Il est furieux
Nobel de la paix: les 5 raisons qui rendent Trump carrément fou

En décidant de récompenser l'opposante venézuelienne María Corina Machado, le comité Nobel norvégien n'a pas seulement refusé de le décerner à Donald Trump. Il a aussi provoqué le président des Etats-Unis.
Publié: 18:20 heures
Partager
Écouter
1/5
Donald Trump le réclame à cor et à cri: il estime mériter le prix Nobel de la paix.
Photo: IMAGO/NurPhoto
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Donald Trump ne réussira pas à égaler Barack Obama. En octobre 2009, soit 10 mois après sa première élection à la Maison Blanche, l’ancien président des Etats-Unis avait obtenu un prix Nobel de la paix qui en avait désarçonné plus d’un. Quelle était alors sa contribution à la paix mondiale? Presque nulle, sauf un volontarisme en matière de désarmement nucléaire. Trump, lui, répète qu’il a mis fin à au moins huit guerres. Or le comité Nobel norvégien a décidé de récompenser, ce 10 octobre 2025, l’opposante vénézuélienne María Corina Machado. De quoi le rendre fou…

Un Nobel américain

On connaît l’attachement du président des Etats-Unis aux symboles. L’une de ses premières décisions, après son investiture le 20 janvier 2025, a été de rebaptiser le Golfe du Mexique pour le nommer Golfe de l’Amérique. Message clair: pour Trump, tout ce qui se passe sur le continent américain concerne son pays. Or le Venezuela, grande puissance pétrolière d’Amérique centrale, est pour lui le pré carré des Etats-Unis. Apprendre que l’opposant en cheffe María Corina Machado a reçu le prix Nobel de la paix a dû l’énerver au plus haut point. Les jurés norvégiens ne lui ont même pas demandé son avis. Quelle impudence!

Un Nobel très politique

La première réaction de la Maison Blanche a été de qualifier ce prix Nobel de «politique». C’est juste. Au même titre que d’autres dissidents ou opposants célèbres comme le polonais Lech Walesa (1983), le Dalaï-Lama (1989) ou la birmane Aung San Suu Kyi (1991), la récompense accordée à María Corina Machado, fédératrice des oppositions au gouvernement de Nicolás Maduro, est un encouragement à poursuivre la lutte. Or pour Donald Trump, la paix c’est l’arrêt des hostilités. La nature des gouvernements, autoritaires ou pas, lui importe peu ou pas du tout.

Un Nobel qui le dérange

Les gangs vénézuéliens installés aux Etats-Unis sont l’une des cibles récurrentes de l’administration Trump, dans sa lutte implacable contre les immigrants illégaux. Le président américain a justifié à plusieurs reprises les déportations d’illégaux par leur appartenance au gang «Tren de Aragua». Or pour renvoyer ces criminels présumés (avant toute investigation judiciaire sérieuse), Trump a besoin de la coopération de l’actuel gouvernement de Caracas. Le 15 mars 2025, la Maison Blanche a d’ailleurs fièrement annoncé un «deal» qui a permis de renvoyer dans leur pays d’origine 238 immigrants vénézuéliens. Or sur ce sujet des rapatriements forcés, l’opposante María Corina Machado est très critique. Voilà Trump confronté à la lauréate du prix qu’il espérait bien remporter.

Un Nobel pétrolier

María Corina Machado n’est pas seulement l’opposante en cheffe au président vénézuélien Maduro. Elle est aujourd’hui celle qui pourrait parvenir au pouvoir si le régime de celui-ci devait tomber. Est-ce imminent? A priori non puisque l’homme fort du régime vénézuélien, successeur d’Hugo Chavez en 2013, a encore remporté les élections (évidemment truquées) en mai dernier. Mais attention: une crise est toujours possible dans ce pays qui détient de gigantesques réserves de pétrole dans le bassin de l’Orénoque. On estime que Caracas contrôle environ 20% des réserves mondiales, dans un pays qui n’a pas de capacité de raffinage. Les Etats-Unis ont importé pour plus de six milliards de dollars de pétrole vénézuélien en 2024.

Un Nobel revanchard

Trump en est sans doute persuadé: les cinq jurés membres du comité Nobel, désignés par le Parlement norvégien, ont pris leur revanche en lui refusant le prix Nobel de la paix le jour même où l’accord a été officialisé entre le Hamas et Israël à propos de Gaza et de la libération des 48 otages israéliens encore détenus par le mouvement islamiste palestinien. Le fait que l’examen des candidatures ait été bouclé voici plusieurs semaines lui importe peu. Pour Trump, les Européens refusent de voir la réalité en face: à savoir qu’il est le meilleur «faiseur de paix» au monde. A ce jour, seuls deux dirigeants européens ont publiquement soutenu sa candidature au Nobel de la paix: le premier ministre hongrois Viktor Orbán et le nouveau président de la Pologne, Karol Nawrocki.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus