Trump conseille à Kiev d'attaquer
Le «Flamingo» va-t-il faire basculer la guerre en Ukraine?

Donald Trump, qui se voulait médiateur, pousse désormais l'Ukraine à l'offensive. Des experts analysent les chances de Kiev et esquissent les scénarios possibles de l'évolution de la guerre.
Publié: 25.08.2025 à 10:06 heures
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Dernière mise à jour: 25.08.2025 à 10:09 heures
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Le missile développé en Ukraine, baptisé Flamingo, est désormais produit en série.
Photo: X Fire Point
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Guido Felder

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump n'a pas réussi à tenir sa promesse électorale d'apporter la paix en Ukraine. Probablement déçu par le président russe Vladimir Poutine, pour qui la paix ne semble pas être une priorité, il a annoncé vouloir se retirer, pour l'instant, des négociations.

Un cessez-le-feu en Ukraine paraît soudain moins l’intéresser. Au contraire, avec son mot d’ordre «Play offensive», Donald Trump appelle désormais l’Ukraine à ne plus se limiter à la défense, mais à attaquer la Russie. «Les armes les plus récentes sont déjà affûtées!», prévient-il.

Jeudi, sur sa plateforme Truth Social, il a écrit: «Il est très difficile, voire impossible, de gagner une guerre sans attaquer le pays de l’envahisseur.» Une comparaison sportive a suivi: une équipe, même dotée d’une défense fantastique, n’a aucune chance de victoire sans une offensive solide.

Zelensky accueille le soutien de Trump

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accueilli avec gratitude ce soutien indirect à l’offensive contre la Russie. «Le président américain a tout à fait raison», a-t-il réagi. Selon lui, l’Ukraine doit sortir de son état de défense permanente et prendre elle-même l’initiative, car Vladimir Poutine «ne comprend rien d’autre que le pouvoir et la pression». Volodymyr Zelensky a ajouté: «Il faut mettre fin à cette guerre, nous devons faire pression sur la Russie.»

Les signes d’espoir observés avant les sommets de Donald Trump avec Vladimir Poutine en Alaska, puis avec Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens à Washington, se sont dissipés. Les deux camps ont intensifié leurs bombardements.

Un nouveau missile ukrainien: le Flamingo

Si l’Ukraine suit les conseils de Donald Trump et intensifie ses attaques, elle pourrait miser sur un nouvel armement: le missile de croisière Flamingo, développé en seulement neuf mois.

Derrière ce nom anodin se cache un engin guidé capable de transporter une ogive nucléaire de 1150 kilos sur une distance de 3000 kilomètres – bien au-delà de Moscou, située à 500 kilomètres de la frontière ukrainienne. La production en série vient de commencer et devrait bientôt atteindre 200 unités par mois.

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La fusée «Flamingo», développée en Ukraine, a une portée d'environ 3000 kilomètres.
Photo: X Fire Point

Problème: selon le «Wall Street Journal», le Pentagone bloque depuis le printemps les autorisations nécessaires, tant pour les systèmes américains que pour les missiles étrangers dont l’utilisation dépend du soutien logistique des Etats-Unis.

Des armes, mais surtout des soldats

Mais un seul missile ne fait pas une armée. L’Ukraine reste tributaire du soutien international. «Ce dont elle a le plus besoin, ce sont des pièces de rechange, des munitions et du matériel lourd – et le plus vite possible», estime Marcel Berni, expert en stratégie à l’Académie militaire de l’EPFZ. Washington se dit prêt à vendre des armes à l’Europe, qui les livrerait ensuite à Kiev.

Les renseignements américains jouent aussi un rôle crucial, tout comme les images satellitaires qui permettent aux missiles ukrainiens d’atteindre leurs cibles avec précision. Reste à savoir si Donald Trump continuera à partager ces informations.

Le véritable problème de l’Ukraine demeure le manque de soldats. Après avoir déjà abaissé l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans, les autorités envisagent d’aller encore plus loin.

La stratégie de la surprise

Sur le terrain, la situation reste difficile. «L’Ukraine est dos au mur sur tous les fronts, et parvient tout juste à tenir ses positions, tandis que la Russie regroupe une puissante force d’attaque près de Zaporijia», analyse Klemens Fischer, professeur de relations internationales à l’Université de Cologne. «Le moment ne semble donc pas favorable à une contre-offensive terrestre ukrainienne.»

Il existe toutefois une option stratégique: la surprise. L’Ukraine l’a déjà démontré, lors de l’incursion près de Koursk l’an dernier ou lors de l’attaque de drones coordonnée contre des bases russes le 1er juin.

Marcel Berni précise: «Une attaque devrait survenir sans crier gare. Elle serait plus efficace si elle était asymétrique, avec des innovations technologiques inattendues, et menée simultanément sur plusieurs plans – aérien, terrestre et cybernétique. Cela paralyserait l’occupant.»

Les ambitions de Poutine

Selon John R. Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, l’objectif de Vladimir Poutine demeure inchangé: la restauration de l’Empire russe. «Il veut réintégrer toute l’Ukraine à la Russie», a-t-il affirmé à Blick.

En attendant, la guerre devrait se poursuivre. Marcel Berni conclut: «La Russie se considère du côté des vainqueurs. Elle continuera à miser sur son avantage de masse et sa patience stratégique. Poutine ne participera à des négociations que pour ménager Donald Trump et éviter de nouvelles sanctions. Peut-être qu’un jour, une partie cédera. Mais nous n’en sommes pas encore là.»

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