Le président américain Donald Trump a affiché de la compréhension pour les préoccupations de la délégation européenne et souhaite réunir le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky autour d’une même table. Le président français Emmanuel Macron a même déjà une idée du lieu: Genève.
Tout cela paraît simple et prometteur. Mais jusqu’ici, Vladimir Poutine a toujours refusé de s’asseoir avec celui qu’il qualifie de «marionnette de l’Occident». Et cela ne devrait pas changer. La rencontre envisagée entre les deux présidents est l’un des principaux résultats du sommet de lundi soir à Washington. Donald Trump lui-même veut la préparer, comme il l’a écrit sur sa plateforme Truth Social. Elle pourrait se tenir dans les deux prochaines semaines.
Des signaux positifs du Kremlin
Des indices encourageants arrivent de Moscou. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré aux médias russes: «Nous ne rejetons aucune forme de coopération, qu’elle soit bilatérale ou trilatérale – le président Poutine l’a souligné à plusieurs reprises». Reste à savoir si Vladimir Poutine participera en personne à de tels entretiens.
Poutine va-t-il se dérober?
Ulrich Schmid, expert de la Russie à l’Université de Saint-Gall, se montre sceptique: «Je pense qu’il est peu probable qu’une rencontre entre Zelensky et Poutine ait lieu», explique-t-il à Blick. Selon lui, c’est une stratégie habile de Volodymyr Zelensky de rappeler sans cesse sa volonté de rencontrer Poutine: cela le place sous pression.
Mais Ulrich Schmid estime que Vladimir Poutine cherchera à se dérober en posant de multiples conditions préalables. Pour lui, Zelensky reste un président illégitime et il pourrait exiger des élections et un nouvel interlocuteur. Le Kremlin pourrait aussi imposer un renoncement à tout rapprochement avec l’OTAN et réclamer la «dénazification» du gouvernement ukrainien comme condition. Vladimir Poutine affirme en effet que l’Ukraine est dirigée par des nazis et qu’il entend «purger» le pays par son opération militaire spéciale.
L’expert s’attend malgré tout à une rencontre russo-ukrainienne, car «personne ne veut s’attirer la colère de Trump». Mais, selon lui, elle se tiendrait probablement à un niveau inférieur à celui des présidents.
Poutine en position de force
Dans les négociations menées jusqu’à présent, Ulrich Schmid estime que Vladimir Poutine a marqué des points: «Il a apparemment convaincu Trump qu’un cessez-le-feu n’était pas nécessaire pour entamer des pourparlers de paix». Selon lui, l’objectif de Poutine est clair: prolonger la guerre pour ne pas s’écarter de son but minimal, la conquête des quatre régions annexées. Les bombardements intensifs et continus en Ukraine en sont la preuve.
Le fait que Donald Trump refuse, pour l’instant, de faire pression sur Moscou ne joue pas en faveur d’un éventuel sommet de la paix. «On n’entend plus parler des 'graves conséquences' que Trump menaçait d’infliger au Kremlin s’il refusait de négocier», souligne Ulrich Schmid.
Un sommet à Genève?
Emmanuel Macron se montre plus optimiste. Dans une interview à TF1, il a déclaré: «Une telle rencontre pourrait avoir lieu en Europe. C’est plus qu’une hypothèse, c’est une volonté collective». Pour lui, le lieu doit impérativement être neutre: «Peut-être en Suisse – je plaide pour Genève», a-t-il lancé. La Turquie reste également une option.
A Berne, la prudence domine. Interrogé par Blick, le chef de la communication du DFAE Michael Steiner a répondu: «La Suisse est toujours à disposition si les parties concernées le souhaitent». De son côté, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a déclaré que la Suisse était «plus que prête» à accueillir un sommet entre la Russie et l'Ukraine.