Donald Trump est en bonne santé. C’est du moins ce que le président des Etats-Unis vient d’affirmer sur son réseau Truth Social. «Je n’ai jamais été aussi en forme» s’est-il exclamé lundi 1er septembre, après plusieurs jours de silence médiatique. En forme? Cela vaudrait mieux. Car en Chine, le front anti Trump vient de se renforcer sérieusement. Autour d’un trio de poids lourds: Xi Jinping, Vladimir Poutine et Narendra Modi!
Trump pensait, depuis sa rencontre en Alaska avec le président russe le 15 août, que ce dernier lui proposerait sous peu une nouvelle rencontre à trois, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Erreur. C’est à Tianjin (Chine) que le maître du Kremlin a préféré se rendre, avant d’assister, le 3 septembre, à une parade militaire pour la commémoration du 80e anniversaire de la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945. Xi Jinping et Vladimir Poutine ont commencé mardi des entretiens à Pékin, a rapporté l'agence officielle Chine Nouvelle. Le président russe est en Chine depuis dimanche. Il a assuré mardi à son homologue chinois que les relations entre leurs pays se trouvaient actuellement à un «niveau sans précédent».
Pékin et la parade militaire
Le centre de la capitale chinoise sera entièrement bloqué lors de cette parade. L’heure sera à la démonstration de force de l’Empire du Milieu, en pleines négociations commerciales avec les Etats-Unis jusqu’au 10 novembre. Avec, en plus, un invité indispensable à Poutine sur le front ukrainien: le président nord-coréen Kim Jong-un, fournisseur d’armes et de soldats à la Russie.
Donald Trump, lui, n’a guère de nouvelles positives à mettre en avant. Une possible paix en Ukraine? Rien de neuf pour le moment du côté de Moscou, qui joue la montre. Une victoire commerciale face à l’Inde, dont les produits importés aux Etats-Unis sont désormais frappés de droits de douane de 50%, dont 25% dus à l’achat par New Delhi de pétrole russe en contournement de l’embargo américain et européen?
Pas du tout, car Narendra Modi entend bien continuer d’importer des hydrocarbures russes bon marché. Avec le soutien implicite de la Chine, pourtant adversaire historique de son pays.
Inquiétude maximale à Taïwan
La liste peut malheureusement continuer pour le locataire de la Maison Blanche. Xi Jinping, le président chinois, entend bien profiter du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui vient de se tenir lundi à Tianjin, pour réaffirmer la puissance de son pays, et confirmer son alliance de facto avec la vingtaine de pays représentés, du Vietnam au Kazakhstan.
Puis viendra mercredi 3 septembre le moment de la démonstration militaire. 10'000 soldats parfaitement alignés marcheront place Tian'anmen. Des chars et des blindés rouleront à leurs côtés. Les armes chinoises de nouvelle génération seront exhibées. De quoi alimenter l’inquiétude des alliés des Etats-Unis dans la région: Philippines, Japon, Corée du Sud et surtout Taïwan.
Taïwan, où tout le monde a de bonnes raisons de s’interroger sur les intentions du président des Etats-Unis. Lequel a récemment annoncé que le bouclier américain dans le Pacifique a un prix. «Je connais très bien ce peuple, je les respecte beaucoup. Ils nous ont pris environ 100% de notre industrie des microprocesseurs. Je pense que Taïwan devrait nous payer pour sa défense. Vous savez, nous ne sommes pas différents d’une compagnie d’assurances. Taïwan ne nous donne rien.»
Des adversaires requinqués
Le paradoxe est que Donald Trump a fini par coaliser des adversaires qu’il veut fracturer. Son objectif en Ukraine, répété à plusieurs reprises par ses conseillers, est d’offrir à la Russie un «deal» qui l’éloigne de la Chine. Sauf que les relations internationales ne fonctionnent pas selon le logiciel trumpiste. «Xi et Poutine font front commun alors que la Chine se positionne comme le leader mondial alternatif» titrait lundi soir CNN.
Et le président chinois d’ajouter: «Nous devons tirer parti de la puissance de nos marchés gigantesques et de la complémentarité économique entre les Etats membres, et améliorer la facilitation des échanges commerciaux et des investissements». Le tout, sur fond d’une toute nouvelle initiative de gouvernance mondiale, qui fait suite à ses trois précédentes «initiatives» sur la sécurité, le développement et la civilisation.
«Je me réjouis de travailler avec tous les pays pour mettre en place un système de gouvernance mondiale plus juste et plus équitable». Donald Trump, l'homme qui se croyait le nouveau shérif du monde, va devoir soigneusement compter ses munitions. Car en face, tous parient sur sa méga défaite.