Zelensky, Macron, Meloni
Pour sauver l'Ukraine, ils ont tous flatté Trump à profusion

Tous plus flatteurs les uns que les autres. Pour éviter de tomber dans le piège d'une nouvelle embuscade à la Maison Blanche, Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens ont dompté Donald Trump à coups de compliments. Lui n'a pas changé d'objectifs.
Publié: 18.08.2025 à 23:31 heures
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Dernière mise à jour: 19.08.2025 à 05:01 heures
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Cette fois, la rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump n'a pas fini en pugilat verbal.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Tous y sont allés de leurs compliments. Merci, monsieur le président! Tous ont remercié Donald Trump, en long et en large, pour avoir rencontré Vladimir Poutine en Alaska le 15 août. Présents à la Maison Blanche ce lundi 18 août, les sept dirigeants européens qui ont accompagné Volodymyr Zelensky ont joué à fond le massage d’ego pour rassurer leur hôte. Pas question de prendre le moindre risque de le vexer, avant l’exposé de ses propositions pour en finir avec la guerre en Ukraine.

Ceux qui ont vu ces images retransmises en direct les ont sans doute trouvées surréalistes. Un par un, les Européens présents aux côtés du président Ukrainien ont salué la ténacité diplomatique de Donald Trump, sans faire référence, bien sûr, à leur principale crainte: celle d’une collusion entre lui et Vladimir Poutine.

Zelensky en premier

Volodymyr Zelensky a le premier donné le ton lors de son entretien bilatéral avec celui dont dépend largement l’avenir de son pays. Le chef de l’Etat ukrainien avait déjà, pour calmer le jeu d’entrée, changé de tenue. Pas de cravate ni de costume, mais une veste noire sur une chemise noire, pour bien signifier sa solidarité avec ses compatriotes combattants, mais aussi pour éviter de déclencher une nouvelle salve de critiques assassines. Le 28 février 2015, un journaliste d’un média conservateur l’avait accusé de manquer de respect envers les Etats-Unis, parce qu’il ne portait ni veste ni cravate…

Les scènes les plus marquantes de la soirée, avant la conférence de presse finale, resteront l’échange avec la presse dans le Bureau ovale de Trump et Zelensky, puis le tour de table des dirigeants européens, priés par Donald Trump de dire quelques mots chacun. En février, pris de court et sans doute mal conseillé, Volodymyr Zelensky avait répliqué au vice-président J.D. Vance qui lui avait reproché de ne pas avoir assez remercié Trump. 

Changement radical cette fois: même s’il redoute un rapprochement entre le président des Etats-Unis et son homologue russe, le chef de l’Etat ukrainien ne s’est pas braqué. Il a longuement salué les efforts diplomatiques de son interlocuteur. Il lui a remis une lettre écrite à son intention par sa femme, copiant en quelque sorte la lettre de Melania Trump à Poutine. Il a aussi parlé de territoires, sans rejeter d’emblée toutes concessions.

Flatterie à tous les étages

Et les Européens? Même registre. Flatterie à tous les étages. Mais aussi inquiétude visible sur la suite que donnera Trump à cette réunion inédite de sept dirigeants européens à Washington. Il suffisait de voir le visage fermé d’Emmanuel Macron lors des interventions de chacun, toutes en anglais. Fidèle à son habitude, Donald Trump les avait auparavant couverts de lauriers. Dans des prises de parole sans doute préparées, chaque Européen a donc poussé ses pions: le besoin d’un cessez-le-feu, le besoin de garanties de sécurité, le nécessaire retour des enfants kidnappés par les Russes…

On le savait: la diplomatie «à la Trump» n’a plus rien à voir avec la diplomatie traditionnelle. Tout est affaire de transaction et de «donnant-donnant». La preuve? C’est aux deux Européens qui lui ont récemment le plus fait de concessions que Trump s’est adressé en priorité: le Secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, qui a obtenu fin juin la forte augmentation des contributions à la défense des pays membres, et la présidente de la Commission européenne qui a conclu un deal à 15% de tarifs douaniers.

Superlatifs à gogo

Flatteries, sourires gênés, recours à des superlatifs pour décrire l’action de Trump: la machine à séduire le président des Etats-Unis est en marche pour ces Européens avant tout désireux d’obtenir des garanties de sécurité solides et crédibles pour l’Ukraine, et inquiets de la future rencontre trilatérale que Trump veut obtenir à tout prix avec Poutine et Zelensky. Emmanuel Macron a d’ailleurs parlé de «quadrilatérale» pour signifier qu’il faudra y associer les Européens. Trump n’a pas cillé, tout comme il n’a pas donné de détails sur les garanties prétendument offertes par Vladimir Poutine (avec qui il s'entretiendra après la rencontre), ou sur la date possible d'une tel sommet de la paix à trois.

Il en va, avec le président des Etats-Unis, du commerce comme de la flatterie: d’abord engranger le plus possible de compliments et de bonnes dispositions de ses interlocuteurs. La Maison Blanche était, ce 18 août, l’apogée de la diplomatie de la révérence devant celui qui demeure, pour l’heure, le patron du monde occidental. Face à des Européens venus lui résister, mais obligés d'abord de la complimenter. 

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