Les détails des taxes
Ce que Parmelin a pu arracher aux Etats-Unis dans l’accord douanier

La Suisse maintient sa souveraineté et sa neutralité dans un accord avec les Etats-Unis pour réduire les droits de douane à 15%. Guy Parmelin assure que la Suisse reste autonome, mais s'engage à investir 200 milliards de dollars aux Etats-Unis. Ce qu'il faut retenir.
Publié: 18:14 heures
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Dernière mise à jour: 18:20 heures
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Ce vendredi à 16h30, le conseiller fédéral Guy Parmelin a présenté les détails de l'accord douanier avec les Etats-Unis.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Les droits de douane imposés à la Suisse par l'administration du président américain Donald Trump passeront de 39 à 15%. Le ministre de l'économie Guy Parmelin a décroché un accord après une visite-éclair à Washington jeudi, a annoncé vendredi le Conseil fédéral. «La Suisse et le Liechtenstein ont conclu avec les Etats-Unis une déclaration d'intention juridiquement non contraignante», a précisé le gouvernement. «Si la situation n'est pas identique à celle d'avant les droits de douane, nous avons obtenu des améliorations significatives» s'est réjoui le ministre de l'économie devant les médias à Berne.

La Suisse n'a fait aucune concession qui limiterait sa capacité d'action ou sa neutralité, a assuré le Vaudois. Elle reste «autonome», mais elle s'est engagée à ce que des entreprises helvétiques investissent aux Etats-Unis 200 milliards de dollars américains d'ici fin 2028. Le commerce de l'or est inclus dans ces promesses d'investissement, a complété la secrétaire d'Etat à l'économie Helene Budliger Artieda. «Mais il s'agit d'investissements privés», la Confédération n'étant pas impliquée. Ces investissements recouvrent aussi des éléments qui renforcent la formation professionnelle.

Dans cette liste de promesses d'investissements, le secteur pharmaceutique se taille «naturellement la part du lion», a ajouté la secrétaire d'Etat. Pilatus commence aussi à construire une «grande usine» aux Etats-Unis. Stadler Rail est déjà présent dans l'Etat américain de l'Utah. Toutefois, la Confédération ne peut pas publier cette liste, car elle contient des informations susceptibles d'influencer les marchés boursiers. Concernant un éventuel achat d'avions Boeing, des entreprises suisses souhaiteraient commander de tels appareils, selon Guy Parmelin. La Confédération n'est pas impliquée, a ajouté Helene Budliger Artieda.

Agriculture

Berne a fait encore d'autres concessions, concernant par exemple l'amélioration de la reconnaissance de normes américaines en Suisse, notamment dans le secteur automobile. Elle abaissera aussi, en même temps que les Etats-Unis, ses droits de douane sur une palette de produits américains.

Le ministre a cité le poisson, les fruits de mer ainsi qu'une sélection de produits agricoles non sensibles pour la Suisse. Les résultats ne posent pas de problème pour l'agriculture helvétique, a affirmé le Vaudois. «Le Conseil fédéral défend résolument les intérêts de la Suisse.» Celle-ci accordera ainsi aux Etats-Unis des contingents tarifaires bilatéraux en franchise douanière pour une sélection de produits américains: 500 tonnes pour la viande de bœuf, 1000 tonnes pour la viande de bison et 1500 tonnes pour la viande de volaille.

«Pied d'égalité» avec l'UE

L'abaissement des droits de douane permet à la Suisse d'être «sur un pied d'égalité» par rapport aux pays de l'UE, qui sont aussi touchés par des droits de douane de 15%, selon Guy Parmelin. Le Vaudois s'est félicité du «terrain d'entente» trouvé, avec la participation d'acteurs politiques et économiques. Il s'agit d'un «pas important» pour la stabilité de la Suisse et de ses activités commerciales.

Le conseiller fédéral a encore parlé de «gros soulagement» pour l'économie helvétique. Les dommages résultant des droits de douane à 39% sont déjà conséquents et ont déjà fortement touché les exportations suisses, selon lui.

Un peu de temps

La mise en oeuvre de l'accord avec les Etats-Unis prendra un peu de temps, a précisé le ministre. «Le but est de le faire dès que possible en se coordonnant avec les Etats-Unis.»

Actuellement, l'accord n'est pas contraignant. Le Conseil fédéral préparera rapidement un mandat de négociation qu'il mettra en consultation. Le Parlement devra donner son feu vert. Et au final, le peuple pourra se prononcer en cas de référendum. Ensuite seulement, s'il est accepté, l'accord sera contraignant. Mais pour l'instant, «nous voulons faire tout ce qu'il est possible pour nos entreprises», a indiqué Parmelin. «La priorité du Conseil fédéral était de donner un bol d'air à une partie de l'industrie suisse.»

Impulsion décisive

Interrogé sur l'élément qui a permis d'aboutir à cet accord, le ministre a indiqué que le déplacement des chefs d'entreprises suisses dans le bureau ovale avait été décisif. Il fallait montrer qu'il commençait à y avoir des problèmes, notamment avec les investissements des firmes helvétiques, a souligné Parmelin.

Cette rencontre a permis de faire prendre conscience que c'était une «lose-lose solution». Le contact avec le représentant américain au commerce Jamieson Greer a tout de suite été rétabli. La dynamique s'est tout de suite enclenchée. Mais les derniers détails devaient être vus sur place.

Les discussions ont ensuite été menées dans une perspective «win-win». Non seulement la Suisse mais aussi les Etats-Unis avaient tout intérêt à négocier, a estimé le conseiller fédéral. Les droits de douane ont aussi des répercussions sur le territoire américain, ce qui fait augmenter les coûts et donc l'inflation.

«Nous sommes très heureux de cet accord», a réagi Jamieson Greer lors d'une interview à la chaîne CNBC, soulignant son importance pour l'industrie américaine. Il s'agit de «beaucoup» de produits pharmaceutiques, d'or et d'équipements ferroviaires que la Suisse va envoyer aux Etats-Unis.

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