercredi 17 septembre, Donald Trump aura le sentiment d’être en terrain connu. Quatre jours avant le début de la visite d’Etat très attendue du président des Etats-Unis, le Royaume-Uni a montré que la révolution «Make UK Great Again» était, elle aussi, en marche.
La preuve? Les dizaines de milliers de drapeaux britanniques brandis par la foule compacte de manifestants contre l’immigration et pour la liberté d’expression, ce samedi 13 septembre à Londres. Ils étaient entre 100'000 et 150'000 à avoir répondu à l’appel du leader nationaliste de 41 ans Tommy Robinson. Un défi direct à l’autorité du Premier ministre travailliste Keir Starmer, à la tête d’un gouvernement affaibli par des affaires politico-financières. Le milliardaire américain Elon Musk s’en est à nouveau mêlé, prenant la parole en visio à la fin de la manifestation.
L’AfD à l’offensive
Donald Trump, en plus, pourra regarder satisfait du côté du pays d’origine de sa famille paternelle, l’Allemagne. Car là aussi, la révolte nationale populiste gronde plus fort que jamais. Ce dimanche, 15% des électeurs de ce Land prospère, bastion de l’industrie automobile «Made in Germany», ont mis dans l’urne un bulletin pour l’AfD, l’Alternative für Deutschland, le parti d’extrême droite dirigé par Alice Weidel, une dirigeante ouvertement soutenue par le mouvement MAGA aux Etats-Unis.
Aux dernières élections provinciales, en 2020, ce parti qui est aujourd’hui la première formation d’opposition au gouvernement du chancelier Friedrich Merz n’avait réuni que 5% des suffrages. Il triple donc son score. Une victoire qui fait naturellement les gros titres des médias allemands.
Elections tchèques cruciales
Et ce n’est pas fini! Loin s’en faut. Des élections législatives auront lieu en République tchèque les 3 et 4 octobre. Avec un parti d’extrême droite dans le collimateur des observateurs politiques européens: «Liberté et démocratie directe», fondé en 2015 et aujourd’hui fort de 19 députés sur 200. Va-t-il casser la baraque dans un pays divisé sur la guerre en Ukraine, et considéré comme le prochain test en Europe centrale, après la victoire du nouveau président nationaliste polonais Karol Nawrocki par 50,89% des voix contre son adversaire pro-européen, le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski?
En Pologne, le parti «Droit et Justice» battu aux élections législatives en octobre 2023 se voit déjà grand vainqueur du prochain scrutin parlementaire qui aura lieu au plus tard en novembre 2027. Il reviendrait alors au pouvoir avec son agenda eurosceptique et réactionnaire qu’il s’est efforcé de mettre en œuvre à la tête du gouvernement entre 2015 et 2023. L’actuel Premier ministre proeuropéen Donald Tusk est d’autant plus sous pression que le nouveau chef de l’Etat est un favori de Donald Trump, auquel il a rendu visite le 3 septembre dernier.
Aux Pays-Bas, bientôt des élections
Les pays européens où l’extrême droite est, soit au pouvoir, soit aux portes de celui-ci constituent désormais un bloc de plus en plus compact. Des coalitions intégrant les formations nationales populistes font partie des coalitions au pouvoir en Suède et en Finlande. L’extrême droite, alliée aux conservateurs, était au pouvoir aux Pays-Bas jusqu’à l’éclatement de la coalition en juin 2025, lorsque le leader du parti de la Liberté (anti-immigration) Geert Wilders a retiré son soutien. Des élections législatives y auront lieu le 29 octobre.
S’y ajoute bien entendu le cas de la France en pleine crise politique, après le vote de défiance massif au Parlement contre le Premier ministre François Bayrou le 8 septembre. Son remplaçant aussitôt nommé par Emmanuel Macron, le ministre sortant de la Défense Sébastien Le Cornu, tente de constituer une coalition allant des sociaux-démocrates à la droite traditionnelle, dans l’espoir de présenter un projet de budget 2026 d’ici à la mi-octobre à l’Assemblée nationale.
Le RN en embuscade
Mais la principale équation politique est la radicalisation de l’électorat, à droite comme à gauche. A droite, le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui faisait sa rentrée politique à Bordeaux ce week-end, oscille entre 30 et 35% des voix dans les sondages, en cas de législatives anticipées. D’où sa demande d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée et d’un retour aux urnes. Le RN pourrait alors obtenir entre 200 et 250 sièges de députés (contre 120 actuellement), avec de grandes chances de constituer une coalition avec une partie de la droite, pour atteindre la majorité absolue de 289 députés sur 577.
Et l’élection présidentielle en France? Là aussi, le RN et sa candidate Marine Le Pen sont en pole position, même si cette dernière est sous le coup d’une peine d’inéligibilité de 5 ans. Son procès en appel pour «détournement de fonds publics» aura lieu en janvier 2026. Les enquêtes d’opinion, elles, lui restent très favorables. Entre 30 et 35% des voix au premier tour de la prochaine présidentielle de mai 2027, et donc une qualification assurée pour le second tour. Marine Le Pen a perdu, pour rappel, en finale des scrutins présidentiels de 2017 et 2022 face à Emmanuel Macron.