Fin de la médiation?
Pour ces 5 raisons, Trump ne négociera plus la paix en Ukraine

Si aucun progrès n'est fait, les États-Unis arrêteront leurs efforts pour négocier la paix entre l'Ukraine et la Russie, a annoncé le Département d'État. L'administration Trump change «la méthodologie de sa contribution».
Publié: 02.05.2025 à 18:42 heures
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Dernière mise à jour: 02.05.2025 à 22:17 heures
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Donald Trump a souvent dénoncé la «boucherie» qu'est selon lui le conflit ukrainien. Mais il n'a pas réussi à l'arréter.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Plus question de s’interposer directement entre les protagonistes des massacres. Tout au long de ses cent premiers jours de présidence, Donald Trump a dénoncé l’accumulation de morts en Ukraine, accusant même Volodymyr Zelensky de «jouer avec la troisième guerre mondiale» lors de leur entrevue plus qu’orageuse à la Maison Blanche, le 28 février.

Seulement voilà: l’ex-promoteur Trump est aussi un pragmatique. Deux jours après la signature du fameux traité entre l’Ukraine et les Etats-Unis sur les minerais et la reconstruction, son gouvernement menace d’abandonner son rôle de médiateur si aucun progrès dans la paix entre la Russie et l'Ukraine n'est fait, a annoncé le Département d'État.

Ce possible abandon met fin à l’illusion d’une paix imposée par Washington aux protagonistes du conflit. Trump avait d’abord, rappelons-le, promis d’en finir en une journée avec la guerre en Ukraine, dès son investiture. Il avait ensuite parlé d’une paix «en cent jours».

Au final? «Nous n’allons pas parcourir le monde au pied levé pour servir de médiateur lors de réunions. C’est maintenant entre les deux parties, et c’est maintenant qu’elles doivent présenter et développer des idées concrètes sur la manière dont ce conflit va prendre fin. C’est à elles de décider», a déclaré le porte-parole du Département d’Etat ce vendredi 2 mai. Une issue logique pour 5 raisons.

Trump recule, pour le moment

Ne plus être médiateur ne signifie pas que les Etats-Unis abandonnent le dossier de la paix en Ukraine. L'impossibilité de l'obtenir maintenant, par une médiation de Washington, est en revanche actée. La promesse de campagne de Donald Trump vole en éclat. Ce qui n'a rien d'étonnant. La paix en Ukraine obtenue en un jour, puis en cent jours, ne reposait sur rien d’autre que sa vantardise de candidat. Le président des Etats-Unis, en plus, a démontré sur les tarifs douaniers qu’il peut faire volte-face plusieurs fois sans difficultés. Il ne faut pas oublier qu'un accord bilatéral surprise avec la Russie, sur le modèle du traité avec l’Ukraine, reste pour lui une priorité.

Trump a empoché un contrat

C’est presque, pour les Etats-Unis version Trump, la position idéale. Avec la signature du traité sur les minerais et la reconstruction de l’Ukraine, mercredi 30 avril à Washington, Donald Trump a obtenu un contrat qui peut rapporter à son pays, et donc de quoi dire à ses électeurs qu’ils récupéreront l’argent prêté à Kiev. Qu’importe, là aussi, si l’exploitation des terres rares ukrainiennes ne démarre pas. Trump a réussi à doubler l’Union européenne qui les convoitait aussi. Il a pris les devants pour les futurs chantiers de reconstruction. Qui paiera? Qui construira? Qui creusera? Ce n’est pas son sujet.

Trump met Poutine le dos au mur

Attention, ce point-là est décisif. Donald Trump veut toujours, en priorité, nouer un partenariat économique entre les Etats-Unis et la Russie, afin de dissocier Moscou de Pékin. Il souhaite aussi rencontrer Vladimir Poutine, ce qui pourrait encore avoir lieu à la mi-mai lors de son voyage en Arabie saoudite, même si cela paraît peu probable. Trump peut aussi se targuer d’avoir envoyé son émissaire Steve Witkoff quatre fois au Kremlin pour rencontrer le président russe. Ce dernier a annoncé une trêve du 8 au 10 mai en Ukraine. Il promet de négocier «sans conditions». Mais dans les faits, il apparaît comme le principal coupable de la paix impossible.

Trump tient l’Ukraine

Les livraisons d’armes à l’Ukraine devraient reprendre. Le Département d'État vient de certifier l'exportation de « 50 millions de dollars ou plus», première autorisation de ce type sous la présidence Trump. Le traité sur les minerais, sans mentionner de garanties de sécurité stricto censu, exige en effet une protection des zones concernées, ce qui pourrait justifier la livraison à Kiev de matériel de défense antiaérienne. Une assurance pour Zelensky? Non. A tout moment, Trump maintient la pression sur l’Ukraine. C’est sa position préférée, celle de protecteur et de maître chanteur à la fois.

Trump cible toujours Zelensky

Les deux hommes se sont-ils réconciliés lors de leur rencontre du 26 avril dans la basilique Saint Pierre de Rome? Disons qu’ils se sont parlé en tête-à-tête, et que l’absence de caméras braquées sur eux a sans doute été profitable. Zelensky a eu le courage de répéter que l’abandon de la Crimée à la Russie (qui l’a annexé en 2014) reste inacceptable. Problème pour le président ukrainien: il a été élu en 2019, son pays est sous loi martiale, et Trump aimerait le voir quitter le devant de la scène. Il demeure une cible.

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