Controverses autour de son procès
L'ombre du président destitué plane sur l'élection sud-coréenne

L'ancien président sud-coréen Yoon Suk Yeol, destitué et jugé pour rébellion, conserve des partisans fidèles. Malgré son interdiction de se présenter à l'élection du 3 juin, son influence persiste, alimentant la désinformation et les théories du complot.
Publié: 23.05.2025 à 09:38 heures
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Les partisans de Yoon Suk Yeol se sont rassemblés lundi pour soutenir le président destitué.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Il a tenté d'imposer la loi martiale en Corée du Sud, envoyé des soldats s'emparer du Parlement, et été déchu de ses fonctions. Mais pour certains de ses partisans inconditionnels, le président destitué Yoon Suk Yeol reste le dirigeant dont le pays a besoin.

Si les poursuites en cours lui interdisent de se présenter à l'élection présidentielle du 3 juin qui vise à lui trouver un successeur, l'influence de Yoon Suk Yeol, qui a attiré en politique des YouTubers d'extrême droite et des personnalités religieuses, pèse sur le scrutin.

Des t-shirts «J'aime Yoon»

Ses partisans considèrent sa destitution et son procès en cours pour «abus de pouvoir» et «rébellion» comme des manipulations et le voient comme un héros prêt à se sacrifier pour son pays. En pleine campagne électorale, des militants manifestent pour apporter leur soutien au président destitué, et non au candidat de son ex-parti conservateur.

Arborant des T-shirts roses assortis, avec l'inscription «J'aime Yoon» et un dessin de l'ancien président avec son épouse, certains de ses plus fervents soutiens se sont rassemblés lundi à Séoul. Autour du tribunal du district central de la capitale, où Yoon Suk Yeol est jugé pour rébellion, ses partisans prient et chantent des airs inspirés par la K-pop en son honneur.

La loi martiale était une tentative «courageuse» du dirigeant pour sauver le pays de la Corée du Nord, a déclaré à l'AFP Lee Ju-hean, 40 ans, une transfuge nord-coréenne. Les actions de Yoon Suk Yeol «ont renforcé mon amour et mon respect pour lui, le président que j'ai choisi», ajoute-t-elle.

Hausse de la désinformation

Selon les experts, la décision unanime de la Cour de destituer Yoon Suk Yeol a considérablement réduit sa base de soutien au sein de l'extrême droite, tandis que l'ancien président a quitté son parti conservateur avant de risquer d'être expulsé. Mais les forces extrémistes qu'il a cultivées et lancées sur la scène politique pourraient perdurer. La Corée du Sud a vu une forte augmentation de la désinformation et des théories complotistes en ligne, y compris des allégations non étayées de fraude électorale.

Yoon Suk Yeol a été accusé d'avoir tacitement encouragé ses partisans, qui ont pris d'assaut un bâtiment du tribunal en janvier après la prolongation de sa détention, en leur envoyant des messages par l'intermédiaire de ses avocats et en déclarant qu'il se tiendrait à leurs côtés «jusqu'à la fin».

«Make Korea Great Again»

Lorsqu'il a quitté la résidence présidentielle, il portait une casquette rouge «Make Korea Great Again» (Rendre sa grandeur à la Corée), en référence au slogan de l'ère Trump. Yoon Suk Yeol a assisté à la projection d'un film alléguant une manipulation des votes, alors que ses partisans brandissaient des pancartes affirmant que «l'élection du 3 juin sera truquée».

La présidence Yoon a «aggravé les fractures sociétales» en Corée du Sud, a observé auprès de l'AFP Gi-Wook Shin, professeur de sociologie à l'université de Stanford. «Les partisans fidèles à Yoon ont contribué à accroître la méfiance à l'égard des principales institutions», en considérant les «tribunaux comme partisans et les grands médias comme élitistes et complices», a-t-il ajouté.

Des partisans effondrés

Après des querelles intestines, le Parti du pouvoir au peuple (PPP, conservateur), ex-formation de Yoon Suk Yeok, a choisi comme candidat Kim Moon-soo. Les sondages le donnent en deuxième position, largement distancé par l'ancien leader de l'opposition Lee Jae-myung. Même si Yoon Suk Yeol a demandé à ses partisans de voter pour Kim Moon-soo, la base la plus fidèle de l'ex-président semble lui faire défaut.

«
Nous ne l'avons pas oublié. Nous soutiendrons le président Yoon Suk Yeol jusqu'à la fin!
Un partisan de Yoon Suk Yeol
»

Certains partisans du président destitué, comme O Yu-hyun, 26 ans, décrivent les actions de Yoon Suk Yeol en termes presque bibliques, affirmant qu'il a été l'auteur d'"un acte de sacrifice pour ramener le pays à la normale». Un autre fan, Hudson Park, 32 ans, considère Yoon Suk Yeol comme son seul espoir pour l'avenir, alors que «ni le système judiciaire, ni les médias, ni les familles, ni même l'Eglise n'entendent les problèmes ou les souffrances de la jeune génération».

L'émotion était à son comble lors du rassemblement de lundi en faveur du président destitué avec des partisans fondant en larmes. Faisant écho aux déclarations de Yoon Suk Yeol en janvier, l'un d'entre eux à affirmé: «Nous ne l'avons pas oublié. Nous soutiendrons le président Yoon Suk Yeol jusqu'à la fin!»

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