La guerre en Ukraine fait rage depuis plus de trois ans. L'armée de Volodymyr Zelensky utilise tous les moyens à sa disposition pour ralentir l'avancée russe, y compris la destruction de centaines de ponts, de tunnels et de pistes d'atterrissage. Cette situation a fait réfléchir le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) David Zuberbühler. Ce dernier a demandé au ministre de la Défense Martin Pfister, si l'arrêt du programme de démolition était une erreur pour la défense suisse.
En effet, juste après le début de la Seconde Guerre mondiale, l'armée avait installé des milliers d'objets explosifs dans tout le pays. Dans les années 1980, on comptait encore environ 2000 engins explosifs. Mais à partir de 1991, les charges explosives ont progressivement été retirées – jusqu'à fin 2014 où elles ont finalement toutes été enlevées.
La stratégie est devenue trop rigide
Face aux menaces actuelles, David Zuberbühler ne comprend pas pourquoi le Département de la défense (DDPS) refuse de reprendre cette stratégie de défense. Après tout, celle-ci permettrait à la Suisse de «rendre son territoire infranchissable en cas de crise ou de guerre, même face à des armées supérieures».
Mais pour le Conseil fédéral et Martin Pfister, cette stratégie n'est plus d'actualité. Les conflits modernes exigent aujourd'hui davantage de flexibilité de la part des troupes au sol. Les objets explosifs rigides sont moins adaptés pour réagir rapidement à l'évolution de certaines situations comme le blocage des axes par des moyens mobiles tels que les mines antichars par exemple.
Complexe et coûteux
De plus, l'armée suisse estime que la reconstruction d'un dispositif explosif comparable prendrait quinze ans. Il faudrait également évaluer l'importance militaire de milliers de structures, acquérir et étudier des milliers de plans de construction, et obtenir des autorisations avant même de pouvoir commencer les travaux. Sauf que tout cela a un coût... et à cela s'ajoute un manque de spécialistes formés pour la construction, l'exploitation et l'entretien de telles infrastructures.
Des obstacles bien préparés, tels que des champs de mines ou la destruction ciblée de ponts et de voies de circulation, peuvent ralentir un assaillant, l'empêchant de pénétrer en terrain découvert. Parallèlement, la destruction des infrastructures complique la reconquête d'un territoire perdu, fait remarquer le DDPS, notamment dans les zones urbanisées comme la Suisse.
Et pourtant, le département de la Défense se laisse une échappatoire. Après tout, les avantages des mesures d'entrave sont indéniables, à condition qu'elles soient adaptées aux circonstances actuelles. L'armée révisera pourrait encore ses concepts d'ici la fin de l'année: le conseiller fédéral Martin Pfister préfère ainsi garder ses options ouvertes.