Poutine parle à Witkoff
Ces 24 heures seront cruciales pour l'avenir de l'Ukraine

Le compte-à-rebours le plus dangereux pour l'Ukraine vient de démarrer avec la rencontre entre Steve Witkoff, Jared Kushner et Vladimir Poutine. Tout peut basculer dans les prochaines 24 heures.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sait que la Russie et les Etats-Unis veulent le forcer à signer la paix.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Vladimir Poutine a prévenu les Européens avant de recevoir au Kremlin les émissaires de Donald Trump: Steve Witkoff et Jared Kushner (le gendre du président des Etats-Unis): la Russie est prête à la guerre. Le message est clair: gare à ne pas trop promettre à l’Ukraine, car Moscou n’acceptera pas des garanties de sécurité perçues comme une agression. C’est ce point qui est désormais au centre des conversations diplomatiques. Et les prochaines 24 heures diront si une conciliation est encore possible entre l’appétit russe pour les territoires ukrainiens, et la volonté de Kiev de ne rien lâcher sans un bouclier protecteur américain et européen.

24 heures pour nouer les prémices d’un potentiel accord de paix. Cela semble impossible, tant les 28 points énoncés par Moscou et discutés à Genève le 21 novembre sont à des années-lumière d’un «deal» acceptable pour l’Ukraine. Sauf que depuis cette rencontre sur les bords du Léman, entre Ukrainiens, Américains et Européens, suivie de pourparlers à Miami (Floride) ces derniers jours, une porte semble s’être ouverte sur les fameuses «garanties de sécurité». De source américaine, la possibilité d’inscrire dans le plan de paix une disposition copiée sur l’article 5 de l’OTAN serait désormais envisageable.

La Russie face à l’OTAN

La Russie accepterait donc une clause selon laquelle les alliés de l’Ukraine, Etats-Unis inclus, riposteront automatiquement et ensemble en cas d’attaque contre le territoire ukrainien, après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. L’article 5 de la charte de l’Alliance atlantique (32 pays membres, dont les Etats-Unis) prévoit en effet la solidarité automatique des alliés en cas d’attaque contre l’un d’entre eux. L’Ukraine bénéficierait donc d’un tel filet de sécurité, tout en renonçant à intégrer l’organisation dont Moscou dénonce depuis des années l’extension vers l’est.

Autre véto levé par Moscou, toujours selon des sources américaines, l’armée ukrainienne ne verrait plus ses moyens et ses effectifs plafonnés. Le plan en 28 points rejeté par l’Ukraine et ses alliés européens prévoyait, au maximum, une armée de 600’000 hommes. La «coalition des volontaires» qui regroupe 31 pays résolus à soutenir l’Ukraine, réclame au moins 800’000 soldats. Possible de l’accepter pour Moscou? Oui, si Kiev fait en contrepartie des concessions territoriales. C’est là le second point crucial pour ces prochaines 24 heures. En sachant que l’on ne peut pas exclure, à ce stade, un «deal» entre Trump et Poutine que les Européens devraient avaliser de force. Ce que tous, à Paris, Londres, ou Berlin, ont refusé par avance.

Concessions territoriales

Qui dit concessions territoriales dit victoire sur le papier pour le Kremlin. Pour rappel, quatre oblasts (provinces) ukrainiennes ont officiellement été annexés par la Russie, qui a intégré ces territoires dans sa constitution. Il s’agit des oblasts de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia. Seul l'un d'entre eux, Louhansk, est complètement occupé par les forces russes. Les autres demeurent partagés entre Ukrainiens et Russes, mais la pression militaire est favorable à l’armée de Poutine. La preuve: la chute du bastion ukrainien de Pokrovsk, dans le Donetsk, a été annoncée ce mardi 2 décembre. Une chute qui ouvre la voie à une menace russe encore plus forte sur la région der Kramatorsk.

24 heures, et un mode d’emploi. S’ils obtiennent un feu vert de Poutine, les émissaires américains partiront rencontrer Volodymyr Zelensky à Londres. A moins qu’une rencontre avec les négociateurs russes soit organisée en pays neutre, en Irlande, où le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son ministre de la Défense, Roustem Oumerov. Les Européens, comme toujours, se retrouveront obligés d’intervenir à postériori, pour soutenir l’Ukraine.

Comment? Un seul argument peut peser dans la balance, mais il est explosif: il consisterait, pour les Européens (à commencer par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni) à s’opposer au plan de paix «nouvelle formule». Avec un risque: traduire ensuite dans les faits leur opposition. Ce que, pour l’heure, aucun gouvernement européen, se semble prêt à faire, au-delà des bagarres diplomatiques.

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