Multiples accusations
Quels sont les ennuis judiciaires du favori à la présidentielle sud-coréenne?

Lee Jae-myung, favori de l'élection sud-coréenne, pourrait devenir le premier dirigeant poursuivi par la justice à accéder à la plus haute fonction. Malgré de multiples accusations de corruption, son immunité présidentielle pourrait le protéger temporairement.
Publié: 30.05.2025 à 10:30 heures
Partager
Écouter
Le favori à la présidentielle sud-coréenne Lee Jae-myung a des casseroles judiciaires.
Photo: IMAGO/Matrix Images
Post carré.png
AFP Agence France-Presse

Si le chef de l'opposition sud-coréenne Lee Jae-myung remporte mardi la présidentielle, pour laquelle il part grand favori, il deviendra la première personnalité politique poursuivie par la justice à parvenir à la plus haute fonction dans ce pays.

Lee Jae-myung, qui dirige le Parti démocrate, fait l'objet de poursuites pénales dans plusieurs dossiers, notamment de corruption dans des affaires immobilières. L'examen de la plupart de ces dossiers a été suspendu jusqu'à l'élection. En cas de victoire, et même si les présidents jouissent d'une immunité importante, des analystes estiment que ses ennuis judiciaires pourraient le rattraper.

Des affaires de corruption

L'une des affaires les plus retentissantes concerne ses liens supposés avec une entreprise soupçonnée d'avoir transféré illégalement huit millions de dollars en Corée du Nord.

Lorsqu'il était gouverneur de la province de Gyeonggi en 2019, des médias locaux avaient rapporté que Lee Jae-myung s'était débrouillé pour qu'un homme d'affaires influent se charge des paiements vers le voisin nord-coréen, en échange de quoi il soutenait les activités de son entreprise.

Cinq millions de dollars du budget provincial auraient ainsi été versés à une «ferme intelligente» nord-coréenne, tandis que trois autres millions auraient servi à financer un voyage du gouverneur de l'autre côté de la frontière, qui n'a jamais eu lieu.

Traitement de faveur

Le politicien est également au cœur de quatre affaires de corruption, dont la plupart sont liées à des contrats présumés douteux conclus lorsqu'il était maire de Seongnam, une ville en périphérie de Séoul. Il est accusé d'avoir approuvé un arrangement ayant injustement bénéficié à des promoteurs immobiliers, ce qui aurait fait perdre 489,5 milliards de wons (314 millions d'euros) à la ville.

Il est également accusé d'avoir fait fuiter des documents secrets, ayant permis aux promoteurs de gagner 788,6 milliards de wons (506 millions d'euros). L'affaire avait pris une autre tournure lorsque deux responsables municipaux associés au projet avaient été retrouvés morts, après d'apparents suicides.

Dans un autre dossier, il aurait accordé un traitement de faveur à un promoteur, faisant perdre 20 milliards de wons (13 millions d'euros) au promoteur public exclu de l'opération. Il est aussi accusé d'avoir fait fuiter des documents internes à la ville lié à un projet en 2013, permettant aux promoteurs privés d'empocher 21,1 milliards de wons (13,4 millions d'euros) en profits illégaux. Enfin de 2014 à 2016, il aurait accepté 13,3 milliards de wons (huit millions d'euros) du Seongnam FC en échange de faveurs, notamment foncières.

Nouveau procès en pause

Une affaire en particulier a failli mettre un terme aux ambitions politiques actuelles de Lee Jae-myung. La Cour suprême a jugé que des déclarations datant de la campagne électorale de 2021 avaient «induit les électeurs en erreur quant à sa capacité à remplir des fonctions officielles».

Le candidat aurait nié avoir eu une relation personnelle avec un responsable qui s'était tué alors qu'il faisait l'objet d'une enquête sur des projets immobiliers douteux. Des médias ont indiqué que les deux hommes s'étaient rendus en Nouvelle-Zélande et en Australie en 2015 dans le cadre d'un voyage d'affaires et qu'ils avaient joué au golf ensemble.

La Cour suprême a appelé à un nouveau procès dans ce dossier, qui est toutefois en pause jusqu'à l'élection du 3 juin.

Fausses déclarations

Le candidat à la présidentielle est également accusé d'avoir poussé un témoin à mentir au tribunal pour réduire une de ses condamnations vieilles de plus de 15 ans. En 2002, Lee Jae-myung avait été condamné et s'était vu infliger une amende, puis en 2018 en se présentant au gouvernorat de Gyeonggi, avait affirmé avoir été accusé à tort.

Le parquet l'accuse d'avoir fait de fausses déclarations et d'avoir demandé à un assistant de faire un faux témoignage à la barre. Un tribunal de Séoul l'a acquitté l'an dernier mais le parquet a fait appel.

Son épouse condamnée

Lee Jae-myung a été mis en examen pour s'être approprié 106,53 millions de wons (68'000 euros) de fonds publics en tant que gouverneur de la province de Gyeonggi, de 2018 à octobre 2021. Il se serait servi du budget provincial pour couvrir des repas et des frais de blanchisserie.

Le parquet estime en outre qu'il aurait utilisé un véhicule à des fins personnelles, lui faisant gagner 60,16 millions de wons (38'500 euros). Finalement, une cour d'appel a condamné plus tôt en mai l'épouse de Lee Jae-myung, Kim Hye-kyung, à une amende d'1,5 million de wons pour avoir utilisé des fonds provinciaux pour un dîner d'une valeur de 104'000 wons (66'800 euros) en 2021 pour les épouses d'anciens et d'actuels députés du Parti démocrate, entre autres.


Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la