Peter Spuhler, le PDG de Stadler Rail, n'a pas encore digéré la décision des CFF de vendredi. Rien d'étonnant: la commande de 116 nouvelles rames à deux étages à hauteur de 2 milliards représentait un immense enjeu, tant en termes de prestige que d’argent.
Le fait que les CFF aient attribué le contrat à Siemens et non à Stadler ne plaît pas du tout à son patron. «Le choc est vraiment profond pour l’ensemble des 6000 employés de Stadler, ainsi que pour nos plus de 200 fournisseurs dans toute la Suisse. Nous espérions tous pouvoir conserver ce grand contrat en Suisse», a-t-il déclaré à la SonntagsZeitung. Il soupçonne que les CFF ont sous-évalué son entreprise sur certains points et se réserve la possibilité de déposer un recours devant le Tribunal administratif de Saint-Gall.
«Même si certains prétendent le contraire»
Les critiques du patron de Stalder ont apparemment touché les dirigeants des CFF dimanche. L’entreprise fédérale a mis en ligne dans l’après-midi un article de blog intitulé «Que permet le droit des marchés publics? Que ne permet-il pas?», dans lequel ils posent la question suivante: «Pourquoi les CFF n’ont-ils pas accordé une importance plus élevée à la suissitude?»
Une occasion idéale pour répondre directement aux critiques de Peter Spuhler. Les CFF affirment être conscients de «la grande importance de l’industrie suisse» et précisent qu’ils attribuent «une nette majorité» de leurs mandats en Suisse. Mais les CFF se réfèrent au droit des marchés publics: «Il n’est pas permis de favoriser les entreprises nationales ni de créer des avantages concurrentiels pour elles – même si certains prétendent maintenant le contraire.» Une allusion claire à Peter Spuhler. Et les CFF ajoutent, sans doute pour que les choses soient bien claires: «La suissitude n’est ni prévue ni autorisée par la loi sur les marchés publics.»
«Siemens a marqué le plus de points»
Le fait est que les CFF, en tant qu'entreprise fédérale, devaient attribuer le deal à l'offre la plus avantageuse. Et c'est celle de Siemens qui «a clairement obtenu le plus de points en fonction des critères sur lesquels tout le monde s’était mis d’accord», ajoutent les CFF.
Les critères retenus étaient les coûts d’investissement, les frais d’exploitation, le respect du cahier des charges ainsi que la qualité et les contrats de service, précise-t-on encore. Il est toutefois bien possible que les juges saint-gallois doivent réexaminer ces points.