L’assurance-invalidité (AI) traverse une crise financière. La hausse marquée des nouvelles rentes en est la principale cause. Lors de la prochaine révision de l’AI, ce sont les jeunes qui pourraient être visés. C’est ce que révèlent des documents internes du Département de l’intérieur de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, que Blick a pu consulter grâce à la loi sur la transparence.
Selon ces documents, une «prestation d’intégration» pourrait remplacer la rente AI pour les jeunes, soit une sorte de rente allégée. Mais les critiques fusent déjà, y compris au sein du Parti socialiste de Baume-Schneider. Le conseiller national Islam Alijaj (ZH), engagé pour les droits des personnes handicapées, met en garde contre ce qu’il appelle une «assurance-empêchement».
Préoccupation pour les jeunes
Selon les documents, le principe «la réadaptation prend le dessus sur la rente» devrait être renforcé, avec un accent mis sur les jeunes. L’idée est d’introduire une prestation d’intégration afin «d’éviter que les jeunes assurés ne glissent prématurément vers la rente», peut-on lire dans ces documents. Il y est aussi question d’une «rente d’intégration».
Concrètement, les jeunes dont le diagnostic reste traitable pourraient obtenir un nouveau statut. Une indemnité temporaire, probablement inférieure à une rente AI classique, est à l’étude. Cette prestation serait associée à des mesures d’accompagnement, comme un suivi médical structuré.
«Nous avons besoin d'une assurance d'inclusion»
Islam Alijaj s’oppose fermement à ce projet. Selon lui, l’AI ne doit pas ériger d’obstacles supplémentaires, mais au contraire lever les barrières. «Au lieu de freiner les gens, elle doit les soutenir», déclare-t-il. L’élu estime que l’AI doit enfin devenir ce que la Convention de l’ONU sur les droits des personnes handicapées exige de la Suisse, à savoir un véritable instrument d’inclusion. Les jeunes, dit-il, «ont besoin d’un sac à dos rempli d’outils pour entrer dans la vie active, et l’AI a le devoir de remplir ce sac à dos».
Sa crainte est claire: L’AI pourrait «empêcher plutôt que permettre», ce qui contredirait le principe d’autodétermination et de participation. «Nous avons besoin d’une assurance d’inclusion, pas d’une assurance d’empêchement», insiste-t-il.