Ado coursé par la police
Qui était Marvin, dont la mort en scooter a embrasé Lausanne?

Il a pris la fuite devant la police, sur un scooter apparemment volé. Et la course-poursuite qui a suivi lui a coûté la vie. Mais c'était surtout un pote, un frère, un musicien et un élève. Qui était Marvin, 17 ans, qui a perdu la vie dimanche 24 août au petit matin?
Publié: 17:44 heures
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Dernière mise à jour: 18:02 heures
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Marvin, décédé à la suite d'une course-poursuite avec la police, était âgé de 17 ans.

Ils sont nombreux à affluer, ce lundi 25 août, sur les lieux de l’accident qui a été fatal à Marvin, 17 ans. C'était un garçon «gentil, attentionné, souriant et rempli de talent», décrit à Blick sa copine, qui caresse un polo portant l’odeur de l’adolescent décédé. Comme le Lausannois, originaire de République démocratique du Congo, la plupart d'entre eux sont dans cet âge à la fois fragile et bravache où l’on quitte l’enfance.

Marvin, ils l’ont connu autour de ce quartier de Prélaz où le rappeur ne manquait pas d'amis. Selon ces derniers, l’adolescent domicilié dans le quartier du Tunnel devait commencer ce lundi un Semestre de Motivation (SeMo), destiné aux jeunes qui n’ont pas de projet au sortir de l’école obligatoire. Au lendemain du drame, beaucoup de ses camarades n’ont pas eu le cœur à partir étudier ou travailler. «Nos parents nous ont réveillés dimanche matin pour nous dire que Marvin était mort, se désole une jeune fille. Il y a trop de familles en pleurs.»

Méfiance envers la police

Dans le quartier, bon nombre de jeunes connaissaient aussi Camila, l’adolescente de 14 ans morte dans des circonstances très similaires cet été aux Plaines-du-Loup. Ces deux tragédies consécutives engendrent incompréhension et questions, principalement sur le rôle de la police. «Les agents traitent les jeunes comme des adultes, alors que ce n’est pas pareil. Personnellement, j’aurais fait comme Marvin et j’aurais fui, parce que j’aurais eu peur», explique une jeune fille.

Pour elle comme pour ses camarades présents sur place, l’accident a engendré quantité de questions encore sans réponses. Notamment sur les circonstances de la chute de l’adolescent. Tous se méfient des informations diffusées par la police et par les médias.

Parmi les adolescents rencontrés, personne ne nie qu'il conduisait un scooter volé. Mais pour les témoins interrogés, ce n'est pas lui qui aurait subtilisé le deux-roues. Les agents étaient en train d'enquêter sur un brigandage lorsqu'ils sont partis en course-poursuite, d'après le communiqué de presse de la police. Car en les voyant, le scootériste aurait changé de direction.

«Il m'a déposé près de chez moi»

Sur le bitume, où des taches de sang sont encore visibles, un marquage retrace la trajectoire de Marvin depuis l’endroit où il aurait, toujours selon la police, perdu le contrôle de son scooter et heurté un container avant d’être précipité contre un mur de garage. Des fleurs, des bougies ainsi qu’une pancarte «Marvin R.I.P.» ont été déposées depuis sur les lieux du décès.

«Vous avez vu cette distance? Forcément que la police l’a heurté par derrière et qu’il a été projeté», s’énerve un jeune homme. Un voisin descend de chez lui et engage la conversation avec les adolescents. Réveillé par le bruit, il a observé la scène depuis son appartement. «Lorsque j’ai regardé par la fenêtre, la police était là. Ils ont essayé de le ranimer pendant très longtemps.»

Un jeune de l'âge de Marvin affirme être rentré un bout avec lui ce soir-là. «On est descendu ensemble depuis la Blécherette. Et il m'a déposé près de chez moi en scooter.» Plus tard, il a entendu des sirènes.

Un rappeur apprécié

Les réseaux sociaux de Marvin permettent d'en savoir plus sur lui. Sur Snapchat, l'adolescent mettait fièrement en avant un scooter – d'une autre marque que celui sur lequel il a fait son accident. Au-delà de ça, sa passion semblait être la musique. «C'était un bon garçon, très sage. Les gens le connaissaient pour sa musique et sa personnalité douce et forte, témoigne un jeune du quartier. On ne comprend pas pourquoi c'est comme ça.»

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Mort d'un ado en scooter:Un jeune du quartier témoigne

Sous son pseudo de rappeur, il formait un groupe avec deux amis. Ces derniers ont partagé leur émotion en story Instagram dimanche soir: «Repose en paix Marvin, (...) le groupe sera toujours avec toi.» Derrière ces mots, une photo de l'ado en noir et blanc. Selon nos informations, Marvin avait participé à la dernière fête de la musique sur une scène de La Borde. Sur ses réseaux, il partageait avec enthousiasme ses derniers clips et créations.

Son grand frère s'exprime

Toujours sur Instagram, le frère de Marvin lui a rendu hommage en mentionnant leur fratrie de trois. «Tu devais être avec moi, à la maison, dans notre chambre qu’on a toujours partagée, mon frère», publie-t-il avec plusieurs photos d'enfance. Marvin, le «petit dernier» y est décrit comme le «meilleur frère qui puisse exister».

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Le grand frère en deuil continue: «Tu savais que tu pouvais compter sur moi. Je ne t’ai jamais laissé, jamais abandonné. Dans toutes tes galères, j’étais là, et tu le sais. Je ne peux pas avoir de regrets avec toi, parce que je t’ai tout donné, Marvin.»

Sa mort a déclenché de violentes émeutes dimanche soir dans le quartier de Prélaz, où il était connu de tous ou presque. Au moins une centaine de jeunes ont manifesté leur colère en brûlant des poubelles et en saccageant un bus des TL, obligeant la police à réagir à coups de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène.

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