Disons-le d’emblée: peu de gens croient à l’innocence totale de Donald Trump. Au vu du nombre astronomique de documents détenus par la justice américaine sur l’affaire Epstein (environ un million, rassemblés par les différentes juridictions impliquées dans les poursuites contre le milliardaire retrouvé mort dans sa cellule le 10 août 2019), l’opinion la plus répandue est que le président des Etats-Unis va finir par se retrouver incriminé dans ce scandale.
Il suffit d’utiliser le moteur de recherche mis à la disposition du public sur Internet pour constater que le nom de Trump revient sans cesse dans cette montagne de fichiers. Mais d’autres éléments, pourtant, laissent penser que Trump pourrait se sortir de cette très mauvaise passe. Pourquoi? Parce qu’il n’y aurait rien de compromettant dans ces dossiers. Le redire est indispensable.
Pas poursuivi
La première chose à répéter en préambule de tout article sur l’affaire Epstein est que Donald Trump n’est pour l’heure pas poursuivi, d’une façon ou d’une autre, par la justice américaine au sujet de ce scandale dans lequel son nom apparaît à maintes reprises. Il faut aussi reconnaître que la divulgation des milliers de documents se fait aujourd’hui sous sa présidence, conformément au «Epstein Files Transparency Act», approuvé par le Congrès (à majorité républicaine) le 19 novembre 2025.
Certes, Trump n’a pas tenu immédiatement sa promesse de campagne d’autoriser le Département de la Justice (DOJ) à tout divulguer. Mais, in fine, cela est advenu. Et ce, aux conditions suivantes: ce texte de loi «oblige le DOJ à publier, dans un format consultable et téléchargeable, tous les dossiers, documents, communications et éléments d’enquête non classifiés en sa possession relatifs à l’enquête et aux poursuites concernant Jeffrey Epstein.
Documents Maxwell
Cela inclut les documents relatifs à Ghislaine Maxwell (principale complice de Epstein, condamnée à vingt ans de prison en juin 2022); les journaux de vols et les registres de déplacements; et les personnes nommées ou mentionnées (y compris des responsables gouvernementaux) en lien avec l’enquête et les poursuites concernant Jeffrey Epstein. » Le DOJ est en revanche «autorisé à retenir certaines informations, telles que les données personnelles des victimes et les documents qui pourraient compromettre une enquête fédérale en cours».
Deuxième élément à décharge pour Donald Trump: Jeffrey Epstein était l’une des personnalités les plus en vue à New York dans les années 1990-2000, lorsque Donald Trump y était l’un des rois de l’immobilier. L’intimité entre les deux hommes est avérée de longue date. Lorsque l’on consulte la liste des personnalités internationales qui fréquentaient Epstein, rien d’étonnant.
Pas si étonnant non plus d’apprendre que le locataire de la Maison Blanche a volé au moins huit fois sur le jet de Jeffrey Epstein, lorsque l’on connaît leur penchant commun pour la Floride, où Trump a sa résidence principale de Mar-a-Lago. En 1990, Epstein a acheté un manoir à deux miles au nord de Mar-a-Lago, que Trump avait acquis cinq ans plus tôt. En 1992, Trump a invité NBC à filmer une fête qu’il organisait pour lui-même et Epstein dans son domaine.
Compromission ou fréquentation
Epstein a aussi assisté au mariage de Donald Trump avec sa seconde épouse, Marla Maples, au Plaza Hotel de New York en 1993. Tout cela témoigne d’une fréquentation assidue, pas nécessairement d’une compromission directe ni du recours, par Donald Trump, aux services sexuels des très jeunes femmes exploitées par Jeffrey Epstein. Dur à croire? Peut-être.
Les plaisanteries salaces de Trump et sa fameuse phrase prononcée en 2005 lors d’un échange avec l’animateur TV Billy Bush montrent ce que le 47e président des Etats-Unis pouvait penser des femmes comme objets sexuels. Mais gare: Trump a toujours été exubérant et il était, à partir de 2004, une personnalité de premier plan des médias avec son show «The Apprentice», qui se termine toujours par la fameuse phrase: «Vous êtes virés».
En résumé: il a toujours eu des jeunes femmes accortes autour de lui. Les a-t-il harcelées, molestées, violées? Une partie de la réponse se trouve dans le procès qu’il a perdu en janvier 2024 à Manhattan, face à l’ex-actrice porno Stormy Daniels. Le milliardaire a été reconnu coupable – la peine a été suspendue après son élection le 5 novembre 2024 – d’avoir acheté le silence de cette dernière avec des pots-de-vin, et non d’avoir abusé d’elle.
L’affaire Carroll
Une autre affaire est en revanche plus problématique. En mai 2023, un jury avait conclu à l’unanimité qu’une prépondérance de preuves soutenait la plainte d’une femme, Elizabeth Jean Carroll, affirmant que Trump l’avait agressée sexuellement lors d’une rencontre au milieu des années 1990 dans un grand magasin de New York. Sa condamnation en première instance était intervenue en janvier 2024 pour «diffamation». Or, le 8 septembre 2025, le président des Etats-Unis a de nouveau été condamné en appel à lui verser 83 millions de dollars…
Les faits, dans l’affaire Epstein, accréditent pour le moment la thèse de la proximité amicale, ce qui signifie, au minimum, que Donald Trump a fermé les yeux sur l’âge des jeunes filles qui entouraient son «ami» Jeffrey. Le nom de Trump figure dans le «carnet noir» partiellement expurgé d’Epstein.
Son nom est également apparu dans plusieurs documents judiciaires liés à Epstein, publiés en 2024. Mais attention là aussi: Trump n’a été accusé d’aucun crime dans ces documents. Il en reste maintenant plusieurs dizaines de milliers à éplucher, souvent barrés par le DOJ. Dissiperont-ils tous les doutes? A ce stade, cela semble bien peu probable.