Face à la menace russe
«Garantir la sécurité» de l'Ukraine, ça veut dire quoi pour la Suisse?

Pas de paix possible sans «garanties de sécurité» pour l'Ukraine. Tel est le message que les dirigeants européens veulent faire comprendre lundi 18 août à Donald Trump. Mais concrètement, ça veut dire quoi pour nous?
Publié: 17.08.2025 à 21:29 heures
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La coalition des pays volontaires européens se dit prête à envoyer en Ukraine une force de «réassurance». Mais quel est sera le format?
Photo: imago/Udo Gottschalk
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Richard WerlyJournaliste Blick

C’est la formule sur laquelle tout reposera, lors de l’entrevue de ce lundi 18 août entre Donald Trump, Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens. Impossible d’imaginer un retour de la paix en Ukraine sans «garanties de sécurité». Même le président des Etats-Unis l’accepte: il faut que l’Ukraine puisse, à l’avenir, être protégée par un dispositif militaire dissuasif pour empêcher une nouvelle attaque russe. A quoi peut ressembler un tel dispositif? La Suisse, pays neutre et soutien de l’Ukraine qui applique les sanctions européennes, sera-t-elle concernée et impliquée?

Le point central de ces «garanties de sécurité» est l’aspect militaire. Pour faire simple: l’Ukraine doit disposer d’une force suffisante pour résister à la Russie, qui restera à ses frontières, quel que soit leur tracé à l’issue d’un accord de paix. Pour prendre l’exemple de la Corée du Sud, toujours techniquement en guerre contre la Corée du Nord, la «garantie de sécurité» est la présence sur place, depuis l’armistice de 1953, d’une mission d’observation sur la zone démilitarisée (dont la Suisse fait partie). Mais surtout, la présence d’environ 30'000 soldats américains déployés dans le pays. 

La première réponse est donc la consolidation d’une armée ukrainienne dissuasive, très bien équipée, avec sans doute des moyens aériens. Qui paiera pour cela? Les Européens, car contrairement à Biden, Trump ne donne plus d’armes. Il les vend à ses alliés de l’OTAN pour équiper l’Ukraine.

Des forces étrangères

Deuxième volet de cette garantie militaire: la présence éventuelle sur le sol ukrainien de forces étrangères. Soit pour contrôler le cessez-le-feu le long de la future ligne de partage. Soit pour riposter en cas d’attaque. C’est le second choix qu’ont fait les Européens en proposant une force de «réassurance» d’environ 15'000 hommes de plusieurs pays. Est-elle prête? Peut-elle se déployer sans le soutien des Etats-Unis? La Russie est-elle prête à accepter des contingents de pays membres de l’OTAN? On sait juste que ce projet de force est soutenu par la coalition des pays européens volontaires, dont font aussi partie le Canada et l’Australie. Ses trois coprésidents sont Emmanuel Macron (France), Keir Starmer (Royaume-Uni) et Friedrich Merz (Allemagne). Trois pays qui, a priori, déploieraient des troupes.

Parler de «garanties de sécurité» suppose toutefois d’avoir un mécanisme pour les déclencher en cas d’attaques russes. C’est pour cela que les Etats-Unis ont commencé à évoquer un dispositif «de type OTAN» alors que l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique est la ligne rouge absolue pour Poutine. Plusieurs possibilités existent, toutes soumises au bon vouloir du président américain:

  1. Un possible accord formel entre l’OTAN et l’Ukraine
  2. Un mécanisme qui verrait l’Ukraine intégrer l’OTAN automatiquement si la Russie attaque de nouveau
  3. Des traités nationaux de chaque pays membre avec Kiev (ce qui est déjà le cas avec la France et le Royaume-Uni).

Sanctions financières et commerciales

Une autre garantie de sécurité est l’existence des sanctions économiques et financières contre la Russie. Si celles-ci devaient être levées partiellement pour faciliter les négociations, elles pourraient aussi être réactivées ou augmentées en cas de violation de l’accord passé. Les plus dissuasives seraient les fameuses sanctions secondaires qui frapperaient de tarifs douaniers entre 100 et 150% les produits en provenance des pays acheteurs de pétrole et de gaz russe. 

Or, Donald Trump semble ne plus vouloir en entendre parler. C’est ce volet qui concerne le plus la Suisse, à l’approche d’un 19e paquet de sanctions européennes qui devrait être voté en septembre. La Suisse, place forte du négoce des matières premières, s’alignerait-elle sur des sanctions secondaires visant à isoler la Russie? Peu probable.

Dernière garantie enfin, promise à l’Ukraine depuis l’ouverture des négociations en décembre 2023: l’adhésion future à l’Union européenne (UE). Le traité de l’UE contient en effet un article sur la sécurité collective, le 42.7. Il dit qu’«au cas où un Etat membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres Etats membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir». Mais cela ne vaudra que lorsque l’Ukraine sera un pays membre de l’Union. Si cela arrive...

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