«La suspension d’Elise Buckle est un déni de démocratie.» Quelques minutes après l’annonce fracassante du Conseil d’État, Jérôme Christen, contacté par Blick, ne mâche pas ses mots. Source de son courroux: ce mercredi après-midi, le gouvernement vaudois a suspendu la municipale écologiste de Nyon avec effet immédiat et jusqu’au 30 juin, précise son communiqué.
La réaction de Jérôme Christen n’étonnera pas grand monde. Le président du groupe des libres au Grand Conseil avait lui aussi été accusé de violation du secret de fonction avant d’être suspendu en 2018 alors qu’il siégeait au sein de l’Exécutif veveysan. La justice avait fini par partiellement l’acquitter en 2019. Son collègue Michel Agnant avait connu exactement le même sort.
Des événements douloureux qui ont fini par leur coûter leur poste de municipal. L’année dernière, lors des élections communales, les deux compères avaient pris une veste (lire encadré ci-dessous).
En avril 2018, «24 heures» révélait des problèmes au sein de la Fondation Apollo. Son président le municipal socialiste veveysan Lionel Girardin sous-loue alors des locaux de la Ville et emploie des membres de sa famille, son épouse et son frère sans en avoir le droit.
Après un audit du Contrôle cantonal des finances, le Conseil d’Etat décide de déposer une plainte pénale. Le Ministère public engage des poursuites, notamment, pour gestion déloyale d’intérêt public.
Peu après, la Municipalité demande au Conseil d’État la suspension préventive de l’élu socialiste. Le gouvernement s’exécute. Fin de l’histoire? Tant s’en faut.
Une véritable saga
En décembre, Jérôme Christen et Michel Agnant, les deux municipaux de Vevey Libre, sont suspendus à leur tour. La raison? Ils sont notamment accusés d’avoir transmis des informations qui relèveraient du secret de fonction à la Commission de gestion (COGES).
Après plus de deux ans de procédures, de suspensions, de perquisitions et autres rebondissements, Michel Agnant et Jérôme Christen ont été partiellement acquittés. Ils sont blanchis pour avoir donné des documents à un avocat et à la COGES.
Ils sont reconnus coupables sur un seul des trois points: la transmission d’un procès-verbal et d’un extrait à leur «collaborateur» Christophe Privet, détaillait le grand quotidien vaudois. Ils écopent de 10 jours-amende à 80 francs avec sursis. Un jugement qui a laissé des traces: Jérôme Christen et Michel Agnant n’ont pas réussi à se faire réélire lors des élections communales de mars 2021.
De son côté, Lionel Girardin a écopé en décembre 2021 d’une année de prison avec sursis. La Cour d’appel pénale vaudoise avait maintenu cette peine pour l’ancien municipal, jugé coupable de gestion déloyale des intérêts publics dans le cadre de ses activités de président d’une fondation.
En avril 2018, «24 heures» révélait des problèmes au sein de la Fondation Apollo. Son président le municipal socialiste veveysan Lionel Girardin sous-loue alors des locaux de la Ville et emploie des membres de sa famille, son épouse et son frère sans en avoir le droit.
Après un audit du Contrôle cantonal des finances, le Conseil d’Etat décide de déposer une plainte pénale. Le Ministère public engage des poursuites, notamment, pour gestion déloyale d’intérêt public.
Peu après, la Municipalité demande au Conseil d’État la suspension préventive de l’élu socialiste. Le gouvernement s’exécute. Fin de l’histoire? Tant s’en faut.
Une véritable saga
En décembre, Jérôme Christen et Michel Agnant, les deux municipaux de Vevey Libre, sont suspendus à leur tour. La raison? Ils sont notamment accusés d’avoir transmis des informations qui relèveraient du secret de fonction à la Commission de gestion (COGES).
Après plus de deux ans de procédures, de suspensions, de perquisitions et autres rebondissements, Michel Agnant et Jérôme Christen ont été partiellement acquittés. Ils sont blanchis pour avoir donné des documents à un avocat et à la COGES.
Ils sont reconnus coupables sur un seul des trois points: la transmission d’un procès-verbal et d’un extrait à leur «collaborateur» Christophe Privet, détaillait le grand quotidien vaudois. Ils écopent de 10 jours-amende à 80 francs avec sursis. Un jugement qui a laissé des traces: Jérôme Christen et Michel Agnant n’ont pas réussi à se faire réélire lors des élections communales de mars 2021.
De son côté, Lionel Girardin a écopé en décembre 2021 d’une année de prison avec sursis. La Cour d’appel pénale vaudoise avait maintenu cette peine pour l’ancien municipal, jugé coupable de gestion déloyale des intérêts publics dans le cadre de ses activités de président d’une fondation.
Mais revenons à Nyon, ce 9 février 2022 et au cas d’Elise Buckle. Ses collègues de l’Exécutif communal considèrent que la confiance est rompue et demandait sa suspension.
La Municipalité avait déposé une plainte pénale au mois de décembre, estimant que les fuites constatées depuis la fin de l’été — qui se sont retrouvées en mains des syndicats et de la presse — sont de son fait. Une procédure pénale a été ouverte à son encontre. De son côté, la principale intéressée s’est toujours défendue avec force. Mais rien n’y a fait.
La mesure est-elle justifiée?
Jérôme Christen se dit très surpris par la décision du Conseil d’État, qui s’appuie sur celle du Ministère public chargé de l’affaire. «Je ne m’attendais pas à ce que le gouvernement passe à l’acte, glisse-t-il au téléphone. Au vu des précédents dont je fais partie, il faut s’interroger: les faits reprochés à Nyon sont-ils suffisamment graves pour justifier une telle mesure?»
Selon le centriste, cette suspension ferait fi de la présomption d’innocence. «A priori, les fuites pourraient aussi venir de l’administration qui était en souffrance, avance le Veveysan. En réalité, on n’en sait rien.» Il enchaîne: «J’estime que seul le peuple peut défaire ce qu’il a fait. Je perçois donc l’intervention du Conseil d’Etat comme une ingérence dans les affaires communales.»
Pour mémoire, l’élue verte dans la tourmente est entrée en fonction cet été. Quelques jours plus tard, une violente crise RH autour d’un conflit entre deux chefs de service a éclaté au sein de l’administration communale, rappelle «24 heures». Des dissensions concernant la gestion de ces problèmes ont alors provoqué une scission au sein de l’Exécutif, isolant l’écologiste.
Que va-t-il se passer maintenant? En étant suspendue de ses fonctions, Elise Buckle ne pourra plus siéger au sein du collège, ni assister aux séances du Conseil communal. Son dicastère lui a été retiré. Elle continuera toutefois à toucher ses indemnités. Même si la mesure est temporaire, elle pourrait être prolongée si l’enquête n’est pas encore terminée au 30 juin.
Alors, sa carrière politique est-elle d’ores et déjà terminée? Peut-on sincèrement imaginer un retour à la normale si la justice devait finir par la blanchir? «J’espère que les électeurs sauront faire la part des choses si cela se produit, soupire Jérôme Christen. Mais malgré un acquittement, certains continueront de dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Le discrédit est maintenant jeté sur cette Municipale avant une éventuelle condamnation. Sa présomption d’innocence n’est pas respectée. C’est regrettable.»