Municipales le 2 novembre
A New York, Zohran Mamdani veut libérer la ville de Trump

Le candidat démocrate à la mairie de New York, qui se proclame socialiste, est en tous points l'anti-Trump. Dans la ville du président des Etats-Unis, il incarne son contraire. Ce que beaucoup redoutent aussi, y compris dans son camp politique.
Publié: 29.10.2025 à 14:19 heures
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Zoharan Mamdani a été travailleur social. Sa mère est une cinéaste reconnue. Il est le favori pour la mairie de New York.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Son adversaire se nomme Donald J. Trump. Zohran Mamdani, 34 ans, cite pourtant le moins possible le nom du président des Etats-Unis, qui fut longtemps le promoteur immobilier le plus en vue de New York. Le jeune candidat démocrate à la mairie de la ville, qui pourrait ravir celle-ci le 4 novembre, préfère parler d’avenir. «Zohran» comme le nomment ses partisans et ses slogans de campagne, n’a d’ailleurs pas besoin de critiquer l’administration Trump. Il incarne ce que le locataire de la Maison-Blanche déteste. Et s’il était élu, son arrivée à la mairie, près de Broadway, serait un séisme d’ampleur nationale, deux semaines après les grandes manifestations anti Trump du 18 octobre.

Zohran Mamdani a le vent en poupe. Tous les sondages le placent nettement en tête, avec 45% des intentions de vote, devant son principal rival, Andrew Cuomo, candidat indépendant, qui recueille environ 30% des voix, et Curtis Sliwa, le candidat républicain (15% à 20%). Le contexte électoral, il est vrai, lui est très favorable. Le maire sortant Eric Adams, un Afro-Américain démocrate soutenu par Donald Trump (qui envisagerait de le nommer ambassadeur en Arabie saoudite), a renoncé à se présenter après une série de scandales de harcèlement sexuel.

Le plus jeune, le plus libéral

S’il lui succédait, Zohran Mamdani serait le maire le plus jeune et le plus libéral de la ville depuis des générations. Il siégeait à l’Assemblée de l’Etat de New York depuis 2020 (réélu en 2022 et 2024). Sa promesse de réduire le coût de la vie dans l’une des villes les plus chères du monde l’obligerait sans doute à prendre des mesures drastiques pour limiter, notamment, la spéculation immobilière. «Le 4 novembre, nous allons tourner la page de la politique du gros argent et des petites idées et mettre en place un gouvernement dont tous les New-Yorkais pourront être fiers» aime-t-il répéter durant ses meetings, où ses soutiens les plus déterminés sont le Sénateur indépendant Bernie Sanders et la Représentante démocrate Alexandria Ocasio Cortez, deux icônes anti-Trump.

Le problème est que le mouvement sur lequel surfe Zohran Mamdani n’est pas seulement social. Il est aussi très teinté par le mouvement wokiste, le soutien à la Palestine dont il s’est toujours fait l’avocat, et l’indignation de la génération Z, dont il se veut le porte-parole. De confession musulmane, cet ancien travailleur social a fait de sa foi musulmane un élément visible de sa campagne. Il s’est rendu régulièrement dans des mosquées et a publié une vidéo de campagne en ourdou sur la crise du coût de la vie dans la ville.

Né en Ouganda

Né à Kampala, en Ouganda, dans une famille indienne, Zohran Mamdani a déménagé à New York avec sa famille à l’âge de sept ans. Il a fréquenté la Bronx High School of Science, puis a obtenu un diplôme en études africaines au Bowdoin College, où il a cofondé la section étudiante de Students for Justice in Palestine. Sa femme, Rama Duwaji, est une artiste syrienne de 27 ans vivant à Brooklyn. Sa mère, Mira Nair, est une réalisatrice de cinéma renommée et son père, le professeur Mahmood Mamdani, enseigne à Columbia. Ses deux parents sont anciens élèves de Harvard.

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Beaucoup, y compris le très respecté (et très anti Trump) New York Times, lui reprochent un agenda municipal qui pourrait renvoyer la métropole à ses vieux démons: paupérisation et criminalité. Ceux-là même dont l’ancien associé politique de Trump, l’ex-maire républicain Rudy Giuliani (1994-2001) l’avait sorti, pour le plus grand bénéfice du propriétaire de la Trump Tower. Résultat: une mobilisation des très riches donateurs pour son adversaire, dont l'ancien maire démocrate de la ville Michael Bloomberg.

Politique sociale

Ces détracteurs redoutent les conséquences de la politique sociale envisagée par Mamdani: service de bus gratuit dans toute la ville, gel des loyers et responsabilisation plus stricte des propriétaires négligents, chaîne de magasins d’alimentation appartenant à la ville, garde d’enfants universelle pour les enfants âgés de six semaines à cinq ans, triplement de la production de logements à loyer stabilisé construits par les syndicats et «refonte» du bureau du maire afin de responsabiliser les propriétaires fonciers, pour augmenter massivement le nombre de logements abordables à long terme.

Preuve de l’inquiétude ambiante, Le New York Times a déclaré, dans un éditorial, que le programme de Mamdani était «particulièrement inadapté aux défis de la ville» et ignorait souvent les compromis inévitables de la gouvernance». Réponse le 4 novembre.

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