Étude sur la santé
La jeune génération est-elle vraiment plus malade?

Solitude, insomnie et troubles psychiques: à lire les mots-clés de l’étude sur la santé menée par la CSS, on ne peut que s’inquiéter pour les jeunes. Un expert décrypte.
Publié: 00:01 heures
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Dernière mise à jour: 00:20 heures
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Photo: Getty Images
Article rémunéré, présenté par CSS.

La nouvelle étude sur la santé CSS le révèle: les jeunes adultes en Suisse ne vont pas bien. Dans presque tous les domaines étudiés, les 18-35 ans – donc les générations Y et Z – se montrent les plus pessimistes. Autrement dit, leur tranche d’âge est nettement plus affectée que les autres. Pourquoi de tels résultats? L’expert Daniel Frey nous en dit plus.

Les jeunes plus souvent malades que les autres

À la question «Combien de jours avez-vous été malade au cours des 12 derniers mois?», les 18-35 ans indiquent en moyenne 6,2 jours. Chez les générations plus âgées, ce chiffre ne dépasse pas 4,3 jours.

L’insatisfaction face au poids corporel

34% des jeunes adultes se sentent plutôt mal ou très mal à l’aise avec leur poids actuel – un taux équivalent à celui de la tranche d’âge suivante, mais avec davantage de réponses témoignant d’une insatisfaction particulièrement forte. Ces personnes souffrent de leur image corporelle.

Ce phénomène n’est pas nouveau, selon Daniel Frey, pédiatre pour enfants et adolescents et expert chez Santé publique Suisse, «mais avec l’omniprésence des réseaux sociaux, il s’est encore accentué».

Selon lui, la jeunesse est très réceptive à tout ce qui à trait à l’apparence physique, surtout dans la phase de recherche d’identité. Résultat: même des personnes de poids normal peuvent se percevoir comme trop grosses. «La comparaison constante avec des influenceuses et influenceurs à l’apparence parfaite constitue un énorme risque de troubles psychiques», prévient-t-il.

La course à la santé et à la performance

Avec 78% de «oui» ou de «plutôt oui», les jeunes adultes ressentent une pression nettement plus forte à être toujours en bonne santé et performants. Chez les personnes actives plus âgées, ce chiffre tombe à 54%.

Or, cette pression à la performance commence déjà à l’école: «Les attentes scolaires augmentent, les programmes d’enseignement s’alourdissent, tandis que les incertitudes économiques sur l’avenir s’accumulent. Tout cela génère du stress» souligne le spécialiste. Et cela se poursuit durant l’apprentissage, les études et les premières années de vie professionnelle. «La charge de travail et la pression grimpent encore, sans oublier la joignabilité quasi ininterrompue par e-mail et messagerie qui cause un stress supplémentaire.» Une pression que les plus jeunes gèreraient moins bien que les plus expérimentés. 

Étude sur la santé CSS

Depuis 2020, la CSS mène chaque année une étude représentative sur la santé de la population suisse. Pour cette sixième édition, l’institut de recherche Sotomo a interrogé 2807 personnes en Suisse alémanique, romande et italienne. La question centrale était la suivante: comment la Suisse vit-elle avec la santé et la maladie? L’étude sur la santé CSS apporte des réponses.

Depuis 2020, la CSS mène chaque année une étude représentative sur la santé de la population suisse. Pour cette sixième édition, l’institut de recherche Sotomo a interrogé 2807 personnes en Suisse alémanique, romande et italienne. La question centrale était la suivante: comment la Suisse vit-elle avec la santé et la maladie? L’étude sur la santé CSS apporte des réponses.

Des problèmes de sommeil fréquents

Le quotidien des jeunes adultes est aussi souvent assombri par un sommeil de mauvaise qualité. Ainsi, près de la moitié (49%) indiquent dormir globalement trop peu et se sentir fatigués (49%). Chez les actives et les actifs plus âgés, ces chiffres sont de 32 et 41%. Les difficultés d’endormissement touchent aussi plus souvent les jeunes adultes (32%) que les autres générations (24%).

Chez les plus jeunes, la mauvaise qualité du sommeil a également un impact supérieur à la moyenne sur les performances pendant la journée. Ainsi, 69% déclarent souffrir de fatigue et d’épuisement en raison d’un mauvais sommeil. Dans l’enquête, ce sont aussi les jeunes adultes qui présentent la valeur la plus élevée de tous les groupes d’âge en termes de difficultés de concentration (47%), de problèmes de motivation pour les activités (41%) et les interactions sociales (39%). Il en va de même pour les sautes d’humeur (32%).

Pour l’expert, ces symptômes sont des conséquences de la pression à la performance mentionnée plus haut et de mauvaises habitudes de sommeil. «Par exemple, le téléphone portable n’a pas sa place dans la chambre à coucher. A l’adolescence, pendant la puberté, le rythme naturel du sommeil se décale: on s’endort et on se lève plus tard. Ce constat, combiné aux horaires scolaires matinaux, entraîne un manque chronique de sommeil chez beaucoup de jeunes.»

Une santé psychique fragile

A la question «Comment allez-vous sur le plan émotionnel et psychique?», 42% des jeunes répondent «moyennement» ou «mal». Chez les 36-65 ans, cette proportion est de 31%. Elle chute même à 19% chez les personnes à la retraite.

Conséquence: 41% des plus jeunes ont eu recours à une aide psychologique au cours des 12 derniers mois. C’est presque le double des 36-65 ans (22%) et plus de quatre fois le taux des plus de 65 ans (9%). 

Cette dernière évolution s’explique probablement par deux facteurs. D’une part, par la charge psychique plus élevée chez les jeunes adultes et, d’autre part, par la baisse de la stigmatisation des problèmes psychiques chez les nouvelles générations. «Les jeunes disent plus librement comment ils se sentent», confirme Daniel Frey. «Les questions de santé mentale sont moins taboues et il y a de plus en plus de personnalités publiques qui abordent ouvertement leurs problèmes psychiques.»

La solitude, un mal plus fréquent chez les jeunes

Un autre aspect notable de la santé psychique des jeunes adultes est la solitude. 30% des 18-35 ans, soit près d’une personne sur trois, répond par «oui» ou «plutôt oui» à la question «Avez-vous ressenti de la solitude ces derniers temps?». Un chiffre bien plus élevé que dans les autres tranches d’âge (21% chez les 36-65 ans et seulement une personne sur huit chez les plus de 65 ans).

L’une des causes est la numérisation du quotidien. Selon l’expert, plus les jeunes passent de temps sur leur smartphone, plus leurs contacts sociaux diminuent. «Si quelqu’un passe 7 à 8 heures par jour sur son smartphone, il est logique que les amitiés réelles s’étiolent. De plus, la communication avec l’IA est beaucoup plus confortable que dans la vie réelle – il y a moins de contradictions et davantage de validation.»

S’il offre de nombreuses possibilités positives, le smartphone, présente aussi un fort potentiel d’addiction. «Jusqu’à 15% des jeunes sont d’ores et déjà touchés», affirme le docteur Frey. Alors que faire? «Renforcer l’éducation aux médias, instaurer des règles pour l’utilisation du smartphone à la maison et à l’école», explique-t-il. «Les jeunes eux-mêmes sont favorables à de telles règles.»

Comment améliorer la santé des jeunes?

Selon Daniel Frey, il existe des solutions issues d’autres domaines. Il s’agit par exemple de promouvoir une bonne hygiène de sommeil, en allant se coucher à une heure aussi régulière que possible, en évitant de regarder la télévision au-delà d’une certaine heure et en rangeant son smartphone loin du lit. «C’est la seule façon d’améliorer la qualité du sommeil et donc le facteur de récupération.»

L’expert souligne qu’il existe en Suisse un grand nombre d’offres de prévention et de promotion de la santé. «Ce qui manque, c’est une stratégie globale et une coordination des différentes mesures ainsi qu’une évaluation de leur impact. Même pour les expertes et experts, il est difficile de s’y retrouver dans cette jungle de programmes, du surcroît, sans collectes de données uniformes pour suivre les évolutions.»

D’une manière générale, le spécialiste rappelle qu’il est important de promouvoir les compétences de santé chez les jeunes. Cela passe aussi par la responsabilisation des parents et des écoles. «Il serait judicieux » de donner plus de place au thème de la santé dans l’enseignement, pour ancrer une réelle prise de conscience.»

Mais des propositions de mesures émanent aussi des jeunes eux-mêmes, selon Daniel Frey: « Le «Conseil du futur U24» a d’ailleurs formulé 30 propositions concrètes pour améliorer les conditions de vie des jeunes. Il s’agit maintenant de porter ces revendications en politique avec les jeunes adultes afin d’obtenir des améliorations à moyen et long terme.»

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Cet article a été réalisé par le Ringier Brand Studio à la demande d'un client. Les contenus ont été préparés de manière rédactionnelle et répondent aux exigences de qualité de Ringier.

Contact: E-mail à Brand Studio

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