1485 décès supplémentaires par an et près de 3000 réadmissions non planifiées. Le Brexit a de lourdes conséquences sur le système de santé britannique. Avec le durcissement des règles d’immigration pour les citoyens de l’UE, la qualité des soins diminue et la mortalité augmente.
C’est la conclusion d’une étude de l’Institut allemand de recherche sur l’avenir du travail, qui analyse l’impact du Brexit sur les hôpitaux du service de santé britannique. La fin de la libre circulation a laissé de nombreuses structures sans personnel qualifié. Des postes sont désormais occupés par des personnes moins formées venues de pays tiers.
Un danger pour la santé des patients
Pour le conseiller national Patrick Hässig, des Vert'libéraux (PVL) ces résultats doivent alerter la Suisse. «Cette étude est un cri d’alarme pour notre pays» souligne cet infirmier diplômé. «Les effets du Brexit sur les soins britanniques sont dramatiques. Le même scénario nous menace.» Patrick Hässig s’inquiète de l’initiative UDC qui veut empêcher la Suisse d’atteindre dix millions d’habitants d’ici 2050 et, si nécessaire, mettre fin à la libre circulation avec l’UE ainsi qu’aux accords bilatéraux.
«Ce serait dévastateur pour la Suisse» affirme-t-il. Dans son quotidien d’infirmier, il constate que le secteur souffre déjà d’un manque aigu de personnel. «Si nous supprimons la libre circulation, nous plongeons un système surchargé dans le chaos, dit-il. Il faudra alors annoncer honnêtement aux patientes et aux patients que leur prise en charge sera plus longue et moins bonne.»
Près d'un médecin sur deux vient de l'étranger
La Suisse dépend largement du personnel venu de l’étranger. Un infirmier sur trois et près d’un médecin sur deux viennent d’un autre pays. «Ce sont ces personnes qui font fonctionner notre système de santé» rappelle le conseiller national zurichois. «Rendre leur arrivée plus difficile serait irresponsable.»
Selon lui, trop de professionnels quittent déjà le secteur et trop peu y entrent. Ajouter de l’incertitude politique accentuerait encore cette crise. La fin de la libre circulation ne mettrait donc pas seulement les soins sous pression, elle représenterait un risque direct pour la sécurité des patients. Pour Patrick Hässig, «l’initiative de l’UDC n’est pas seulement un risque pour la santé, elle met des vies en jeu».
«Nous pouvons augmenter les contingents»
A l’UDC, on rejette ces inquiétudes. «Si l’immigration baisse, il faudra moins de personnel soignant supplémentaire» affirme le président du groupe UDC Thomas Aeschi. «Avec cette initiative, des personnes pourront continuer à venir, mais en nombre réduit par rapport à aujourd’hui.»
Il estime que la Suisse n’est pas comparable à la Grande-Bretagne et que son attractivité reste forte grâce aux salaires élevés et à la qualité de vie. Pour l'UDC, il s’agit de gérer l’immigration de manière ciblée. «Si nous avons besoin de plus de personnel qualifié, nous pouvons augmenter les contingents.»
Selon Thomas Aeschi, la résiliation de la libre circulation ne deviendrait d’actualité qu’une fois le seuil des dix millions dépassé. «Mais nous n'en arriverons pas là, car en cas d'acceptation de l'initiative, l'économie réduira d'elle-même l'immigration afin d'éviter une résiliation», estime le conseiller national.
Le débat s’annonce tendu: le Conseil national rejette l’initiative, le Conseil des Etats se prononcera lors de la session d’hiver. Le texte devrait être soumis au vote populaire à l’été 2026.