Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont arraché dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%. Si plusieurs dirigeants européens se sont réjouis de ce qu'ils estiment être une désescalade commerciale, les oppositions et les acteurs économiques se sont montrés bien moins enthousiastes, notamment en France et en Allemagne. Les principales réactions.
Ursula von der Leyen (Présidente de la Commission européenne)
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué un «bon accord». Les deux puissances économiques ont décidé de lever tous leurs droits de douane sur certains de leurs produits, dont l'aéronautique, s'est-elle félicitée. Elle a toutefois précisé que les détails de l'accord devraient être réglés «dans les prochaines semaines». «Quinze pour cent, ce n'est pas négligeable, mais c'est le mieux qu'on pouvait obtenir», a-t-elle plaidé.
Donald Trump (Président des Etats-Unis)
Le président américain Donald Trump s'est pour sa part montré dithyrambique sur son réseau social Truth Social. «Le président Trump annonce un accord commercial révolutionnaire avec l'Union européenne», a-t-il écrit en parlant de lui à la troisième personne, au-dessus d'une séquence filmée lors de sa rencontre avec Ursula von der Leyen.
Friedrich Merz (Chancelier, Allemagne)
Le chancelier allemand Friedrich Merz a salué dimanche l'accord entre les Etats-Unis et l'UE. Une position qui contraste avec celle des acteurs industriels et économiques d'outre-Rhin. Cet accord à l'arraché permet d'«éviter une escalade inutile dans les relations commerciales transatlantiques», a déclaré le Chancelier, alors que les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial de l'Allemagne.
«Nous avons pu préserver nos intérêts fondamentaux, même si j'aurais souhaité davantage d'allègements dans le commerce transatlantique», a-t-il ajouté, se disant notamment soulagé pour l'industrie automobile «où les droits de douane actuels, qui s'élèvent à 27,5%, seront presque divisés par deux, passant à 15%».
«C'est précisément dans ce domaine que la réduction rapide des droits de douane revêt une importance capitale», selon le dirigeant de la première économie européenne. Le chancelier conservateur exprime à la Commission européenne son «soutien total pour les négociations qui vont maintenant s'engager sur les détails de l'accord».
Benjamin Haddad, (ministre délégué de l'Europe, France)
L'accord commercial entre les Etats-Unis et l'UE apporte «une stabilité temporaire» mais reste «déséquilibré», a regretté au nom de la France le ministre français délégué chargé de l'Europe Benjamin Haddad. «L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les Etats-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré», a écrit sur X Benjamin Haddad.
Giorgia Meloni (Présidente du Conseil, Italie)
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a exprimé une opinion globalement positive, mais prudente, concernant l'accord commercial entre les Etats-Unis et l'UE. «Je pense que c'est une bonne chose qu'il y ait un accord, mais je ne peux pas le juger sans en connaître les détails», a-t-elle déclaré, citée par l'agence de presse Ansa.
Marine Le Pen (RN, France)
Pour la cheffe de file du Rassemblement national (extrême droite) Marine Le Pen, cet accord est «un fiasco politique, économique et moral». «La Commission (européenne, ndlr) a accepté des clauses asymétriques que jamais la France elle-même, gouvernée par un exécutif patriote, n'aurait acceptées», a estimé la cheffe de l'extrême-droite française.
«Des centaines de milliards d'euros de gaz, ainsi que des armements, devront être importés chaque année depuis les Etats-Unis», a-t-elle dénoncé. Elle a par ailleurs fustigé la «capitulation en rase campagne pour l'industrie française». Avant d'exprimer sa préoccupation «pour (la) souveraineté énergétique et militaire» de la France.
Jean-Luc Mélenchon (LFI, France)
Même constat à l'extrême gauche, où le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé que «tout a été cédé à Trump». «Droits de douane, obligation d'achat, taxe de 5% sur le PIB: le libéralisme, la concurrence libre et non faussée et autres règles du Traité de Lisbonne sont une mauvaise blague», a-t-il dénoncé, en dressant «le choix de l'insoumission à l'Empire et le non-alignement» comme la «seule alternative possible».
Acteurs économiques allemands
Du côté des acteurs économiques de l'Allemagne, première puissance de l'Union européenne, l'accord obtenu par l'UE ne semble pas réjouir outre-mesure. «L'absence d'accord sur les exportations d'acier et d'aluminium est un coup dur supplémentaire», souligne le BDI. L'industrie chimique allemande a, elle, jugé «trop élevés» des droits de douane de 15%.
«Quand on s'attend à un ouragan, on se réjouit d'une simple tempête. Une nouvelle escalade a pu être évitée. Néanmoins, le prix à payer est élevé pour les deux parties», a réagi dans un communiqué la fédération VCI de la chimie, représentant des géants industriels comme Bayer ou BASF. La Fédération allemande du commerce extérieur (BGA) a pour sa part évoqué un «compromis douloureux», déplorant notamment un niveau de surtaxes qui constituant une «menace existentielle» pour beaucoup d'entreprises.
L'un des économistes les plus influents du pays, Clemens Fuest, a qualifié l'accord annoncé d'"humiliation pour l'UE qui reflète le déséquilibre des pouvoirs». «Les Européens doivent se réveiller, se concentrer davantage sur leur puissance économique et réduire leur dépendance militaire et technologique vis-à-vis des Etats-Unis», a-t-il écrit sur X.