Quelques jours après la fin de la guerre à Gaza, le chaos règne au milieu des ruines. Des centaines de milliers de personnes retournent dans leur ville, totalement détruite par les bombardements israéliens. Des Gazaouis désespérés cherchent sous les décombres les plus de 10'000 personnes encore portées disparues.
Pendant ce temps, le Hamas exécute des collaborateurs présumés d'Israël sous les yeux de centaines de spectateurs (y compris des enfants). La lutte pour le pouvoir dans la bande de Gaza a donc bien débuté. Cinq groupes veulent gouverner la région. Et leurs idées ne pourraient pas être plus éloignées les unes des autres.
Le Hamas
Ses volontés: l'organisation est au pouvoir à Gaza depuis 2007 et entend bien le rester. Matthew Levitt, professeur à l'Institut de politique proche-orientale de Washington, écrit dans une analyse que le Hamas se battra «jusqu'au dernier homme pour conserver le pouvoir politique et militaire à Gaza». Surtout maintenant que l'aide internationale afflue à nouveau et qu'elle peut être détournée dans ses propres poches.
«Avantages»: peu ou pas de choses. Par intérim, le Hamas assume la tâche de veiller au calme et à la stabilité à Gaza. Mais les voix critiques sur l'administration corrompue se font de plus en plus entendre.
«Désavantages»: presque tout. Les Etats-Unis veulent éloigner les membres du Hamas du pouvoir. Trump est prêt accorder l'amnistie aux combattants qui se rendent.
L'Autorité palestinienne
Ses volontés: l'«AP», au pouvoir en Cisjordanie depuis des décennies, souhaite prendre le relais à Gaza et faire avancer l'unification des territoires en un seul Etat palestinien.
«Avantages»: l'Autorité autonome dispose d'un bon réseau international. Aujourd'hui déjà, elle est responsable de l'approvisionnement en eau et des canalisations à Gaza. Elle se montre prête à entreprendre des réformes et à coordonner la reconstruction, estimée à 53 milliards de dollars.
«Désavantages»: l'AP n'est pas vraiment un phare de la démocratie. Les dernières élections en Cisjordanie remontent à 19 ans! Le chef Mahmoud Abbas trouve toujours de nouvelles excuses pour repousser les nouvelles élections.
Israël
Ses volontés: les partis de droite israéliens cherchent à expulser les 2,1 millions de Palestiniens de l'enclave. Gaza fait «indissociablement» partie d'Israël, a fait savoir le ministre des Finances Bezalel Smotrich. Il a établi des plans de construction qui prévoient l'édification de milliers de blocs d'habitation pour les colons israéliens à Gaza. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu prend ses distances par rapport à ces plans extrêmes, mais souligne qu'il ne veut pas d'un Etat palestinien autogéré.
«Avantages»: si la volonté politique existait, Israël aurait de bonnes ressources pour aider à la reconstruction.
«Désavantages»: après plus de 67'000 morts, le mépris des Gazaouis pour l'occupant israélien est énorme. Une administration israélienne est donc inimaginable.
Donald Trump
Ses volontés: Trump semble avoir renoncé à ses projets de «Gaza Riviera» et ses installations de luxe. Dans son plan en 20 points, il ne cache toutefois pas qu'il préférerait gouverner lui-même Gaza. Trump veut s'imposer comme chef de l'organe de paix qui décidera de la future administration de l'enclave.
«Avantages»: les cyniques le disent: qui d'autre que l'ancien magnat Donald Trump peut faire de ces ruines une destination à nouveau florissante? En ce qui concerne les aspects purement de construction, ils pourraient avoir raison.
«Désavantages»: un président américain, qui a soutenu – et soutient toujours – Israël, serait considéré comme un oppresseur par la population de Gaza et ne serait donc pas accepté.
D'autres clans
Leurs volontés: Environ 80% de la population de Gaza n'est pas originaire du territoire lui-même, mais a été déplacée de force dans l'enclave après la création de l'Etat d'Israël en 1948. Beaucoup de ces exilés se sont regroupés en clans familiaux pour assurer leur survie. Parmi eux, le clan Doghmush, basé dans la ville de Gaza, est devenu célèbre: ses membres s’affrontent depuis 2008 dans des combats sanglants avec le Hamas. Ces clans cherchent avant tout à préserver leur influence locale, sans pour autant vouloir gouverner l’ensemble de la bande de Gaza. Leur objectif? Négocier des arrangements avantageux avec la future administration, quelle qu’elle soit.
Conclusion: Peu importe qui prendra les commandes à Gaza, le travail pour reconstruire et faire revivre le territoire est immense. Des millions de personnes traumatisées, des milliards d'investissements nécessaires, une profonde division sociale. L'avenir sera encore douloureux.