Le Conseil fédéral est ouvert
La Suisse pourrait envoyer des soldats en Ukraine sous certaines conditions

Le Conseil fédéral n'exclut pas l'envoi de troupes de maintien de la paix en Ukraine, si un mandat de l'ONU ou de l'OSCE est établi. Cette décision s'inscrit dans le contexte des discussions européennes sur une éventuelle force de paix pour garantir un cessez-le-feu.
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Si un cessez-le-feu était conclu entre l'Ukraine et la Russie, une force de maintien de la paix pourrait être déployée dans la zone frontalière.
Photo: IMAGO/DANIEL TOROK

Les bombes russes continuent de s'abattre sur l'Ukraine et des essaims de drones détruisent quotidiennement des installations militaires et civiles. Alors que paix semble toujours aussi lointaine, la question de l'envoi de soldats suisses pour garantir le maintien d'un éventuel cessez-le-feu fait son chemin dans la Berne fédérale.

Car Washington et Moscou continuent de négocier pour parvenir à un plan de paix. Même si aucun compromis n'a été trouvé lors de la rencontre entre l'émissaire américain Steve Witkoff et Vladimir Poutine mardi dans la capitale russe, l'espoir de pouvoir mettre un terme aux combats demeure. 

L'Europe discute également depuis des mois d'une éventuelle «force de réassurance» pour garantir un cessez-le-feu. Le président américain Donald Trump a certes exclu catégoriquement le déploiement de soldats américains à la frontière avec la Russie. Mais l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne font partie des nombreux pays qui sont prêts à envoyer des troupes de maintien de la paix en Ukraine.

«L'aide humanitaire ne suffit pas»

Pour les Jeunes Vert'libéraux, la Suisse ne doit pas rester à l'écart dans ce domaine. Elle ne devrait pas se concentrer uniquement sur l'aide humanitaire. «Elle est importante, mais ne suffit pas, avait souligné cet été le coprésident du parti Gwenaël Richard auprès de Blick. Dans le cadre d'une mission de paix, la Suisse doit envoyer des troupes dans la région frontalière entre l'Ukraine et la Russie.»

Par le biais d'une intervention lors de la session d'automne au Parlement, le conseiller national Vert'libéral Beat Flach a suggéré que des troupes suisses puissent assurer des missions d'observation et de patrouille dans la région frontalière. «La Suisse contribuerait ainsi à renforcer la sécurité de l'Europe», a-t-il estimé.

Il faut dire que l'armée suisse a déjà pu acquérir une certaine expérience dans ce domaine au Kosovo. Dans le cadre de la mission militaire Kfor, décidée par le Conseil de sécurité de l'ONU, environ 200 soldats suisses y sont engagés depuis 1999. En plus de la promotion de la paix, la défense et le soutien des autorités civiles font également partie de leur mandat.

Berne pourrait se joindre à une force du maintien de la paix

S'agissant de l'Ukraine, le Conseil fédéral a finalement pris position. Il ne s'oppose pas à une nouvelle participation suisse. S'il existe un mandat de l'ONU ou de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour une telle mission multilatérale, et que Berne est sollicitée pour y participer, la demande sera examinée, indique le gouvernement. Mais le Parlement devrait se prononcer sur d'éventuelles missions armées qui impliquent plus de 100 militaires ou qui durent plus de trois semaines, souligne le Conseil fédéral.

Sans demande concrète, il est impossible de savoir combien de militaires seraient nécessaires. Cela dépendrait des contributions qui seraient demandées à la Suisse dans le cadre de sa participation à une telle mission, précise le Conseil fédéral. Pour pouvoir envoyer quelques experts comme des officiers d'état-major ou des observateurs sur le terrain, la Suisse aurait besoin de quelques semaines de préparation. Pour pouvoir envoyer des troupes, il faudrait au moins six mois.

Une alternative: décharger les partenaires au Kosovo

Comme alternative, l'Armée suisse pourrait aussi augmenter son contingent Swisscoy au Kosovo afin de permettre aux partenaires internationaux de disposer de davantage de capacités pour l'Ukraine. Le Conseil fédéral a les compétences nécessaires pour cela. Il vient d'ailleurs de demander au Parlement de prolonger jusqu'en 2029 le mandat au Kosovo qui expire l'année prochaine. 

Parallèlement, le gouvernement souhaite aussi avoir la compétence de pouvoir augmenter l'effectif de 30 à 245 militaires au cas où la situation sécuritaire viendrait à se détériorer.

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