Ces derniers mois, le Département de la défense (DDPS) a enchaîné les scandales. De nombreux projets ont été retardés, le groupe d'armement Ruag – détenu par la Confédération – est empêtré dans une affaire de fraude et Washington a augmenté le prix des F-35.
Le DDPS traîne ces casseroles depuis l'époque de Viola Amherd et même avant. Martin Pfister est donc entré en fonction en promettant de faire table rase du passé tumultueux du DDPS. Cinquante jours après sa prise de poste, il a déclaré aux médias: «Je veux apporter des changements là où c'est nécessaire.» Il s'apprête maintenant à resserrer la vis.
Dès 2026, les 17 projets phares du DDPS seront supervisés par des consultants externes, a appris Blick. Les projets en question sont cruciaux: l'achat des F-35, le système de défense aérienne Bodluv, les nouveaux radars, la télécommunication moderne, le projet de numérisation et la reconnaissance par drones. Bref, des projets décisifs pour le futur de l'armée et la sécurité de la Suisse.
Fini les conseillers internes
Interrogé à ce sujet, le DDPS nous le confirme: «La gestion de la qualité et des risques (QRM) dans les projets de pointe sera encore renforcée». Même si chaque grand projet dispose déjà d'un QRM, à l'avenir, Martin Pfister veut faire appel exclusivement à des spécialistes externes.
Autre nouveauté: l'attribution et la gestion des contrats ne sont plus du ressort des chefs de projet, mais du Secrétariat général, dirigé par le Secrétaire général adjoint Robert Scheidegger. Un appel d'offres pour ces mandats est déjà en ligne sur la plateforme Simap depuis mardi.
Jusqu'à présent, des experts internes étaient impliqués dans le processus QRM. Avec ce changement radical, Martin Pfister veut garantir «la plus grande indépendance possible» et «contribuer à l'amélioration des projets», comme l'explique un porte-parole du DDPS. Des experts externes pourraient évaluer de manière indépendante la direction, la gestion, le contrôle des risques et les résultats.
Le DDPS ne révèle pas le coût de ce projet pour «ne pas influencer l'appel d'offres». Une chose est sûre: les accords-cadres sont valables pendant douze ans et le DDPS prévoit environ 2400 heures de conseil par an. Le coût total devrait donc se chiffrer en millions de dollars, une activité lucrative pour les cabinets de conseil.
Les externes démunis
De son côté, Martin Pfister espère réaliser des «économies d'échelle» et maîtriser les coûts en centralisant l'attribution des contrats. De plus, les prestations QRM devront être «plus flexibles, plus adaptées aux besoins et plus rapidement disponibles», selon un porte-parole du DDPS. L'expertise nécessaire et les évaluations indépendantes seront mises à disposition des projets à tout moment.
Reste à savoir si ce changement permettra de remettre le DDPS à flots. Si les consultants externes peuvent formuler des recommandations, ils manquent de ressources pour les mettre en œuvre. De plus, l'affaire des F-35 prouve que les consultants externes peuvent aussi se tromper: le cabinet d'avocats Homburger avait assuré au DDPS, dans une expertise, que le prix était fixé. Mais à présent, la Suisse sait très bien que c'est loin d'être le cas.