De Gaza à la Cisjordanie
Un Etat palestinien est impossible, la preuve...

Et si le plan de paix à Gaza imposé par Donald Trump signifiait la mort d'un Etat palestinien viable? La question se pose alors que le Hamas se livre à des règlements de compte dans l'enclave. Reconnaitre la Palestine aura servi à quoi?
Publié: 19:15 heures
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Dernière mise à jour: 21:09 heures
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Une femme lors d'une marche de soutien pour Gaza à Medellin, en Colombie, le 7 octobre 2025.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils redoutent le scénario du pire. Lequel? Celui d’une nouvelle descente aux enfers de Gaza, livrée au Hamas qui refusera de désarmer. Et celui d’une Cisjordanie émiettée par les colonies juives, où l’Autorité palestinienne deviendra progressivement une institution fantoche. Ce scénario n’est pas évoqué par des Israéliens décidés d’en finir avec un possible Etat de Palestine. Il est mis sur la table par des diplomates européens qui ont travaillé d’arrache-pied à la reconnaissance de cet Etat par dix nouveaux pays, le 22 septembre, dont la France, le Royaume-Uni, la Belgique et le Portugal.

Palestine contre Israël

Pour ces négociateurs, experts du Proche-Orient, le plan de paix de Donald Trump n’est pas une proposition équitable. Aucun d’entre eux n’ose le dire publiquement, puisque l’Union européenne soutient officiellement ce processus qui a, enfin, fait taire les armes dans la bande de Gaza où 67'000 Palestiniens ont trouvé la mort en deux années de guerre. Mais ils ont en main les cartes géographiques, les photos satellites, les relevés topographiques qui démontrent combien la solution à deux Etats, rejetée par Benjamin Netanyahu, devient peu à peu un mirage. Car Donald Trump, sans l’affirmer, est de l’avis du Premier ministre israélien lorsqu’il a affirmé, à la tribune de l’ONU en septembre: «Il y a un problème: les Palestiniens ne croient pas en cette solution. Ils veulent un Etat de Palestine au lieu d’un Etat d’Israël.»

Au moins trois éléments rendent impossible à ce stade l’émergence d’un Etat palestinien, au-delà des combats qui se déroulent en ce moment à Gaza entre factions rivales.

Le premier élément est l’absence de volonté politique. 158 pays sur les 193 membres de l’ONU reconnaissent désormais l’Etat de Palestine. Mais combien sont prêts à aller au-delà des déclarations et des gestes diplomatiques? «Nous avons besoin de solutions, pas de reconnaissance pouvait-on entendre, le 22 septembre, dans les rues de Ramallah, en Cisjordanie. La reconnaissance est une chose positive après tout ce temps. Mais sans pression internationale, cela ne suffira pas. Si elle ne s’accompagne pas de l’octroi de nos droits, alors elle ne sera rien de plus que de l’encre sur du papier.» Plus de 700'000 colons israéliens vivent aujourd’hui dans des centaines de colonies, occupant 42% de la Cisjordanie. Elles sont reliées par plus de 800 checkpoints militaires.

Gaza contre la Cisjordanie

Deuxième élément: le plan de Trump et de Netanyahu vis-à-vis des Palestiniens. Ni l’un, ni l’autre, ne souhaite voir s’unir les populations de Gaza et de Cisjordanie. La grande majorité des milliers de Palestiniens libérés des prisons israéliennes sont d’ailleurs interdits de retour en Cisjordanie. L’objectif est de forcer le plus possible les Palestiniens à émigrer, avec l’accord des pays de la région. Le 24 mars, le gouvernement de l’Etat hébreu a approuvé une proposition controversée visant à faciliter l’émigration palestinienne depuis Gaza. Il s’agissait d’organiser «un transfert volontaire pour les habitants de Gaza qui souhaitent s’installer dans des pays tiers, conformément au droit israélien et international, et suivant la vision du président américain Donald Trump». Or cette vision, du côté de Washington, n’a pas changé.

Pas de leaders

Troisième obstacle à un Etat palestinien: le manque de responsables politiques crédibles, susceptibles d’êtres considérés comme des interlocuteurs acceptables par Israël et par les Etats-Unis. Dans les faits, le maintien au pouvoir du vieux président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas convient bien à Netanyahu et à Trump. Pas question, par exemple, de libérer Marwan Barghouti, condamné à la prison à vie par la justice israélienne.

Il est, en quelque sorte, la traduction de l’impossibilité de traduire dans les faits le point 19 du plan présenté par le Président des Etats Unis: «A mesure que le processus de reconstruction de Gaza progresse et que le programme de réforme de l’Autorité palestinienne est fidèlement mis en œuvre, les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un Etat palestinien, ce que nous reconnaissons comme étant l’aspiration du peuple palestinien.»

A Gaza, la paix est revenue, sans garantie de demeurer au vu des combats fratricides qui s’y déroulent. Pour l’Etat palestinien, le combat continue et, pour l’heure, la défaite est de mise malgré les reconnaissances accrues.

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