L'entreprise allemande Siemens Mobility a remporté une commande à plusieurs milliards des CFF pour 116 nouveaux trains à deux étages, devançant Stadler Rail, basé dans le canton de Thurgovie. La société de Peter Spuhler repart les mains vides, malgré une offre seulement 0,6 % plus élevée que celle de son concurrent.
Une question reste sans réponse: pourquoi le choix s'est-il finalement porté sur Siemens? Selon les CFF, les Allemands ont obtenu de meilleurs résultats non seulement en termes de prix, mais aussi de durabilité et de maintenance. L'ex-régie fédérale n'a pas donné plus de détails. De quoi faire bondir Peter Spuhler, qui juge cette évaluation parfaitement injuste.
La pression monte également du côté du Palais fédéral. Plusieurs politiciens exigent en effet un examen par la Commission de gestion.
Confrontation ce jeudi
Qu’en est-il des CFF? L'entreprise compte-t-elle faire preuve de transparence en publiant son évaluation? Le public pourra-t-il bientôt connaître les résultats détaillés ainsi que la pondération des différents critères?
Blick le sait de sources sûres: les deux parties au litige se rencontreront ce jeudi. Stadler Rail souhaite comprendre pourquoi son score est nettement inférieur à celui de son concurrent allemand. Jusqu'à présent, l'entreprise de Peter Spuhler n’a reçu qu'une décision de trois pages présentant les scores, mais sans aucune explication.
Sans entrer dans le détail de la rencontre, un porte-parole des CFF explique que «tous les participants seront informés de manière transparente, comme c'est habituellement le cas lors des appels d'offres, sur la manière dont les résultats de l'évaluation ont été obtenus». Selon les informations de Blick, les deux parties agissent de manière tactique. Stadler Rail envoie une délégation de haut niveau – dont Peter Spuhler ne fait étonnamment pas partie lui-même – et les CFF les responsables de ce projet.
Les CFF semblent toutefois sûrs de leur coup: une centaine de spécialistes auraient «évalué les critères de manière objective et indépendante». Au terme de la rencontre, les scores seront «expliqués de manière transparente».
Tout le monde a validé les conditions
Le porte-parole des CFF souligne: «Il ne s'agissait pas d'une course au coude à coude entre les différentes offres, la décision a été clairement prise en faveur de Siemens Mobility».
Que les Chemins de fer fédéraux soient désormais la cible de critiques massives? « Nous comprenons parfaitement que l'attribution ait suscité des interrogations auprès du public et provoqué des réactions émotionnelles », répondent-ils. Les CFF ne se prononcent cependant pas directement sur Stadler Rail et utilisent systématiquement le terme de «fournisseurs».
«La transparence est très importante pour les CFF, soutient le porte-parole. Mais en tant que service d'adjudication, nous sommes liés par les lois sur les marchés publics et devons respecter la confidentialité - notamment en raison des entreprises cotées en bourse.»
De plus, selon les CFF, les évaluations se sont basées sur les critères publiés au préalable et sur un système d'évaluation connu de tous les participants. «En d'autres termes, tout le monde a accepté ces conditions et ces critères lors des échanges», précise le porte-parole.
Un futur duel devant les tribunaux?
Reste à savoir si Stadler Rail capitulera après les discussions avec les CFF. Peter Spuhler a toutefois déjà annoncé, et de manière offensive, qu'il envisageait un recours.
Pour les experts du secteur, il est clair que Stadler Rail ne peut plus faire marche arrière. «Celui qui s'est publiquement avancé aussi loin doit maintenant aller jusqu'au bout», souligne un initié.
Mais le temps presse. Stadler Rail dispose de 20 jours pour déposer un recours auprès du Tribunal administratif fédéral et exposer les raisons pour lesquelles elle considère l'adjudication à Siemens comme illégale. Une confrontation devant le tribunal serait explosive: pour la première fois, Stadler se dresserait ouvertement contre son principal client, mettant en jeu la confiance entre le constructeur de trains et les CFF.