Mort de Marvin à Lausanne
Courses-poursuites, jusqu’où la police a-t-elle le droit d'aller?

La mort de Marvin, 17 ans, lors d'une course-poursuite à Lausanne, a déclenché deux nuits d’émeutes. Face à l'émotion grandissante, deux experts rappellent ce que la police est tenue de faire lors d'un refus d'obtempérer.
Publié: 26.08.2025 à 18:58 heures
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Des fleurs ont été déposées sur le lieu de l'accident, là où Marvin, 17 ans, a perdu la vie.
Photo: keystone-sda.ch
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Sebastian Babic

Un vent de révolte souffle sur Lausanne depuis ce dimanche à la suite de la mort de Marvin. Le jeune homme de 17 ans a perdu la vie après une course-poursuite alors qu'il roulait sur un scooter apparemment volé. Police et manifestants se sont livrés, dimanche et lundi soir, à des échauffourées jusque tard dans la nuit. Des poubelles, des containers et même un bus ont été incendiés par les manifestants. De l'autre côté, la police a fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène.

Il s'agit du deuxième accident mortel d'adolescents en deux mois lié à des courses-poursuites dans la capitale vaudoise. Début juillet déjà, une jeune fille de 14 ans avait été victime d'un accident mortel en scooter. Mais comment en arrive-t-on là et quelles sont les règles qui s'appliquent aux forces de l'ordre dans ce genre de situation?

La protection de la population est prioritaire

Lorsque nous l'interrogeons sur ces deux affaires, Markus Melzl, ancien commissaire de la police judiciaire à Bâle, veut d'abord connaître l'heure de la poursuite. «Imaginez quelqu'un qui s'enfuit le samedi midi dans un centre-ville bondé. Il y a des piétons, des poussettes, des gens qui ne sont pas préparés à se retrouver dans une situation dangereuse.» Si la police se retrouve face à une telle situation, elle doit interrompre la course, car la protection de la population reste prioritaire.

Stephan Reinhardt abonde dans ce sens. Ancien commandant de la police cantonale d'Argovie, il est aujourd'hui avocat et possède son propre cabinet. «En principe, la protection des tiers, la propre protection de la police et la protection de la personne poursuivie ont la priorité absolue. Ce n'est que lorsque la situation le permet qu'une poursuite peut entrer en ligne de compte, jusqu'à ce que le risque soit trop grand.»

Peser le pour et le contre

Il n'existe pas de scénario préfabriqué. A l'unisson, tous deux affirment que la police est obligée de faire du cas par cas. «La situation est bien sûr très différente en cas de braquage de banque à main armée, explique Stephan Reinhardt. Là, le seuil pour une poursuite est plus bas, car la menace est considérable.»

Il faut donc toujours peser le pour et le contre. «La décision revient tout d'abord aux deux fonctionnaires de police dans le véhicule. Mais en même temps, la direction d'intervention ou la centrale d'intervention doit être consultée afin qu'un avis tiers puisse être pris en compte. Il s'agit de ne pas tomber dans un réflexe de chasse, mais de rester objectif.»

Mais Markus Melzl tient à préciser: «On ne peut pas laisser n'importe qui prendre la fuite.» D'après lui, la responsabilité incombe finalement au fugitif: «C'est lui qui décide de s'arrêter ou de s'enfuir. La police ne chasse personne 'à mort', comme on le prétend souvent. Celui qui fait fi du gyrophare et du klaxon est maître de ses décisions.»

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