Rumeurs de départ à l'étranger
Malgré les tensions, le président d'UBS tend la main à KKS... et assure rester en Suisse

Le président du conseil d'administration d'UBS, Colm Kelleher, a fait un pas vers la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter mardi soir lors d'une de ses rares apparitions, s'exprimant sur un éventuel départ de sa banque et sur Donald Trump.
Publié: 15:56 heures
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Dernière mise à jour: 16:22 heures
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Colm Kelleher a évoqué hier le litige avec le gouvernement suisse lors du Business Talk de Bilanz (photo d'archives).
Photo: keystone-sda.ch
Carmen Schirm-Gasser
Bilanz

La coïncidence de calendrier était explosive. Quelques heures après que la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a accordé une interview exclusive à Blick à New York, Colm Kelleher, président du conseil d’administration d’UBS, montait sur scène au Kunsthaus de Zurich, à plus de 6300 kilomètres de là. 

Alors que Karin Keller-Sutter se montrait ferme face à la grande banque, Colm Kelleher déroulait le tapis rouge à sa principale interlocutrice dans le débat sur les exigences de fonds propres. A plusieurs reprises, il a laissé transparaître sa compréhension pour la ministre des Finances.

C’était l’une des rares apparitions publiques de Colm Kelleher depuis son arrivée à la tête du conseil d’administration en 2022. Le débat portait sur le renforcement des règles de fonds propres imposées aux banques d’importance systémique. Ces dernières semaines, le sujet a enflammé la place financière, notamment après que l’investisseur activiste Cevian Capital, détenteur d’environ 1,4% du capital d’UBS, a évoqué l’idée d’un départ du siège à l’étranger. 

«J'ai beaucoup de respect pour Karin Keller-Sutter»

Au Kunsthaus, lors du Bilanz Business Talk, Colm Kelleher a plaidé pour un compromis. La Finma exige qu’UBS constitue jusqu’à 24 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires, une exigence qu’il juge «irréalisable». Selon lui, UBS a déjà immobilisé 18 milliards et aller au-delà mettrait en péril sa compétitivité internationale. «UBS n’est pas un établissement à risque comme l’ancien Credit Suisse», a-t-il insisté. 

Le président d’UBS défend une voie médiane qui protège à la fois la banque, les contribuables et la place financière suisse. «J'ai beaucoup de respect pour Karin Keller-Sutter. Elle a accompli des choses incroyables (en rapport avec Credit Suisse) et a été reconnue dans le monde entier pour cela.» 

Il déplore toutefois un dialogue interrompu avec le Département fédéral des finances depuis les travaux de la CEP. «Nous devons revenir à une situation où règnent la confiance et la recherche de compromis», a-t-il lancé. Il a réaffirmé que l’UBS «fera tout pour trouver une solution acceptable pour les contribuables et les électeurs, afin de rester en Suisse». En clair, UBS veut rester, mais pas à n’importe quel prix.

Aucune négociation en cours

Ces dernières semaines, le «New York Post» avait rapporté que des discussions avaient déjà eu lieu avec les autorités américaines. Colm Kelleher a démenti. «Nous n’avons entamé aucune négociation», a-t-il assuré, expliquant que ses anciens contacts new-yorkais avaient seulement approché la banque de manière informelle. «Bien sûr, le président Trump adorerait annoncer depuis le Bureau ovale que le plus grand gestionnaire de fortune du monde s’installe en Amérique. Mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour rester en Suisse. Nous voulons être une icône dont le pays est fier.»

Il s’est aussi exprimé sur la politique commerciale américaine et les droits de douane. «Le président Trump est un homme très capricieux qui a beaucoup de qualités. Il faut simplement savoir comment le gérer», a-t-il commenté. Il a cité l’exemple d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui, après un départ difficile avec Trump, avait fini par adopter une approche pragmatique. «Elle a su mettre sa fierté de côté», a résumé Colm Kelleher. Il estime que la même attitude pourrait être nécessaire pour la Suisse. 

L'avenir de la présidence

Enfin, Colm Kelleher a abordé son avenir. Lors de sa prise de fonction, il avait évoqué un mandat d’une dizaine d’années. Désormais, il clarifie. «Je ne resterai pas sept ans de plus», a-t-il confié, estimant qu’il faut savoir quand on représente encore une valeur ajoutée. Il a laissé entendre que le CEO Sergio Ermotti devrait rester en poste quelques années supplémentaires, avant qu’une succession bien préparée soit mise en place.

Selon lui, la direction d’UBS doit refléter son caractère international avec un mélange de Suisses et de non-Suisses aux postes clés. «Dans de bonnes circonstances, je serais heureux que Sergio Ermotti me succède, après une période de transition appropriée», a-t-il ajouté. Et de conclure que le CEO avait accompli «un travail fantastique, tant pour les actionnaires que pour la Suisse». 

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