Roche, Novartis, Stadler Rail
Rabibochées avec Trump, des entreprises suisses vont investir aux USA

La Suisse a fait plusieurs concessions pour l'accord tarifaire conclu avec Donald Trump. Par exemple, les entreprises suisses devront investir 200 milliards de dollars aux Etats-Unis d'ici 2028. Certaines sociétés en bénéficieront plus que d'autres.
Publié: 15:09 heures
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Dernière mise à jour: 15:44 heures
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Les Etats-Unis ne prélèveront plus qu'un droit de douane de 15% sur les marchandises suisses.
Photo: keystone-sda.ch
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Michael Hotz

La Suisse pousse un grand soupir de soulagement: l’accord tant attendu sur les droits de douane avec Donald Trump est enfin conclu. La Suisse a signé déclaration d’intention juridiquement non contraignante avec la Maison Blanche pour baisser les droits de douane américains de 39% à 15%. Les premières réactions des acteurs économiques locaux sont positives, mais nuancées. «Nous poussons un soupir de soulagement, mais nous ne pouvons pas encore lever l’alerte», a déclaré Swissmem, l’association professionnelle du secteur technologique.

C’est précisément l’économie suisse qui a joué un rôle déterminant dans cet accord avec les Etats-Unis. D’une part, une équipe de chefs d’entreprise influents est allée à la Maison Blanche la semaine dernière pour rencontrer Donald Trump, et a vraisemblablement convaincu le président américain de reconsidérer sa position, notamment en lui offrant une montre Rolex et des lingots d’or en guise de cadeaux. D’autre part, les entreprises suisses se sont engagées à investir au moins 200 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici 2028. Près d’un tiers de cette somme, soit 67 milliards de dollars, devrait être investi dès l’année prochaine, selon la Maison-Blanche.

Roche et Novartis grands gagnants

Mais qui sont les entreprises qui financent ces 200 milliards? La Confédération ne veut pas publier de liste complète, mais il est clair que les entreprises pharmaceutiques et des sciences de la vie se taillent la part du lion. La secrétaire d’Etat Helene Budliger Artieda a mentionné que 80 milliards provenaient de ce secteur à lui tout seul.

La quasi-totalité de cette somme est départagée entre les deux géants Novartis et Roche. Les deux groupes pharmaceutiques ont déjà annoncé des investissements d’un total de 73 milliards de dollars aux Etats-Unis – 50 milliards pour Roche et 23 milliards pour Novartis.

La Maison Blanche a ajouté deux autres noms à la liste: ABB et Stadler Rail. Le groupe technologique zurichois profite de l’essor des nouveaux centres de données dédiés à l’IA aux Etats-Unis et entend poursuivre sa croissance sur le marché américain. Cette année, ABB a annoncé un investissement total de 250 millions de dollars dans l’expansion de ses sites américains.

D’autres investissements devraient suivre. En parallèle, le constructeur ferroviaire de Peter Spuhler se développe beaucoup à l’international pour décrocher d’importants contrats publics aux Etats-Unis. Pour être éligible aux commandes de trains ou de tramways, 70% de la production doit être réalisée aux États-Unis. En mars, Stadler a annoncé un investissement de 70 millions de dollars pour l’agrandissement de son usine américaine à Salt Lake City.

Même les entreprises traditionnelles

Prises individuellement, les sommes publiées par ABB et Stadler ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan: elles sont loin d’atteindre les 200 milliards de dollars. Mais la somme de ces nombreux montants, même modestes, constitue un total considérable. Un grand nombre de PME et d’entreprises d’exportation de taille moyenne génèrent probablement une part importante des investissements aux Etats-Unis. La secrétaire d’Etat Helene Büdliger Artieda a d’ailleurs souligné vendredi que les Américains étaient surpris par le nombre d’entreprises suisses actives aux Etats-Unis.

Parmi ces entreprises figurent des sociétés bien connues et établies de longue date. Par exemple, Ricola souhaite accélérer l’automatisation de ses emballages aux Etats-Unis. Victorinox étudie la possibilité de relocaliser les dernières étapes de production dans sa filiale américaine. Quant au constructeur aéronautique Pilatus, il entend accélérer le développement de sa production aux Etats-Unis, notamment sur son site du Colorado.

Un brillant coup de filet

Le rôle joué par les six entreprises dont les PDG ont orchestré le coup d’État à la Maison Blanche reste flou. Contactés par Blick, les groupes de luxe Rolex et Richemont, l’établissement financier Partners Group, le géant du transport maritime MSC, le géant des matières premières Mercuria et la société de métaux précieux MKS ont tous refusé de commenter. Le rôle des six chefs d’entreprise-émissaires dans cet arrangement n’est pas encore clair. Rolex et Richemont, Partners Group, MSC, Mercuria et MKS n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

Pourtant la société de métaux précieux MKS jouera sûrement un rôle clé dans les relations de la Suisse avec Trump. En effet, les exportations d’or ont beaucoup contribué à l’excédent commercial avec les États-Unis ces dernières années. Mais la situation est sur le point d’évoluer: le gouvernement allemand a déjà promis qu’une plus grande quantité d’or serait transformée aux Etats-Unis à l’avenir. Tous ces éléments, bien que mineurs, forment un tout qui a convaincu Trump de faire marche arrière et baisser ses droits de douane.

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