A quoi va ressembler le monde en 2026? Il est évidemment trop tôt pour le dire, après une année 2025 marquée par des crises de grande ampleur, comme celle de Gaza ou, bien sûr, le conflit en Ukraine. Il est en revanche possible de pointer sur une carte les points chauds ou les guerres qui, l’année prochaine, vont s’imposer dans l’agenda international et peser sur l’économie mondiale. En voici cinq, tous susceptibles d’impacter les mois à venir.
2026 sera peut-être l’année où la paix redeviendra possible entre l’Ukraine et la Russie. C’est tout l’enjeu des pourparlers de ces dernières semaines et de la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à Mar-a-Lago ce dimanche 28 décembre. Une chose est toutefois certaine: le volcan ukrainien continuera d’être actif en 2026. Si un accord survient entre Kiev et Moscou, les moyens nécessaires pour surveiller le cessez-le-feu et la probable zone démilitarisée entre les deux armées seront très importants.
L’Union européenne, qui vient d’annoncer un prêt de 90 milliards d’euros pour l’Ukraine, sera en première ligne, et la perspective d’une reprise des combats pèsera très lourd sur les gouvernements concernés. Impossible d’imaginer 2026 sans évoquer l’avenir de ce conflit décisif pour la sécurité du continent européen.
Que veut Donald Trump pour le Venezuela, ce pays détenteur des premières réserves mondiales de pétrole, que le président des États-Unis accuse d’être l’un des principaux couloirs de transit de la drogue vers son pays? A priori, la réponse est simple: le locataire de la Maison Blanche veut obtenir le départ de Nicolas Maduro, qui dirige ce pays depuis 2013, et un changement de régime à Caracas. L’idée circule à Washington d’installer aux commandes du Venezuela María Corina Machado, lauréate du prix Nobel de la paix 2025 (dont Trump rêvait).
Sauf que rien n’est simple et qu’il est peu probable que les opérations des forces spéciales américaines ou un blocus naval puissent suffire à en finir avec Maduro. Son régime, certes gangrené par la corruption, tient le pays depuis quinze ans et bénéficie du soutien de la Russie, de la Chine, ainsi que de la complaisance de plusieurs pays latino-américains, à commencer par le Brésil. Le volcan vénézuélien pourrait entrer en éruption en 2026.
La guerre civile qui déchire le Soudan, livrant les populations aux groupes armés, est un conflit par procuration dont l’ampleur ne doit pas être négligée. Parmi les enjeux? La sécurité maritime sur les côtes de la mer Rouge, convoitées par deux pays: les Emirats arabes unis, présents dans le monde entier comme opérateur portuaire depuis le rachat de P&O Ports en 2006, et l’Égypte du maréchal Sissi.
Les Emirats soutiennent les Forces de soutien rapide du général Hemeti; Le Caire soutient l’armée soudanaise. Or toute cette région fait l’objet de convoitises et d’un «grand jeu» stratégique, comme vient de le montrer la reconnaissance par Israël du Somaliland, cet Etat situé au sud de Djibouti, face au Yémen, devenu de facto indépendant il y a 35 ans. 2026, année de la paix en Afrique après l’accord de paix Rwanda–RD Congo signé sous l’égide de Trump à Washington le 4 décembre? C’est au Soudan que cela se jouera.
Attention, conflit limité! Jusqu’ici, la guerre entre la Thaïlande et le Cambodge, heureusement interrompue par un nouveau cessez-le-feu signé le 27 décembre, n’a rien à voir avec le conflit en Ukraine ou au Soudan. Rien! Il s’agit d’hostilités frontalières qui, pour l’heure, n’ont fait qu’une centaine de morts et surtout entraîné des déplacements de populations civiles dans les régions touchées.
Mais gare: derrière ce conflit localisé se cachent des tendances lourdes qui pourraient transformer 2026 en année de tous les dangers. On peut en citer trois: la résurgence des nationalismes en Asie du Sud-Est, l’un des poumons économiques de la planète; l’émergence de nouvelles menaces comme les centres d’arnaques pilotés par la mafia chinoise; et l’augmentation des tensions maritimes dans la région entre la marine chinoise et les marines vietnamienne, philippine ou indonésienne. Une explosion dans cette zone, en 2026, aurait des répercussions mondiales immédiates.
Kim Jong-un a terminé l’année 2025 en diffusant des images de ce que Pyongyang présente comme le futur sous-marin nord-coréen à propulsion nucléaire. Un pas de plus dans l’escalade de la peur que le dictateur – rencontré plusieurs fois par Donald Trump durant son premier mandat – fait régner dans la région. La Corée du Nord, pour rappel, est l’un des plus solides soutiens de la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, mais elle bénéficie aussi de la clémence de la Chine voisine.
Celle-ci a objectivement intérêt aux tensions géopolitiques en Asie du Nord-Est, afin de détourner l’attention de la Corée du Sud et du Japon – protégés militairement par les Etats-Unis – de ce qui se passe dans le détroit de Taïwan, cette île que Xi Jinping veut rattacher à la République populaire bien avant son centième anniversaire, en 2049. Trump, le «pacificateur», s’est d’ailleurs montré sous un autre visage dans ce détroit essentiel pour le commerce mondial: il a finalement approuvé, le 18 décembre, la vente de onze milliards de dollars d’armes américaines à Taïwan. Résultat? Des manœuvres militaires chinoises ont lieu en cette fin d'année.
Et nous n’avons pas parlé: Des possibles convulsions nucléaires en Iran, de l’agonie qui se poursuit à Gaza après l’arrêt de l’essentiel des combats, des tensions communautaires en Syrie qui pourrait sombrer dans la guerre civile, et de ce qui pourrait advenir au Groenland si Donald Trump y tentait un coup de force. La nomination d'un envoyé spécial américain pour le territoire, en décembre, est annonciateur de pressions toujours plus fortes de Washington.