UBS s'installe-t-elle à l'étranger? La dernière grande banque suisse va-t-elle fusionner avec une institution américaine? Les rumeurs vont bon train ces derniers temps. La lutte entre le CEO de l'UBS Sergio Ermotti et la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a pris un nouveau tournant mardi matin.
Après que Karin Keller-Sutter s'est exprimée en marge de l'assemblée générale de l'ONU la semaine dernière à New York, c'est au tour de Sergio Ermotti de rompre le silence. Depuis une intervention sur «Bloomberg TV» début septembre, le patron d'UBS ne s'est plus exprimé sur le litige avec KKS concernant les fonds propres, laissant ainsi délibérément la machine à rumeurs s'emballer. Mais le CEO a invité les médias au siège de la Paradeplatz.
Le départ à l'étranger n'est «pas un sujet que nous avons initié», commence par préciser Sergio Ermotti. «Ce sont des spéculations et des options. Nous n'avons jamais menacé de le faire. Mon président et moi n'avons jamais rien dit de tel.»
«Il y a certainement une pression de la part des actionnaires. L'incertitude n'aide pas à maîtriser la pression. Jusqu'à présent, nous avons réussi à garder les gens calmes», admet dans le même temps le patron. UBS n'est pas satisfaite de la lenteur des processus politiques qui maintiennent un climat d'incertitude malvenu.
Le patron de l'UBS passe à l'attaque
Sergio Ermotti et Karin Keller-Sutter sont non seulement en désaccord sur les prescriptions sévères en matière de fonds propres (jusqu'à 26 milliards de plus pour UBS), mais aussi sur l'ordonnance sur les fonds propres. La présidente de la Confédération avait déjà présenté ce document en juin. Le délai pendant lequel les partis, les entreprises et les cantons pouvaient s'exprimer a expiré lundi. Le lendemain, Sergio Ermotti est passé à l'attaque.
Un point du paquet pose problème: les actifs tels que les logiciels ou les créances fiscales doivent être évalués plus strictement en termes de capital. Car, du point de vue de la Confédération, ils ne valent plus grand-chose en cas de crise.
Il y a également des divergences d'opinion sur les emprunts AT1, qui doivent aider une banque en cas de crise. Les dispositions prévues sont trop axées sur le cas spécifique de Credit Suisse, estime l'UBS. Or, une nouvelle crise n'arrive pas sous la même forme. Il ne veut pas lancer de «chasse aux sorcières» à l'encontre de l'ex-Credit Suisse, a assuré le CEO d'UBS. «Mais au quatrième trimestre 2022, il était très clair que l'augmentation de capital n'était plus assez importante. C'est pourquoi il aurait fallu tuer l'AT1 dès ce moment-là.» Celle-ci aurait apporté 16 milliards de capital à la banque.
«Les propositions pénalisent UBS de manière inappropriée»
Sergio Ermotti ne goûte que très peu à ces nouvelles règles. Selon lui, elles sont trop strictes en comparaison avec l'étranger et désavantagent la grande banque suisse sur le plan international. UBS veut trouver une «solution raisonnable qui nous permette de continuer à être compétitifs depuis la Suisse».
«Les propositions pénalisent UBS de manière inappropriée», a déclaré Sergio Ermotti mardi matin. UBS a le sentiment d'être traitée de manière injuste, notamment en ce qui concerne le sauvetage de Crédit Suisse. En 2023, UBS aurait été en mesure «d'intervenir de manière crédible et de sauver Credit Suisse. En mars 2023, UBS a ainsi contribué à la stabilité du système financier suisse et mondial».
La Confédération est-elle ouverte à un compromis ou à des règles moins strictes? « Au vu de ce qui s'est passé vendredi, cela ne semble pas aller dans ce sens», déclare le patron d'UBS, faisant référence à Keller-Sutter qui vient de présenter vendredi de nouvelles règles de fonds propres. Cependant, le projet de loi sera tout de même examiné par le Parlement. L'ambiance pourrait peut-être changer après le tollé initial qui a suivi la fermeture du CS. «Voyons comment les processus politiques évoluent», conclut Ermotti.
Attaque contre la surveillance des marchés financiers
La banque attaque également l'Autorité de surveillance des marchés financiers et la Banque nationale suisse, arguant qu'«un dialogue ouvert et transparent avec elles concernant la capitalisation bancaire a été impossible». L'autorité de surveillance, la FINMA, agit comme un régulateur, mais ce n'est pas sa mission, s'indigne Sergio Ermotti.
Le CEO d'UBS bénéficie du soutien du gouvernement zurichois. Ce dernier n'accorde guère d'importance aux projets de Keller-Sutter, comme le montre un communiqué du gouvernement zurichois. « Nous demandons l'arrêt de la révision de la réglementation du marché financier dans son ensemble », a écrit le gouvernement zurichois. La réglementation de Keller-Sutter met en danger le secteur bancaire suisse. Une comparaison avec d'autres pays est désormais urgente avant toute mise en place d'une réglementation.