Syndicom s'inquiète de la pression subie par les employés de la Poste dans le Jura bernois, la partie francophone de Bienne et les cantons de Neuchâtel et du Jura. Le syndicat dénonce la stratégie adoptée par le géant jaune dans le cadre de sa restructuration et fait part de pressions «inhumaines».
Lors de son annonce de fermer 170 bureaux au total en Suisse d'ici 2028, le géant jaune promettait une restructuration sans licenciements, comptant notamment sur les retraites et des départs volontaires.
Mais selon le syndicat, la réalité est tout autre. Sur un total de 150 places de travail dans les cantons du Jura, de Neuchâtel, dans le Jura bernois et la partie francophone de Bienne, entre 30 et 40 postes sont appelés à disparaître, ont avancé jeudi les représentants de Syndicom en conférence de presse.
«Communication malveillante»
«La souffrance des collègues est vraiment extrême, avec des accords de confidentialité qui sont infondés», a dénoncé le co-responsable de la région romande Dominique Gigon.
Pas moins de 80% des employés des bureaux de poste ont mandaté le syndicat. Ils ont dénoncé une pression «inhumaine» visant, selon eux, à les démotiver et à les inciter au départ. Syndicom évoque aussi des «objectifs de ventes accrus», des «menaces disciplinaires», une «sous-planification» ou encore une «communication inexistante, voire malveillante, quant à l'avenir de leur emploi».
Syndicom dénonce enfin un climat de travail dans lequel les objectifs de vente ont pris une place trop importante: «Il y a des personnes qui n'arrivent plus à trouver le sommeil, ou qui pleurent avant de venir au travail», a expliqué Virginie Zürcher, également co-responsable romande. Selon elle, l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est ainsi péjoré. «Cette pression sur le personnel n'est pas propre à la région, a indiqué Dominique Gigon. Mais dans l'Arc jurassien, il y a une accélération et une pression plus importante sur le personnel.»
Syndicom demande l'arrêt immédiat des «pressions» sur les employés, la fin des objectifs de ventes, l'annonce par la Poste d'un licenciement collectif avec une planification des départs ainsi que l'élaboration d'un plan social et, enfin, la mise en place d'un guichet volontaire de départs et d'une aide au départ à la retraite anticipée dès 58 ans. Le syndicat demande aussi l'ouverture de négociations. «Si la Poste doit fermer des offices, il n'y a aucune raison que ça ait un impact sur la qualité de vie des employés», a conclu Dominique Gigon.
Aucun licenciement, selon la Poste
Lors d'un point presse informel organisé dans la foulée de la conférence de presse, la Poste a rappelé qu’elle applique strictement la CCT en vigueur, élaborée avec ses partenaires sociaux, dont Syndicom. La porte-parole Nathalie Dérobert Fellay a indiqué qu'aucun licenciement n'était prévu au niveau des collaborateurs. Dans le cadre de la réorganisation des équipes de l’Arc jurassien, les 30 postes correspondent à des départs à la retraite ou en pré-retraite d’ici 2028. Il ne s’agit pas donc pas de licenciements, a précisé la Poste.
Si, selon le ressenti des collaborateurs, la transformation du réseau postal se fait plus rapidement dans l'Arc jurassien, c'est parce que le dialogue mené par la Poste avec les communes y est particulièrement positif, a poursuivi Nathalie Dérobert Fellay. Elle a assuré que la convention collective de travail était strictement respectée. «Il n'y a en aucun cas des départs sous pression.»
«Nous rejetons fermement toute insinuation de pressions inhumaines ou de pratiques visant à contourner la CCT, qui sont en outre totalement contraires aux valeurs de la Poste», a ajouté Nathalie Dérobert Fellay. Les collaborateurs ayant le sentiment que leurs conditions de travail se seraient détériorées sont invités à le signaler à leur supérieur ou à s’adresser de manière anonyme sur la plateforme interne de PostCourage. «Nous examinerons en détail les revendications de Syndicom», a-t-elle poursuivi.
Toutefois, toujours selon la Poste, le taux de fluctuation est plus bas dans l'Arc jurassien et les indicateurs de santé se situent dans la moyenne nationale. Quant aux conventions de confidentialité, elles sont liées à l’information préalable qui est transmise aux collaborateurs concernant la transformation d’un office de poste.