Pas besoin d'être un expert pour comprendre la gravité de la situation. Le toit est criblé de trous, la porte ferme mal, des câbles électriques sortent du mur et les taches d'eau au plafond sont un véritable nid à moisissures. Les fentes dans le toit mesurent jusqu'à sept centimètres de largeur.
Suzy Darbellay est désespérée. «Comment vais-je passer l'hiver ici?», demande-t-elle en indiquant son logement. Quand il pleut, les gouttes d'eau s'infiltre partout. «Je dois sortir des seaux.»
«Un peu de confort»
Depuis bientôt neuf ans, Suzy vit dans un bungalow sur un camping à Collonges (VS) sans payer de loyer. En effet, ce bungalow appartient à sa famille. En tant que bénéficiaire de l'AI avec une rente mensuelle de 1880 francs, la cinquantenaire n'a pas les moyens de trouver un autre logement.
Elle souffre de dystonie, un trouble neurologique de la motricité caractérisé par des contractions musculaires involontaires et persistantes. Les symptômes typiques: crampes musculaires, tremblements, douleurs et une mauvaise posture, et ces symptômes s'aggravent en cas de stress ou d'effort. «Tous les trois mois, je dois me rendre à l'hôpital de Sion, où l'on me fait 14 injections pour soigner mes tremblements», explique Suzy.
Pour joindre les deux bouts, elle mise sur des produits de seconde main, souvent offerts par des proches. «C'est comme ça que j'ai reçu mon sèche-linge, c'était un cadeau», dit-elle. «Je fais attention à chaque centime, je suis toujours à la recherche de la meilleure affaire.»
Il y a deux ans, Suzy a voulu améliorer sa situation en matière de logement. Elle a hérité d'environ 100'000 francs de sa tante, elle a donc voulu faire réparer le toit et les murs du bungalow et faire une extension. «Je voulais juste pouvoir vivre un peu plus confortablement», dit-elle, avant d'ajouter: «Jusqu'alors, je n'avais pas de salon et seulement une toute petite cuisine». Les travaux ont commencé l'année dernière.
Un cauchemar
Mais son rêve tourne vite au cauchemar. «Le toit fuit et il est tordu. Le plafond est couvert de taches d'eau et il y a des premiers signes de moisissure. La porte d'entrée ne ferme pas et les fenêtres ont été mal dimensionnées», énumère Suzy. La façade ne serait pas finie, les murs seraient troués. La façade est inachevée et les murs sont troués. A l'intérieur, les panneaux du toit sont rayés, le plafond est tordu et des câbles pendent des murs. «Un plancher mal posé a dû être arraché. J'habite dans un immeuble froid, humide et abandonné», se désole Suzy.
Elle n'a plus d'argent pour réparer les dégâts. «L'héritage de ma tante est parti là-dedans», dit-elle en montrant l'extension de son bungalow, apparemment mal construite. «J'ai tout perdu.» C'est seulement grâce à l'aide d'un ami que le plus gros des dégâts a pu être plus ou moins réparé.
Mais la partie n'est pas gagnée pour autant, Suzy redoute l'hiver et ses basses températures, car l'isolation a aussi été mal installée. Certains murs en sont totalement dépourvus, tandis que sur d'autres, la laine de verre est exposée sans protection aux intempéries.
Suzy n'a même pas les moyens pour se chauffer et utilise un chauffage à pellets. «Même si je peux en acheter à bas prix, ce système me coûte en moyenne plus de 210 francs par mois. C'est tout simplement trop avec ma pension d'invalidité.» Elle passera probablement l'hiver à grelotter. «Rien que d'y penser, ça me tue», souffle-t-elle.
Pas de prestations
Le cœur du problème, c'est que Suzy n'a pas accès aux prestations complémentaires. Elle possède une petite partie de l'appartement de ses parents décédés. Mais la communauté des héritiers est divisée et elle ne reçoit pas directement l'héritage. «Je n'ai donc pas de liquidités, mais je suis aussi trop riche pour bénéficier des prestations complémentaires», résume-t-elle.
C'est d'autant plus grave, selon elle, que son extension n'a pas été réalisée dans les règles de l'art. «Au lieu d'une belle ferme, j'ai une grange crasseuse», déclare Suzy. «Je suis en mode survie et j'ai besoin d'aide».
Tout n'a pas été payé?
Interrogée par Blick, l'entreprise de couverture a imputé la responsabilité du sinistre à Suzy. «Elle n'a pas payé la totalité du montant demandé», explique l'entreprise. «Les travaux se poursuivront si Madame Darbellay répond à nos exigences».
L'entreprise qui a réalisé les travaux menuiserie rejette aussi toute responsabilité. «La collaboration a été très difficile, Madame Darbellay a formulé à plusieurs reprises de nouvelles demandes non budgétisées», explique le chef d'entreprise. De plus, elle n'a pas réglé toutes les factures pendant les travaux. Il n'a donc pas été possible de terminer les travaux de manière satisfaisante.
Suzy, elle, voit les choses différemment. «Bien sûr, je ne paierai pas tout si le travail a été aussi bâclé», dit-elle.