Lettres, journaux, colis...
Le Seco exige un démantèlement radical de la Poste

Le conseiller fédéral Albert Rösti prévoit une réforme de la poste pour 2030. Si la demande diminue, l'offre sera également réduite. Le Secrétariat d'Etat à l'économie plaide pour une forte réduction des services de la poste.
Publié: 17:00 heures
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Le conseiller fédéral UDC Albert Rösti prépare la population à un démantèlement de la Poste.
Photo: keystone-sda.ch
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Ruedi Studer

Depuis quelques temps déjà, le conseiller fédéral UDC Albert Rösti prépare la population à un démantèlement de la poste. La raison? Le nombre de lettres envoyées diminue, ainsi que les versements au guichet également. Une nouvelle loi sur la poste devrait donc permettre de réorganiser ses services d'ici 2030.

Albert Rösti souhaite maintenir les services actuels. Les lettres et les colis continueront d'être distribués au moins cinq jours par semaine, les quotidiens six jours par semaine, et un réseau d'offices de poste, d'agences et de boîtes aux lettres couvrant l'ensemble du pays sera toujours disponible.

Mais pas sans conditions: si les services sont trop peu utilisés, l'offre sera réduite à un «volume minimal». Si cela se produit, le courrier ne serait distribué que trois fois par semaine et les journaux seulement cinq jours par semaine. Il n'y aurait également plus qu'une option d'envoi standard à la place du courrier A et B. Plus la demande sera faible, plus la réduction sera importante. Tel est le mot d'ordre.

Un procédure «erronée»

Toutes ces mesures ne sont pas suffisantes pour le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) dirigé par Helene Budliger Artieda. Le Seco plaide pour un démantèlement radical de la Poste, d'après les documents sur la consultation des offices internes à l'administration, que Blick a pu consulter.

Le Seco juge l’approche d'Albert Rosti «erronée». Il ne faut pas définir les services postaux uniquement en fonction des revenus de la Poste, qui diminuent car ses services sont moins utilisés. Selon lui, «il est erroné de définir les services postaux uniquement en fonction des moyens financiers disponibles.» Le niveau de service doit d’abord être fixé par une décision politique, puis assuré au meilleur coût possible, indépendamment du budget disponible.

La distribution de colis supprimée?

Selon le Seco, les services de base devrait être directement réduit au «volume minimal» par la nouvelle loi sur la poste.

Sur certains points, elle propose même un nouveau démantèlement. La distribution des colis devrait être totalement supprimée des services de base. «Comme il existe une concurrence qui fonctionne sur le marché des colis, un éventuel mandat de prestations devrait être mis au concours», écrit le Seco dans sa prise de position. Il propose aussi de mettre fin au monopole de La Poste sur la distribution des lettres de moins de 50 grammes.

Le secrétariat souhaite également supprimer la distribution des journaux, car leur distribution quotidienne «n'est plus d'actualité» face aux offres numériques. Si le Seco en avait la responsabilité, le service lié aux paiements serait ouvert à la concurrence et PostFinance serait privatisée. «Le Conseil fédéral doit relancer le processus de privatisation de PostFinance», estime-t-il.

Une contre-attaque du PS?

Le Conseil fédéral ne soutient pas un tel démantèlement. Mais il ne souhaite pas non plus que le Parti socialiste (PS) élabore des contre-mesures. Ainsi, le département de l'Intérieur de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider exige que l'offre minimale continue à proposer «un certain nombre de points d'accès desservis». La nouvelle loi ne doit pas contribuer à créer une fracture numérique.

Le département de la justice du conseiller fédéral Beat Jans n'est pas entièrement d'accord. «Un bon service public est une préoccupation centrale de la population suisse, et un réseau de points d'accès couvrant l'ensemble du pays en fait partie», rappelle-t-il. 

Rösti, ministre de la modernisation

Albert Rösti doit élaborer un projet de consultation d'ici juin 2026. La menace des économies semble être écartée, car le conseiller fédéral ne veut pas devenir le «ministre du démantèlement». «Je préférerais être qualifié de ministre de la post-modernisation», aurait-il affirmé.

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