Un nouveau sondage Tamedia fait trembler les opposants à l'initiative sur l'immigration de l'Union démocratique du centre (UDC). 48% des personnes interrogées seraient favorables au texte du parti conservateur, et seulement 41% seraient contre. Les personnes restantes sont encore indécises.
Avec cette initiative, l'UDC veut empêcher le nombre d'habitants en Suisse d'atteindre les 10 millions avant 2050. Pour réaliser cet objectif, le parti est prêt à remettre en question la libre circulation des personnes avec l'Union européenne (UE) et, de fait, les accords bilatéraux. Les chances de succès dans les urnes sont bonnes, selon les sondages. Le Centre veut donc contrer cette initiative avec un contre-projet direct.
Trois contre-propositions sur la table
Le débat battra son plein au Conseil des Etats la semaine prochaine pour décider du sort de trois contre-propositions. La première – celle du conseiller aux Etats du Canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures Daniel Fässler (Le Centre) – reprend le texte de l'UDC, à une exception près. Au lieu de mettre fin automatiquement à l'accord sur la libre circulation des personnes, la population serait appelée à se prononcer sur son maintien une fois le seuil des 10 millions atteint. La deuxième contre-proposition – celle de la conseillère aux Etats du Canton d'Uri Heidi Z'graggen (Le Centre) – vise à inscrire une taxe sur l'immigration dans la Constitution.
Enfin, la troisième contre-proposition – celle de la conseillère aux Etats Petra Gössi (SZ) du Parti libéral-radical (PLR) – veut instaurer un mécanisme strict pour déclencher la clause de sauvegarde. En d'autres termes, si l'immigration nette dépasse 0,8% par an pendant trois années consécutives, la clause de sauvegarde serait activée, d'après cette troisième contre-proposition. Pour une population de neuf millions d'habitants, une augmentation de 0,8% équivaudrait à 72'000 personnes.
Aucune des trois propositions n'a trouvé de majorité au sein de la commission compétente du Conseil des Etats. Mais les résultats du sondage n'étaient pas encore disponibles. Les positions des conseillers vont-elles changer maintenant que c'est le cas?
Une chose est sûre: l'UDC veut faire valider son initiative populaire par le Conseil des Etats et ne s'intéresse pas du tout à une quelconque contre-proposition édulcorée. La gauche, quant à elle, s'oppose à un durcissement des lois sur l'asile et le regroupement familial. Quant aux Vert'libéraux, ils veulent freiner l'immigration en sollicitant davantage la main-d'œuvre nationale.
Le PLR comme facteur clé
Dans cette situation, le PLR est donc un acteur décisif. En plus des 14 voix du Centre, la contre-proposition a besoin du soutien de 9 des 12 sénateurs PLR pour obtenir la majorité. Parmi ces neuf voix essentielles se trouve celle de Petra Gössi. «L'immigration est la principale préoccupation des Suisses», déclare-t-elle à Blick.
Beaucoup voient les trains bondés, les embouteillages croissants sur l'autoroute ainsi que l'augmentation des loyers et du coût de la vie d'un très mauvais œil. «Si les gens se décident en fonction de leur instinct, ils risquent de voter 'oui' à l'initiative», poursuit l'ex-présidente du parti bourgeois. «Avec une contre-proposition, nous montrons que nous prenons ce problème au sérieux, sans pour autant compromettre immédiatement la libre circulation des personnes.»
Mais sa position reste minoritaire au sein du PLR. «Jusqu'à présent, je ne vois aucune contre-proposition qui fasse vraiment avancer notre pays», déclare le conseiller aux Etats lucernois Damian Müller. Selon lui, la Suisse est soumise à une forte pression démographique. «Nous traversons une crise de main-d'œuvre et il nous manquera environ un demi-million de travailleurs qualifiés dans les années à venir.»
Il comprend que ces prévisions inquiètent de nombreuses personnes, à juste titre. «C'est pourquoi nous avons besoin de solutions efficaces», déclare Damian Müller. «L'immigration doit strictement être régie en fonction du marché du travail. Les expulsions doivent être mises en œuvre de manière systématique, sans exception.» Et il faut, selon lui, mieux exploiter le potentiel des Suisses. «Travailler plus doit redevenir possible et avantageux, notamment pour les travailleurs âgés et ceux qui touchent des revenus complémentaires.»
«Un coup de poker trop risqué»
Même si les conseillers aux Etats centristes continuent d'essayer de convaincre leurs collègues de soutenir une contre-proposition, ils sont bien conscients que leur mission est difficile. «Pour y arriver, il faudrait encore que certains conseillers aux Etats s'écartent de la doctrine du parti», dit Daniel Fässler. Mais se présenter aux votations sans contre-proposition serait un «coup de poker trop risqué», prévient-il, «l'initiative contre l'immigration de masse devrait nous servir de leçon.»
Son avertissement risque de ne pas être entendu par la Chambre haute. Le Conseil des Etats devrait suivre le Conseil national, qui a déjà balayé une proposition du Centre lors de la session d'automne par 161 voix contre 30. Le PLR, le Parti socialiste (PS) et les Vert-e-s se mettent au diapason! L'initiative sera donc soumise au peuple à blanc, probablement en juin 2026.