La Fédération des entreprises romandes Genève (FER Genève) estime que le secteur public, au bout du lac, a toujours plus tendance à s'occuper de domaines d'activité qui devraient être réservés aux entreprises privées. Elle s'est également plainte mercredi de la concurrence exercée par l'Etat pour attirer les talents et les personnes venant d'achever leur formation.
Il existe une forme d'étatisation du secteur privé, a relevé devant les médias le président de la FER Genève, Ivan Slatkine. A ses yeux, il faudrait que l'Etat revienne à ses missions essentielles et évite d'augmenter continuellement ses charges. «Sinon, nous irons dans le mur», a-t-il averti.
Ivan Slatkine tire ses constats d'une étude que la FER Genève a commandée au BAK Economic Intelligence. Elle porte sur l'emprise de l'Etat dans différents cantons (Zurich, Bâle-Ville, Vaud, Neuchâtel, Berne et Genève). Avec Bâle-Ville, Genève est le canton où le secteur public occupe la plus grande place dans l'économie.
Genève se positionne ainsi au deuxième rang en termes de part d'emplois publics (18%), avec une croissance annuelle de 2,1%. «Cette dynamique de croissance est principalement le fait de l'administration publique, de l'enseignement, et surtout de la santé humaine et de l'action sociale», note l'étude du BAK.
Concurrence malvenue
«Nous ne sommes pas contre l'Etat», a souligné le directeur général de la FER Genève, Arnaud Bürgin. Mais pour l'organisation patronale, un secteur public qui s'étend continuellement retire des marchés aux entreprises privées. L'organisation patronale prend l'exemple du secteur du nettoyage à l'hôpital ou dans les EMS.
Dès l'année prochaine, les établissements médico-sociaux (EMS) n'auront plus le droit de travailler avec des entreprises privées de nettoyage. Ce travail sera internalisé et alourdira les charges de ces sociétés. La facture augmentera alors pour la population et, au final, cela coûtera plus cher à l'Etat qui devra verser des aides.
La FER Genève déplore aussi la concurrence du secteur public sur le marché du travail. L'Etat paie mieux et offre de meilleures conditions de retraite que dans le privé. Cette distorsion a pour résultat que les entreprises qui forment des jeunes les voient ensuite partir dans le secteur public.
Cette étude du BAK publiée par la FER Genève intervient dans un contexte de votation. Le 28 septembre prochain, les Genevois et les Genevoises devront se prononcer sur deux lois dites «corset» visant le budget de l'Etat. Ces lois prévoient la mise en place d'un frein aux engagements et d'un frein aux dépenses en cas de déficit.