Macron pousse les volontaires
Ces soldats européens vont-ils mourir pour la paix en Ukraine?

La «coalition des volontaires» se réunit ce jeudi 4 septembre à Paris, menée pour l'essentiel par Emmanuel Macron et Keir Starmer. «Nous sommes prêts», a répété le président français à Volodymyr Zelenksy. Mais prêts à quoi, face au refus de Moscou?
Publié: 13:01 heures
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Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se sont entretenus en tête-à-tête avant la rencontre de la coalition des volontaires ce jeudi 4 septembre à Paris.
Photo: imago/Le Pictorium
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il faut utiliser les mots justes. Dire que les Européens sont «prêts» pour garantir la sécurité de l’Ukraine après un accord de paix, comme l’a fait Emmanuel Macron à la veille de la rencontre de la «coalition des volontaires» ce jeudi 4 septembre à Paris, soulève d’abord des questions.

A l’heure où la Russie de Poutine continue de refuser le déploiement de troupes étrangères sur le sol ukrainien, et de mettre son veto encore plus ferme à toute présence de troupes de l’OTAN, ce plan européen est-il sérieux? Des soldats de cette coalition d’une quinzaine de pays, qui inclut aussi l’Alliance Atlantique et l’Union européenne, sont-ils prêts à mourir pour la paix en Ukraine, trois ans et demi après le début de la guerre provoquée par Moscou?

Fragiles promesses européennes

A ce stade, deux énormes interrogations demeurent et rendent les promesses européennes fragiles. Point important: ces interrogations n’ont pas encore été dissipées, malgré la rencontre à Washington le 18 août de sept dirigeants européens avec Donald Trump. Ceci, alors que le Kremlin, renforcé dans sa détermination par le soutien de la Chine démontré par la présence de Vladimir Poutine à Pékin ces jours-ci, cherche toujours plus à gagner du temps et à poursuivre son offensive.

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La première question posée, que les Européens n’ont pas tranchée, est celle d’un déploiement de troupes (dont la mission sera de former et de renforcer l’armée ukrainienne, sans être déployées à proximité de la ligne de front) sans accord de paix. En clair: que vaut la promesse européenne si, tant que Poutine dit non, la force de «réassurance» reste une promesse dans les cartons diplomatiques? Le courage serait, au contraire, d’intervenir dès un éventuel cessez-le-feu, ou même avant, au risque de provoquer Moscou. Cela démontrerait l’engagement et la fermeté du soutien occidental à Kiev, au-delà des livraisons d’armes. Mais pour le moment, la réponse est non. Pas question de s’engager sur un terrain d’hostilités. Pas question de risquer une frappe russe sur des cantonnements européens.

Force de «réassurance»

La seconde question, que les Européens éludent jusque-là, est celle du soutien américain requis pour le déploiement de la force de «réassurance» qui pourrait compter entre 20'000 et 30'000 soldats de différentes nationalités (l’Australie et le Canada sont aussi membres de la coalition). Donald Trump manie, sur ce sujet, le chaud et le froid. Il s’est dit prêt à engager les Etats-Unis, mais sans préciser comment. Logistique? Transport? Renseignement? Livraisons d’armes supplémentaires (en plus de celles que les Européens paient pour l’Ukraine)? Tant que ce verrou américain existe, Emmanuel Macron et Keir Starmer, le Premier ministre britannique, ont en fait les mains liées par Washington.

S’ajoute à ces deux questions celle du fardeau respectif que les pays de la coalition sont prêts à supporter. A ce jour, deux grands pays de l’Union européenne, l’Italie et l’Allemagne, ont dit non au déploiement de troupes sur le sol ukrainien. Restent donc deux acteurs principaux: la France et le Royaume-Uni.

Crise politique en France

Mais un élément nouveau est en train de se rajouter côté français: la crise politique. Si le gouvernement français tombe après un vote de défiance lundi 8 septembre, et si une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale était décidée par le président de la République, l’engagement de forces militaires en Ukraine deviendrait très compliqué. Surtout si la droite nationale populiste, plutôt pro-russe, devait l’emporter dans les urnes…

Va-t-on apprendre, ce jeudi 4 septembre à Paris, que des soldats européens sont prêts à mourir pour l’Ukraine? C’est toujours, à ce stade, peu probable. Oui, les plans européens sont prêts. Les chefs d’état-major se sont réunis. Mais la décision finale demeure entre les mains de deux hommes: Donald Trump et Vladimir Poutine.

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