La compétition n'est pas qu'une affaire de sport. En politique aussi, les partis suisses s'affrontent ardemment. Le dernier baromètre électoral dévoile les intentions de vote à mi-législature. Qui tire son épingle du jeu au Palais fédéral? Quels partis progressent, et lesquels marquent le pas? Blick prend régulièrement le pouls des formations politiques.
Le classement du moment analyse la performance des partis au cours des trois derniers mois. Premier constat? Cette fois, aucun parti n’a réussi à séduire pleinement. À l’issue du troisième trimestre, voici le troisième classement de 2025:
-
C’est le calme plat au Palais fédéral! Aucun parti ne s’est imposé au cours des trois derniers mois au point de décrocher la première place. Sur les grands dossiers, comme celui des droits de douane américains, les partis sont restés bien discrets. Seule l’initiative des dix millions de l’UDC a suscité des débats animés, mais sans aboutir à des résultats concrets. La première place demeure donc vacante cette fois-ci.
Le Centre
Le Centre et les Vert'libéraux se partagent le deuxième rang. Au Centre, un nouveau président est aux commandes en la personne de Philipp Matthias Bregy. La nouvelle cheffe de groupe Yvonne Bürgin pourrait, pour sa part, bientôt faire des vagues. La collecte de signatures pour le référendum sur l'impôt individuel a longtemps traîné, mais la révolution fiscale est désormais soumise au peuple. Le Centre marque ainsi de son empreinte l'agenda politique.
Lors des votations de dimanche, le parti a fait partie du camp bourgeois victorieux, malgré les désaccords dans ses propres rangs. Sur le front de l'AVS, le Centre a en revanche dû essuyer un revers. La variante mixte lancée par le conseiller aux Etats centriste Erich Ettlin pour financer la 13e rente AVS a de nouveau été coulée au Conseil national.
2) Les Vert'libéraux
La bataille contre l’initiative des dix millions de l’UDC a offert aux Vert’libéraux l’occasion de se démarquer. Avec leurs propres propositions, ils entendent mieux valoriser le potentiel de la main-d’œuvre locale. Selon leurs estimations, cela permettrait de réduire l’immigration de 250'000 personnes.
Pendant ce temps, le conseiller national Patrick Hässig s’impose comme la nouvelle figure de proue du parti. L’infirmier s’épanouit particulièrement au sein de la Commission sociale et de la santé, où il joue un rôle clé sur de nombreuses questions sociétales. Sa voix fait souvent pencher la balance entre le centre-gauche et le bloc de droite. Lors du financement de la 13e rente AVS, il s’est distingué avec sa proposition d’augmentation temporaire de la TVA, et il a également influencé favorablement l’augmentation des allocations familiales.
Les Vert’libéraux gèrent bien leurs dossiers au Palais fédéral, mais il n'est pas certain qu’ils parviennent à séduire le grand public.
L'UDC
L'Union démocratique du centre (UDC) a déposé son initiative sur la protection des frontières avec 110'000 signatures récoltées. Selon les derniers sondages, elle serait encore plus forte si les votations avaient lieu maintenant. Normalement, elle arriverait en tête du classement rien qu'avec cela. Le parti peut également compter sur l'abolition de la valeur locative comme succès. Mais il a finalement été battu lors de la votation sur l'E-ID.
D'autres points la font chuter. Avec des dizaines d'orateurs, elle a paralysé le fonctionnement du Parlement lors du débat sur la Suisse à 10 millions, mais n'a rien obtenu. Et dans ses efforts pour renforcer l'industrie suisse de l'armement, le parti se met lui-même des bâtons dans les roues avec sa conception rigide de la neutralité.
Le droits de douane à 39% du président américain Donald Trump contre la Suisse est également un point négatif. Alors que l'UDC se réjouissait encore l'année dernière de la victoire électorale de Trump, elle semble aujourd'hui non seulement sans voix et sans défense, mais aussi très partagée. A cela s'ajoute le fait que son ex-conseiller fédéral Ueli Maurer loue les dictateurs et les criminels de guerre.
Les Vert-e-s
Avec le oui à l’E-ID, les Vert-e-s peuvent se féliciter d’un petit succès. En revanche, leurs thèmes phares, l'environnement et le climat, n’ont pas trouvé l’écho escompté, et sur la question de la valeur locative, le parti, traditionnel défenseur des locataires, a essuyé un revers. Les Vert-e-s ont tout de même déposé une série d'interventions visant les caisses maladie et la branche pharmaceutique. Ils veulent réduire massivement les salaires des chefs et baisser le prix des médicaments. Rien de bien nouveau.
En conclusion, les Vert-e-s se classent au quatrième rang, principalement parce qu’ils ont commis moins d’erreurs que leurs concurrents immédiats.
Le PLR
Thierry Burkart, chef de parti, a disparu. Pourtant, le Parti libéral-radical (PLR) a marqué des points lors de la votation de dimanche. Il était du côté des vainqueurs tant sur la suppression de la valeur locative que sur l'E-ID. Autre succès? A Schaffhouse, le PLR a surpris le Parti socialiste (PS) en lui arrachant son siège au Conseil des Etats.
Mais pour le reste, il faudra attendre le nouveau duo de direction composé de Susanne Vincenz-Stauffacher et Benjamin Mühlemann. Le parti manque actuellement d'un cap clair. Sur la régulation des banques, seule une partie se range du côté de sa propre ministre des Finances. Certains élus torpillent ses prescriptions sévères pour l'UBS.
Mais c’est surtout sur les accords avec l’UE que le flou domine. C’est là que se révèle la faiblesse du ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, et du parti économique autoproclamé, qui, faute de parvenir à une position claire, se pénalise lui-même. Cette absence de cohésion donne une image désunie et donc faible, probablement aggravée par le vide de pouvoir actuel.
Le 18 octobre, le parti n'élira pas seulement sa nouvelle présidence, mais réglera aussi la question de l'UE. L'occasion d'un nouveau départ!
Le PS
Les électeurs ont tranché nettement contre la valeur locative. Un résultat surprise le jour de la votation, mais surtout un vrai revers pour le PS. Au Parlement, le parti avait quasiment été le seul à rejeter le projet et à mener une campagne s'y opposant.
La Suisse est un pays de locataires. Mais apparemment, les socialistes n'ont pas réussi à rallier la grande majorité d'entre eux à leur cause et à semer suffisamment le doute chez les propriétaires. Le PS n'a même pas pu profiter du fait que le camp bourgeois (des arts et métiers) a semblé désuni.
Au Parlement, le PS a subi une défaite cuisante sur les actions collectives et a vu ses efforts contre les suppressions de rentes de veuve échouer. Autre revers? Le PS s'est fait piquer son siège au Conseil des États à Schaffhouse. Malgré tout, le parti a su se montrer offensif lors du fiasco du F-35 et du désastre douanier. Au Tessin, une initiative du PS a permis de plafonner les primes d’assurance maladie, un thème qui pourrait bien lui redonner de l’élan dans les mois à venir.