Le CEO d’UBS, Sergio Ermotti, n'aime guère les réglementations bancaires prévues par la ministre des Finances Karin Keller-Sutter. Le patron de la dernière grande banque suisse ne l’a pas caché mardi: «Nous sommes ouverts à tout ce qui fait sens», a-t-il déclaré lors d’un point de presse. Mais pour Sergio Ermotti, ce qui est présenté aujourd’hui n’a aucun sens.
On a bien compris que les relations entre le Palais fédéral et la banque de la Paradeplatz à Zurich sont tendues. Ces dernières semaines, les rumeurs de départ de la banque se sont multipliées, mais la présidente de la Confédération n’a pas cédé. Vendredi, elle a présenté un paquet de mesures qui pourrait exiger jusqu’à 26 milliards de francs de fonds propres supplémentaires pour UBS.
Comment mettre fin à la période glaciaire entre le Palais fédéral et la Paradeplatz? En réponse à une question de Blick, Sergio Ermotti a dit: «Oui, je serais prêt à rencontrer Madame Keller-Sutter.» Mais le CEO d’UBS précise: «Pour un compromis, nous devons être invités. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Nous ne pouvons pas nous inviter nous-mêmes.»
Karin Keller-Sutter veut attendre
Effectivement, une telle invitation ne devrait pas venir de sitôt. C’est ce que laisse entendre le Département de Karin Keller-Sutter, interrogé par Blick. Une porte-parole souligne qu’avant la mise en consultation des plans du Conseil fédéral en juin, un «échange complet» a eu lieu avec UBS. Début avril, trois conseillers fédéraux ont rencontré des représentants de la principale banque suisse.
Avant de rouvrir le dialogue, le Département des finances veut attendre les prises de position des partis, des associations et de la banque. Il décidera ensuite de la marche à suivre. «Si une rencontre avec UBS devait s’imposer à ce stade, elle serait organisée comme par le passé», précise le département.
Le cours de l'action souffre
On agit «comme le prévoit le processus politique», insiste la porte-parole. C’est précisément là que réside le problème pour UBS: la banque regrette qu’il faille encore attendre des mois, voire des années, avant une décision. Cette incertitude pèse, alors qu’une clarification serait nécessaire, ont déclaré mardi des représentants de la banque.
C’est justement à cause de cette incertitude qu’UBS affiche environ 35% de moins que ses concurrents sur les marchés boursiers. Pour Sergio Ermotti. «sans ce débat politique, l’action UBS serait encore plus élevée qu’elle ne l’est déjà aujourd’hui».
Pour l’instant, peu d’espoir pour le CEO de la banque. Mais au moins, le Parlement paraît plus réceptif. Les commissions économiques du Conseil national et du Conseil des Etats veulent entendre les arguments et les inquiétudes de la banque. C’est finalement au Parlement qu’il reviendra de fixer les règles définitives.