Les 27 à Copenhague mercredi
Ce sommet européen là, Poutine a raison de le redouter

Après plusieurs incursions de drones non identifiés au-dessus des aéroports au Danemark, le sommet européen du 1er octobre à Copenhague doit débattre de la défense face à la menace russe. Au moment où Donald Trump s'en prend à Vladimir Poutine.
Publié: 04:18 heures
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Dernière mise à jour: 04:44 heures
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Vlaidmir Poutine est-il à l'origine des vols de drones dans le ciel européen? Le sommet des 27 devra y répondre.
Photo: imago/ZUMA Press
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Richard WerlyJournaliste Blick

Si les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) ne réagissent pas maintenant à la menace russe, ils ne le feront sans doute jamais. Impossible en effet de ne pas considérer le sommet européen de ce mercredi 1er octobre à Copenhague comme celui de la riposte envers Moscou. 

Le 19e paquet de sanctions économiques et financières contre la Russie est sur la table des 27 depuis le 18 septembre. Et la question du financement en urgence d’un mur anti-drones, pour repousser ou détruire les aéronefs sans pilotes non identifiés, devient une urgence absolue.

Enfin un pas en avant?

«Ce sommet doit être celui de l’accélération de la défense européenne confirme-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. C’est un moment un peu stratégique, que ce soit et sur le soutien à l’Ukraine et sur les modalités de ce soutien, mais aussi sur les instruments budgétaires qui vont permettre d’avancer sur l’achat d’équipements en commun ou sur les grands projets industriels.»

Un nouvel épisode des promesses communautaires jamais tenues? Ou au contraire un pas en avant, à l’heure où Donald Trump semble de plus en plus prêt à soutenir l’Ukraine, au point de lui livrer des missiles Tomahawk d’une portée de plus de 2000 kilomètres?

Survols de drones

Pour les 27 pays membres de l’Union européenne – au sein desquels la Hongrie et la Slovaquie, dirigée par des gouvernements favorables à la Russie conservent un droit de veto – l’heure est propice aux avancées décisives. Depuis plusieurs jours, les survols de drones au-dessus des aéroports en Norvège et au Danemark ont en particulier mis en évidence les lacunes de la défense antiaérienne face aux aéronefs sans pilotes.

Or dans ce domaine où l’industrie européenne est jusque-là en retard, les solutions existent. Rien qu’en 2025, prés de 4,5 millions de drones toutes catégories ont été produits en Ukraine. Mieux: la Commission européenne, qui avait rejeté en août un projet de mur antidrones soutenu par l’Estonie et la Lituanie, se trouve désormais contrainte de l’approuver. 

Douze millions d’euros sur trois ans pour le développement de ce programme dans les pays Baltes devraient être débloqués. Avec, en plus, le déploiement de brigades antidrones itinérantes comme la France vient de le faire, en envoyant une trentaine d’opérateurs spécialisés en urgence au Danemark.

La Suisse est concernée

Un document va être distribué aux dirigeants des pays de l’UE ce mercredi 1er octobre à Copenhague. Il s’intitule «Readiness 2030» et il liste, toujours selon l’entourage d’Emmanuel Macron, «l’ensemble des avancées constatées en matière de défense européenne, que ce soit sur les instruments, les capacités, mais aussi évidemment sur les sujets du soutien à l’Ukraine depuis le début de l’année». 

Point important pour la Suisse: la Confédération est concernée. D’abord parce que les industriels helvétiques de la défense ont des capacités de production indispensables. 

Ensuite parce que les commandes européennes d’armement sont les seules à pouvoir garantir aux usines suisses une visibilité et une rentabilité à long terme. Le paradoxe est que les agissements présumés de la Russie dans le ciel européen, via des drones lancés de navires croisant en mer Baltique, auront été le déclencheur d’une prise de conscience au sein de l’OTAN (l’Alliance atlantique) comme au sein de l’UE.

Défense antimissiles

«La question de la lutte anti-drone, et plus généralement celle de la défense aérienne est un sujet complexe, pour utiliser le jargon, qu’on appelle «multicouche» poursuit un diplomate européen. Quand on regarde la manière dont les Ukrainiens eux-mêmes traitent la question, il y a en fait plusieurs niveaux. 

Ils ont des systèmes de défense antimissiles balistiques, par exemple des Patriot américains, des systèmes de plus courte portée, et des systèmes beaucoup plus rustiques et néanmoins efficaces, basés sur l’alerte avancée. L’important est de détecter très tôt l’arrivée des drones, leur trajectoire et leur localisation, puis de les neutraliser avec, par exemple, des bons vieux canons de 30 mm, des mitraillettes montées sur des systèmes ou des drones intercepteurs».

Vers un 19e paquet?

Le sommet européen de Copenhague est sans doute celui dont la Russie de Poutine a le plus à craindre depuis le début de la guerre en Ukraine. Le 19e paquet de sanctions, s’il est adopté, comportera des mesures contre des entités (entreprises, banques, etc.) de pays tiers, notamment la Chine ou l’Inde, qui aident la Russie à contourner les sanctions occidentales ou à vendre son pétrole. 

Enfin un geste contre la «flotte fantôme» qui sillonne la Baltique dans les eaux internationales, sous le regard des marines européennes. Donald Trump, après avoir exhorté les pays européens à agir pour cesser d’importer du pétrole russe, pourrait alors embrayer le pas…

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