Un secret révélé
Le Conseil fédéral ouvre enfin les portes de sa mystérieuse cave à vin

La cave à vin du Conseil fédéral est longtemps restée secrète... du moins jusqu'à la semaine dernière. Un journaliste a enfin pu jeter un coup d'œil à la collection de vins, et celle-ci s'avère bien plus révélatrice de la composition du gouvernement qu'on ne le pensait.
Publié: 19:59 heures
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Dernière mise à jour: 21:17 heures
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Un journaliste de la RTS a finalement eu accès à la mystérieuse cave à vin du Conseil fédéral.
Photo: Screenshot RTS
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Sophie Reinhardt

Depuis des années, la cave à vin du Conseil fédéral est un secret bien gardé. La cave de la maison Von Wattenwyl, dans la vieille ville de Berne, abrite les vins que le gouvernement suisse sert à ses invités lors d'occasions particulières.

Jusqu'à présent, la Confédération s'est montrée stricte. Les demandes d'informations vis-à-vis du contenu du sous-sol ou de la possibilité d'y accéder ont toujours été rejetées. Un journaliste persévérant a toutefois porté sa requête jusqu'au Tribunal administratif fédéral, et a obtenu gain de cause.

Pour le tribunal, la cave du Conseil fédéral n'est pas couverte par le secret professionnel. «La Chancellerie fédérale méconnaît le fait que la cave à vin soit financée par des fonds publics et qu'il existe donc un intérêt public légitime à la transparence», indique l'arrêt.

Uniquement du vin local

Un journaliste de la RTS est ainsi parti à la découverte de la cave fédérale. Les grands crus, comme ceux de Bordeaux, sont par exemple introuvables. La raison? La sélection de vin est soumise à des règles strictes: ils doivent provenir de Suisse et ne pas coûter plus de 35 francs par bouteille pour le vin rouge et 25 francs pour le vin blanc.

Jacques Chapatte, chargé de communication à la Chancellerie fédérale, explique que «les préférences des conseillers fédéraux se reflètent ici, dans la cave. Ils aiment servir du vin de leur canton d'origine, même si cela ne peut pas être généralisé.»

Un «Ignazio» repose ici

Nous savons donc désormais qu'un vin blanc de Baar (ZG) – la région d'origine de Martin Pfister – ou qu'un merlot portant le nom d'Ignazio sont conservés dans la cave du Conseil fédéral. Le nom de la personne à qui le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a servi ce vin reste toutefois secrète.

Avec un budget annuel d'environ 70'000 francs, dont un quart est consacré à la bière et à l'eau minérale, la sélection est impressionnante. Pour évaluer la qualité des vins, la RTS a demandé l'avis d'un sommelier.

«
On boit plutôt bien lors des réceptions officielles, mais cela pourrait être encore mieux
Antoine Sicard, oenologue
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Pas plus de 60 bouteilles

«On boit plutôt bien lors des réceptions officielles, mais cela pourrait être encore mieux» déclare l'œnologue Antoine Sicard à propos de ce trésor jusqu'ici bien gardé. Il perçoit pourtant le potentiel pour une représentation encore plus large de la diversité viticole suisse, en incluant par exemple des cépages indigènes moins connus. Il ajoute qu'il est tout à fait possible de déguster un verre pour moins de 35 francs, mais que les prestigieuses bouteilles suisses sont hors de portée à ce prix.

Les exceptions à la règle du prix ne s'appliquent qu'aux vins primés, tels que ceux récompensés par le Grand Prix du Vin Suisse. De plus, la quantité commandée par producteur est limitée à 60 bouteilles et à 5'000 CHF par an.

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